Décalaminage : entre concurrence et complémentarité
Alors que la mobilisation en faveur de l'environnement est plus forte que jamais, le sujet de la pollution suscite de plus en plus d'intérêt dans les ateliers. Suffisant pour expliquer la bonne forme du marché de la dépollution moteur ? "En 2022, 6,86 % des véhicules passés au contrôle technique ont eu un problème pollution entraînant une contre-visite. D'où l'intérêt de proposer la prestation, avance Samuel Tudoce, expert technique chez Bardahl. Une mauvaise combustion encrasse le moteur, et cela se répercutera sur d'autres pièces qu'il faudra remplacer si un traitement n'est pas réalisé rapidement."
L'aspect économique n'est donc pas à négliger. Pour l'automobiliste, mieux vaut un décalaminage préventif entre 70 et 100 € qu'un changement de filtre à particules pouvant être 10 à 15 fois plus onéreux. Pour le garagiste, la prestation revêt aussi un intérêt non négligeable.
"Il est difficile de trouver une prestation plus rentable que le décalaminage à hydrogène, affirme Jérôme Loubert, directeur du développement Europe de FlexFuel Energy Development. Pour une prestation, la machine a besoin d'environ 0,15 € d'eau déminéralisée et autant d'électricité. Elle n'a pas besoin de main-d'œuvre, travaillant en temps masqué." Pour la dépollution chimique, le coût est plus élevé du fait des consommables.
Deux technologies
Hydrogène ou chimique, deux écoles qu'il ne faut pas forcément opposer. "Sur nos 3 000 clients, la moitié ont les deux machines", informe Jérôme Loubert. FFED propose exclusivement des stations de décalaminage à hydrogène depuis 2014, et en a vendu plus de 3 000. De son côté, Bardahl a débuté en 2011 (5 400 ventes depuis) avec une machine pour nettoyer les circuits d'injection. Au cours de la décennie précédente, les différentes offres traitaient soit l'injection, soit le filtre à particules, soit l'admission.
Depuis 2016, les machines nettoient l'ensemble. "Ce qui a simplifié la vie des réparateurs, se souvient Samuel Tudoce. Ces machines sont aujourd'hui les plus complètes du marché, simples d'utilisation et rapides." Les deux technologies ont donc grandi de façon parallèle.
"Les systèmes sont différents mais complémentaires, résume Samuel Tudoce. L'hydrogène joue sur la chambre de combustion : il est injecté dans le circuit d'admission et va améliorer la combustion, la régulation de température. La dépollution chimique traite le moteur circuit par circuit, et notamment le circuit d'injection et d'admission, ce que l'hydrogène ne peut pas faire. S'il y a de l'eau dans la pompe d'injection, un disperseur d'eau l'élimine sans endommager les injecteurs."
Une prestation d'avenir
Pour accompagner l'essor de ce marché, les fabricants s'appuient également sur leur offre de services. Bardahl dispose ainsi d'un technicien par secteur pour accompagner ses clients sur l'entretien, l'assistance ou les mises à jour de leur station. Tout est inclus dans le prix d'achat originel. De son côté, FFED a prévu une grande nouveauté pour 2023 : "un service de garantie complémentaire qui ne peut être permis que par la machine", annonce Jérôme Loubert.
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Concrètement, pour 39 € TTC, l'ensemble des éléments traités lors de la prestation (vanne EGR, FAP, turbo…) seront garantis pendant un an. Un moyen certain de se démarquer de la concurrence sur un marché dopé par le vieillissement du parc. Et son électrification future n'inquiète pas les acteurs de la dépollution. "Elle impactera la rechange indépendante dans plus de vingt ans. Surtout, il y aura aussi des e-carburants, de l'hydrogène…", précise Jérôme Loubert. Alors que les biocarburants encrassent plus les moteurs que le diesel, ce pourrait être une aubaine pour les fabricants.