Stéphane Antiglio / Autodistribution : "Nos réparateurs ne sont pas des centres-autos"
Vous organisez en septembre prochain un congrès des réseaux. Pourquoi un tel évènement?
C'est à la fois une demande du terrain et une volonté de notre part. Le réseau monte en puissance sur le plan qualitatif, et il doit se reconnaître dans une unité. De plus, nous pouvons être perçus comme distants sur le terrain, c'est pourquoi, nous souhaitons faciliter l'esprit de famille. Nous espérons fédérer environ 70% du réseau, qui inclut donc les garages, les carrossiers et le poids-lourd. Au total, 20 avions seront affrétés pour 2 500 personnes attendues.
Cet évènement sera à la fois festif et professionnel. Nous présenterons au réseau notre plan AD 2018. Nous évoquerons la notoriété de l'enseigne, ou encore tous les outils mis à leur disposition sur le plan du commerce, de la technique et de la gestion d'entreprise. Nous préparerons bien en amont le congrès avec le bureau des carrossiers et des garages afin de passer les bons messages.
Vous évoquez des outils commerce. Qu'en est-il de la vente en ligne?
D'ici l'été, nous proposerons de la vente en ligne de forfaits au travers de sites pilotes. Il n'est pas question pour nous d'imposer à notre réseau un prix national. Ce sujet reste un vrai débat. Mais la vocation du réseau AD consiste à rester indépendant, il devient alors difficile d'imposer. De plus, il existe une véritable disparité d'un centre à l'autre, avec des loyers plus ou moins onéreux ou une concurrence plus ou moins forte.
Le prix doit s'adapter selon la zone de chalandise. Nous penchons donc pour une liberté dans le prix, même si nous donnerons à nos adhérents des indications sur les tarifs moyens pratiqués dans son secteur. N'oublions pas que la proximité reste le premier critère de choix d'un garagiste, et que nos réparateurs ne sont pas des centres-autos.
Quelles sont les conséquences sur votre schéma logistique avec le rachat d'ACR?
Le schéma logistique représente un sujet sensible car c'est un des nerfs de la guerre, particulièrement dans le monde des pièces de rechange où il existe de nombreuses références. Nous continuerons à en parler pendant des années.
A partir de cet été, l'Autodistribution s'appuiera sur trois plates-formes nationales, avec Logistéo pour la pièce automobile mécanique, Cora pour l'univers de la carrosserie (pièces de carrosserie, optiques et feux, et radiateurs), et Brembstar pour le PL qui quadruple sa surface. A côté de ces entités, nous comptons sur AD Montajault et AD Niort comme plates-formes techniques. Nous livrons donc nos distributeurs en J+1, et depuis environ 1 an, ils peuvent même recevoir lors commandes avant 8h grâce à l'usage de sas de nuit. Après, nous étudions avec les fournisseurs le mode de livraison le plus pertinent, à savoir une livraison des sites en direct ou en passant par Logistéo, pour une efficacité de la supply chain.
Avec l'arrivée d'ACR, nous allons travailler sur les meilleures complémentarités possibles, en détaillant la mise en œuvre des flux. Chaque changement se révèle très complexe. Nous avons récemment modifié l'outil informatique de Logistéo, et nous allons devoir à nouveau perturber le site avec l'arrivée d'ACR. Notre site vend pour 140 millions d'euros de marchandises, représentant 4 millions de commandes dans l'année. Tout changement se révèle lourd et demande du temps.
Comment analysez-vous la concurrence, en France mais aussi en Europe ?
Nous regardons la concurrence avec sérénité. En France, l'Autodistribution reste la première enseigne de la pièce automobile. Un groupement de groupements, avec un empilage de structures, se révèle complexe. On imagine facilement en amont les synergies, notamment au niveau des achats, mais en aval, cela représente 650 distributeurs en situation de concurrence territoriale.
Au niveau européen, nous nous appuyons sur AD International (ADI), avec lequel nous disposons d'un partenariat de longue date, et qui a su recruter les bons adhérents pour rester dynamique. Nous sommes très unis et nous capitalisons tous sous la même enseigne, AD, et un même réseau de garages. C'est un véritable atout.
Nous suivons donc le développement de Nexus, et concernant LKQ, ce sont des gens que nous aurons en concurrence frontale à un moment donné, puisqu'ils ont des velléités de rachat en France. Mais quand on rachète, surtout très cher, il convient de prêter attention au retour sur investissement. Tout cela nous incite à redoubler d'intensité dans nos plans d'actions, ce qui est stimulant !