Deux marques de spectros pour tous les réunir

Le premier appareil de mesure de couleur accompagné d'un logiciel pour les peintres de carrosserie a été lancé par Axalta en 1994. À l'époque, les spectrophotomètres avaient été suffisamment miniaturisés pour être employés dans l'atelier. Depuis, l'outil s'est sensiblement sophistiqué pour accompagner la modernisation de la réparation-collision. La multiplication des couleurs, de leurs variantes et des effets est devenue un véritable casse-tête pour les peintres, et le passage au digital devient incontournable. Une transformation qui signifie un remplacement de l'outil couleur et de ses milliers de lèches par un spectrophotomètre performant.
Deux fabricants se partagent ce marché, en lien avec les fabricants de peinture. Ainsi, les outils de l'allemand Byk sont employés par AkzoNobel, Axalta, Lechler et Sherwin-Williams. Tandis que les modèles de l'américain X-Rite sont utilisés par BASF, PPG et Sinnek. Ces spectrophotomètres emploient une technologie à réflectance. Leurs mesures reposent sur l'illumination d'un échantillon avec de la lumière blanche – les LED offrant davantage de précision. Ils analysent la quantité de lumière réfléchie par la surface. Celle-ci passe à travers un monochromateur qui la divise en différents intervalles de longueurs d'onde. La teinte est identifiée avec une précision bien supérieure à celle de l'œil nu – très influencé par l'environnement lumineux, etc.
Modèles spécifiquement adaptés aux marques
"Il existe très peu de fabricants de spectrophotomètres de précision tels que nous en avons besoin en peinture-réparation. En effet, il est essentiel que ceux-ci soient multi-angles, pour caractériser les coloris à effet, explique Thierry Leclerc. Le responsable technique de BASF précise que “chaque marque propose plusieurs modèles plus ou moins sophistiqués, avec ou sans caméra couleur, avec plus ou moins d'angles de mesure, et un ou plusieurs illuminants".
La précision de ces outils est impérative pour reproduire (ou approcher) les teintes de plus en plus compliquées choisies par les constructeurs automobiles… Sans oublier que ces couleurs peuvent varier lors de la production d'usine ou changer avec le temps. C'est pourquoi quasiment tous les fabricants de peinture abandonnent peu à peu les lèches traditionnelles au profit de systèmes reposant sur le spectrophotomètre.
“Les chutes de spectros représentent 40 % des dysfonctionnements” Pieric Perret, responsable des ventes de Byk
Celui-ci doit être aussi maniable, robuste et simple à utiliser que possible. Il relie la robe du véhicule, la banque de données couleurs du fabricant et son logiciel de reproduction de teinte. Aussi, "les modèles utilisés par les fabricants de peinture sont soit standard issus du catalogue, soit adaptés spécifiquement, comme pour les marques de BASF", précise Thierry Leclerc. L'amélioration de leur précision passe par la multiplication des angles de détection, trois à cinq et davantage. "Nous disposons de deux spectros : un d'entrée de gamme et un premium. Ce dernier, en plus de prendre les valeurs de couleur, mesure la taille des particules métallisées ou nacrées pour les déterminer, afin de retrouver la formule de teinte correspondante", souligne Romain Autret, responsable technique d'Axalta.
Mais pour conserver leur niveau de performances et de fiabilité, ces outils exigent un SAV sérieux. "Les réparateurs ont besoin d'assistance. Les chutes de spectros représentent 40 % des dysfonctionnements, et l'encrassement des optiques 60 %, observe Pieric Perret, responsable des ventes de Byk-Gardner Instruments. Dans les cas les plus graves, l'outil est renvoyé pour étalonnage sur le robot de l'usine de Geretsried, en Allemagne. " Entretemps, ils peuvent être dépannés. Dans tous les cas, la mise à disposition d'un spectrophotomètre de prêt à l'atelier fait souvent partie des services assurés par les marques ou les distributeurs de peinture. Rappelons que ces outils coûtent plusieurs milliers d'euros.
ENCADRÉ
X-RITE : une caractérisation complète des finitions complexes
SpectroX-Rite MA T12 ©X-Rite
Le spectrophotomètre MA-T6 a notamment été adopté (en version modifiée) par R-M sous le nom de Colortronic 12/6. L'outil mesure 12 angles à l'aide d'imagerie couleur avec une caméra RVB étalonnée. Ce spectrophotomètre offre donc une analyse extrêmement précise des surfaces structurées, à effets et complexes. Il bénéficie d'un étalonnage interne automatique. Ensuite, des goupilles de positionnement garantissent la stabilité de ses mesures. Ces deux dispositifs réduisent ainsi le risque d'imprécisions, tandis que sa caméra permet de vérifier les caractéristiques de couleur, d'iridescence et de grain des finitions. Ce modèle utilisé par les peintres dans les carrosseries est aussi employé dans l'industrie (y compris automobile) pour effectuer le contrôle qualité et analyser rapidement l'origine d'éventuels problèmes chromatiques.
Byk : une mesure des couleurs fiable et rapide
Spectro Byk Tri-color-effect
Byk propose une gamme de spectrophotomètres compacte, baptisée micro-TRI-color, et dont micro-TRI-effect est la version haut de gamme. Elle a été adoptée sous le nom de Color Match Easy Map par Lechler. Ces deux outils identifient les couleurs à partir de cinq angles (15°, 25°, 45°, 75° et 105°). Le plus sophistiqué mesure en plus les éclats sur la surface, pour identifier précisément les effets spéciaux. Tous deux ne pèsent que 500 grammes et bénéficient de protections des optiques. Des indicateurs lumineux informent de la validité et de la fiabilité des mesures. Tandis que son logiciel reste facile à prendre en main, via des icônes simplifiées accessibles sur l'écran tactile. Cerise sur le gâteau, ils s'adaptent aussi bien aux droitiers qu'aux gauchers.