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Réseaux de carrosserie - En conduite accompagnée

Publié le 20 novembre 2014
Par Romain Baly
4 min de lecture
Marqués par plusieurs exercices difficiles, les professionnels de la carrosserie n’hésitent plus à faire appel à leur réseau pour obtenir de l’aide et un plus grand accompagnement. Une façon d’anticiper les échecs comme les succès.
Marqués par plusieurs exercices difficiles, les professionnels de la carrosserie n’hésitent plus à faire appel à leur réseau pour obtenir de l’aide et un plus grand accompagnement. Une façon d’anticiper les échecs comme les succès.

La déflagration provoquée sur le secteur automobile par la crise de 2008 était bien trop importante pour s’effacer à la première relance. Si la situation du marché depuis six mois s’améliore progressivement – on en veut pour preuve des ventes en hausse de 2,9 % lors du premier semestre –, tous ses principaux acteurs restent en éveil après avoir senti le vent du boulet. Un phénomène particulièrement visible lorsque l’on s’attache au seul domaine de la carrosserie. Après un premier semestre globalement positif pour l’ensemble des réseaux, tous confient devoir gérer l’inquiétude de leurs adhérents. Une situation expliquée par une grande disparité dans les résultats selon les régions et les conditions climatiques, mais aussi par une forme de psychose ayant envahi les esprits. Nombreux ces dernières années, les exemples de cessations d’activité continuent d’exister et nourrissent les craintes de chacun. Aujourd’hui plus qu’hier, il revient au réseau de mettre en place des solutions permettant au carrossier de gérer au mieux son affaire, mais aussi, et c’est peut-être même l’essentiel, de lui permettre de le faire de manière sereine. Président du GIE Five Star, Alain Bessin explique ainsi avoir pris conscience de la chose au vu “du nombre anormal d’entreprises en liquidation. Même si nous sommes convaincus que la démarche doit venir du réparateur et non du réseau, nous nous sommes dit qu’il fallait vraiment réagir en mettant en place des solutions concrètes pour l’aider”. Chez Five Star, le carrossier bénéficie ainsi, en plus d’un pack “gestion et finance”, d’une étude de ses bilans financiers. “Grâce à cela, nous pouvons détecter une entreprise déjà en difficulté ou simplement fragilisée, à qui nous proposons un accompagnement sur mesure”, étaye Alain Bessin. De manière plus concrète, il s’agit alors pour le réseau d’établir avec le chef d’entreprise une stratégie mêlant outils (tableaux de bord, plans à date), analyses et conseils, avec comme impératif un suivi sur un laps de temps donné.

Le rôle clé de l’animateur

Un processus lourd car particulièrement chronophage qu’acceptent de mettre en place les réseaux. En marge de la bonne santé financière et morale de leurs adhérents, ceux-ci savent également qu’un carrossier en difficulté ternit, malgré lui, l’image de son réseau. La politique de recrutement prônant la qualité plus que la quantité en est le meilleur reflet. Et comme il prévaut de prévenir plutôt que de guérir, en filigrane de cette relation nouvelle entre les uns et les autres se dresse un acteur clé : l’animateur réseau. Un interlocuteur privilégié, régulier, avec qui le carrossier a pu nouer au fil du temps une relation de confiance, renforcée par les difficultés rencontrées. Alain Chagué, animateur du réseau Autoneo, estime ainsi “ne pas avoir besoin de cellule dédiée au conseil car ce travail revient aux animateurs. Ce sont eux qui connaissent le mieux les réparateurs, qui les voient le plus souvent et qui sont les plus à même de les aiguiller en cas de problème”. De manière plus structurée, le réseau Axial suit la même logique, conscient que le métier de carrossier est avant tout un métier de terrain. Directeur général d’Edra, maison mère du réseau, Olivier Lachaize explique “réaliser un suivi financier de chacun des adhérents. En cas de problème, nous émettons des alertes et, grâce à une équipe de dix responsables régionaux, nous sommes en mesure d’aller à leur rencontre et de corriger ce qui ne va pas”. Au-delà de cet accompagnement, le réseau doit aussi servir de locomotive à l’activité de l’entreprise. Responsable du réseau Acoat Selected, Bruno Pourret avoue d’ailleurs à ce sujet que “les adhérents attendent souvent trop de leur réseau”, constat qui a logiquement pris de l’épaisseur dans un contexte économique tendu. Nonobstant cette erreur de jugement, tous les principaux acteurs du marché se sont évertués à renforcer leur rôle d’apporteur d’affaires, ce qui constitue historiquement leur force.

Parier sur la diversification

Acteur méconnu du marché, Autoneo fédère pourtant aujourd’hui 285 carrossiers quasi uniquement autour de cet argument en l’absence d’offre marketing. Grâce à un travail de fourmi qui a permis de multiplier les nouveaux accords, et donc d’augmenter le flux dans les ateliers, Alain Chagué explique ainsi que le chiffre d’affaires de ses adhérents a progressé de 5 % à 13 % depuis le 1er janvier. Des chiffres flatteurs, qui soulignent également les efforts réalisés par les réseaux et que les professionnels ont trop souvent tendance à oublier. Florence Galisson, directrice de Précisium-Gefa, rappelle ainsi que “la mise en place d’accords, comme nous l’avons fait ces dernières années, demande du temps, de l’énergie et des conditions particulières. En retour, ils provoquent de multiples changements dont les retours ne sont pas immédiats. Chose que ne comprennent pas toujours les adhérents”. Parallèlement à cela, les réseaux tentent aujourd’hui de convaincre et d’aider – puisque l’on en revient toujours là – les carrossiers à s’affranchir de leur savoir-faire initial pour se diversifier. Une évolution rendue nécessaire par la mutation d’un métier confronté à des véhicules de plus en plus sécurisés. “C’est une obligation de faire quelque chose d’autre, martèle Fabien Guimard, responsable du réseau AD Carrosserie. Chez nous, on estime qu’environ 90 % du réseau réalise du vitrage et 80 % de la mécanique en activité secondaire.” Si ces deux activités demeurent les solutions les plus répandues, d’autres activités, moins techniques, ont rejoint les carrosseries depuis quelque temps. Pour compléter leur activité, les adhérents Five Star profitent par exemple d’accords en location (Rent A Car) ou en entretien rapide (Bosch Car Service). Une multiplication de l’offre qui pourrait permettre au secteur de la carrosserie de trouver son nouveau business model et de combattre ses derniers démons.
 

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