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Un fidèle reflet de l’activité carrosserie

Publié le 11 juin 2015
Par Jean-Marc Felten
4 min de lecture
Un marché de la réparation carrosserie en baisse endémique, sur lequel les fabricants de peinture semblent toutefois trouver leur compte. Quels phénomènes justifient leur optimisme ?
Un marché de la réparation carrosserie en baisse endémique, sur lequel les fabricants de peinture semblent toutefois trouver leur compte. Quels phénomènes justifient leur optimisme ?

Le marché de la peinture reflète la santé de la réparation carrosserie, qui accuse un recul régulier de 2 à 6 % chaque année. Sur les quinze derniers exercices, ce sont les réseaux constructeurs qui sont parvenus à tirer les marrons du feu, récupérant leur retard et représentent actuellement plus de 55 % des ventes de produits. Si les fabricants de peintures s’appuient en règle générale sur leur réseau de distribution indépendant, les constructeurs restent donc pour eux une cible qu’ils soignent particulièrement.

2014, un point de départ

Malgré un marché de la réparation carrosserie en baisse, estimée de 2 à 4 %, les fabricants de peinture se disent très satisfaits de l’exercice, à l’image de Bernard Lanne (PPG). “L’année 2014 a été exceptionnelle. Nous avons atteint des records de ventes et de résultats. Nous avons fait un 1er semestre record, qui nous a apporté une belle avance et, bien que la seconde partie de l’année se soit révélée un peu plus compliquée, le gain de nouveaux distributeurs au début 2014, nous a fait gagner de nouveaux carrossiers. Nous déduisons qu’il n’y a pas d’effet mécanique du marché, malgré la décroissance de volume. C’est le plus agressif en commerce, celui qui propose une stratégie claire, qui prend des points et de l’avance.” Défenseur de l’alternative, Lechler clame une progression à deux chiffres ! “Le marché est entre moins 0,5 et moins 1 %, selon les critères pris en compte. C’est rassurant, comparé à 2013, où la baisse était très marquée. Pour notre part, la performance de Lechler est supérieure au marché et la marque a une progression à 2 chiffres sur 2014. Ce n’est pas une surprise, dans la mesure où nous avons mis les moyens pour parvenir à ce résultat, mais dans le contexte actuel, cela peut paraître étonnant.”

Répondre aux réparateurs en 2015

Où sont les marges de progression ? Les fabricants répondent avec des produits plus performants et des outils plus précis. Jean-Claude Bartnicki, d’Axalta, accorde une grande place à la colorimétrie. “Notre métier est la couleur, soutient-il. Nous avons des mises à jour régulières des teintiers et encourageons l’utilisation du spectrophotomètre. Nous en lançons un nouveau, qui marque un progrès important. Le précédent résolvait 95 % des recherches de teintes. Le nouveau mène à 98 %, y compris pour les bases métallisées. Nous pouvons aussi gérer l’utilisation des produits à distance, au travers des balances connectées, de sorte que le carrossier n’ait pas à se préoccuper de la gestion des stocks.” Quant à Lechler, Emmanuel Delorme pense produit, pour augmenter ses gains de parts de marché. “Depuis deux à trois ans, notre offre est avant tout qualitative, et au meilleur prix. Je crois que les carrossiers regardent désormais tous les postes de dépense, tout en valorisant la qualité et les performances. Ce qui place Lechler en bonne position. Nous avons fait évoluer notre offre de produits complémentaires, des produits à performances accrues, tel le vernis Macrofan Airtech UHS Clearcoat (qui sèche à l’air), ainsi que le nouveau MC405 Macrofan Power UHS Clearcoat, qui sèche en cinq minutes à 60 °C. L’objectif est la baisse des coûts énergétiques et des temps de passage en cabine.”

Assurances et flottes en embuscade

La bête noire des carrossiers, le donneur d’ordre, reste un passage obligé pour les fabricants de produits, et tous prennent des précautions. Pour Jean-Claude Bartnicki, “nous avons signé un accord avec Covea et nous devons conclure un accord avec CapsAuto. Nous souhaitons travailler en bonne intelligence avec tous les apporteurs d’affaires. Avec de nouvelles technologies hydrodiluables ou les vernis, ils ne sont pas rebutés par le surcoût engendré, s’ils en tirent un profit en termes de productivité. Les carrossiers aussi valorisent l’innovation technologique, si elle va dans le sens économique”. Philippe Huet, chez Glasurit tire les mêmes conclusions, à une nuance près : “D’une façon globale, nous sommes des partenaires. Nous essayons de développer les relations, en apportant des solutions. Quant aux accords, l’organisation centrale des réseaux est là pour les établir avec les apporteurs d’affaires. Notre vocation n’est pas de conclure nous-mêmes des partenariats.” Tout comme Lechler. “Nous n’avons pas de liaisons établies avec les assureurs et les flottes, car nous ne souhaitons pas prendre d’engagements contraires aux intérêts de nos utilisateurs. Pareillement, nous n’avons pas d’accords avec les réseaux. Les carrossiers doivent maîtriser leurs produits”, selon Emmanuel Delorme.

La volonté de tous consiste à toucher l’utilisateur final. “On peut imaginer avoir demain des accords avec des réseaux de carrossiers indépendants, sans lien avec les assureurs, revendique Benoît Tanguy. Sherwin Williams peut même être la marque d’un réseau. C’est déjà possible avec le réseau Autoneo, mais pourquoi ne pas aller plus loin.”

Des homologations constructeurs

Etonnamment, la reconnaissance des constructeurs pèse dans les perspectives des fabricants. Jean-Christophe Servant (Valspar) plante le décor : “Notre première démarche est d’obtenir des homologations techniques avec les constructeurs automobiles. C’est déjà fait pour GM, Ford, Mazda en Europe, ainsi que pour Kia. Elles rassurent l’utilisateur sur la qualité de nos produits, à hauteur de ceux des marques Premium. Mais attention, nous sommes vigilants quant aux accords que nous tissons, car nous ne voulons pas que le carrossier perde l’avantage financier qu’il a à utiliser nos marques, même si le constructeur veut prendre sa marge.

En revanche, pour l’image auprès des plates-formes de gestion et les compagnies d’assurance, nous bénéficions de l’homologation technique du Cesvi, qui constitue une bonne vitrine, compte tenu du nombre de carrossiers qui passent en formation là-bas.”

Même volonté chez PPG. Bernard Lanne indique : “Nous allons nous renforcer sur l’après-vente constructeur. Il y a une vraie opportunité, car nous y sommes moins présents que la moyenne nationale. Nous devons y être beaucoup plus agressifs. Depuis le 1er janvier, nous avons notamment ajouté aux homologations celle de Kia et Hyundai.”
 

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