André Brutinel, la retraite d'un personnage incontournable de la rechange
Le 18 juin dernier, AndrĂ© Brutinel a fĂªtĂ© ses 80 ans. Une vie en forme d'Ă©popĂ©e pour un homme qui aura dĂ©diĂ© près de six dĂ©cennies Ă sa passion. En lui dĂ©cernant ce Coup de cÅ“ur, les membres de notre jury ont voulu rendre un vibrant hommage Ă ce "sacrĂ© personnage", "incontournable dans la profession" , "pas facile dans les affaires, mais terriblement attachant".
Ă€ l'Ă©noncĂ© de cette nouvelle, le principal intĂ©ressĂ© s'en Ă©tonne dans un Ă©clat de rire, avant de partager son plaisir. "C'est toujours une certaine satisfaction, explique-t-il. Je pense que la profession voit en moi un vieux briscard, avec du caractère, mais aussi quelqu'un d'honnĂªte, de franc, qui a menĂ© sa barque et a toujours dĂ©fendu les siens."
Le Gapençais est tombé très tôt dans la marmite de la pièce. Enfant, il traîne dans l'entreprise de son père, spécialisé dans les pièces détachées de motos et vélos. À 15 ans, il accompagne le paternel dans ses tournées et prend goût à cet univers. En 1964, au retour d'un service militaire passé en Bretagne, il crée la SFAC avec son frère. Y consacrant 14 à 15 heures quotidiennement, André Brutinel réussit à développer son affaire.
Tous les cinq ans environ, la SFAC rachète ou crĂ©e des succursales. De quoi Ă©tendre le maillage et offrir une reconnaissance rĂ©gionale au distributeur. Au dĂ©but des annĂ©es 80, il se lance un autre dĂ©fi en intĂ©grant l'Agra. FondĂ©e Ă Lyon en 1950, l'Amicale des Grossistes du RhĂ´ne-Alpes fĂ©dère des professionnels locaux autour d'une organisation dĂ©fendant leurs intĂ©rĂªts.
Partir pour mieux revenir
En 1989, sous l'impulsion notamment du dirigeant, l'Agra, qui est entre-temps devenue un GIE, se dote d'une plateforme nationale Ă Villefranche-sur-SaĂ´ne. NommĂ© prĂ©sident en 2000, AndrĂ© Brutinel a alors beaucoup ferraillĂ© pour son entreprise comme pour son groupement. UsĂ© par des soucis personnels, il tire sa rĂ©vĂ©rence. "Je n'avais plus la tĂªte à ça, mon Ă©pouse Ă©tait ma seule prĂ©occupation", Ă©voque-t-il pudiquement.
En 2004, le voyant tourmentĂ© par le chagrin, ses proches lui suggèrent de revenir dans la partie. Ce qui ne devait durer que deux ans se prolongera pendant dix-sept ans ! "J'ai acceptĂ© cette proposition car ça me donnait un but. Et puis j'ai toujours aimĂ© les challenges." DĂ©terminĂ© comme jamais, AndrĂ© Brutinel va faire feu de tout bois pendant cette seconde carrière. La SFAC est consolidĂ©e, Autolia voit le jour (en 2006) et l'Agra se dĂ©veloppe Ă un rythme effrĂ©nĂ©, dĂ©mĂ©nageant notamment en 2009 Ă DĂ©cines puis, trois ans plus tard, Ă Meyzieu.
Le tout sans jamais se dĂ©partir de deux idĂ©es maĂ®tresses. La première est que le mĂ©tier de distributeur ne doit pas craindre d'Ă©voluer. Lui qui a connu l'arrivĂ©e des centres autos et des pure players, le boom du diesel et, plus rĂ©cemment, de l'Ă©lectrique, en appelle au sens de l'adaptation. La seconde est que, finalement, mĂªme si les rapports ont chantĂ©, l'humain reste au centre du jeu. Avec les adhĂ©rents, c'est une certitude.
A lire aussi : Laurent Brutinel reprend la direction générale de l’Agra
Mais mĂªme avec les fournisseurs ? "Bien sĂ»r ! Il y a le business, les Ă©preuves de force des nĂ©gociations, mais derrière tout ça, on se respecte." Les nombreuses marques d'affection reçues fin 2021 lors de son dĂ©part Ă la retraite ont touchĂ© le taiseux AndrĂ© Brutinel, qui se partagera dĂ©sormais entre sa rĂ©gion natale et l'Ă®le de Madagascar. "Je vais profiter d'autres choses tant que la santĂ© va", affirme-t-il dans un dernier sourire.