Chez Michelin, l’électrification profite à tous les pneus
Dans le contexte de la course à la réduction des émissions de CO2, Michelin prend ses responsabilités et le fait savoir. Le manufacturier auvergnat vise en effet la fourniture de pneus "100 % durables et recyclables" pour répondre aux spécificités des véhicules électriques.
Plus lourds, ces modèles développent plus de couple, avec des accélérations et des freinages plus intenses que leurs homologues thermiques. Leurs enveloppes subissent donc des contraintes plus importantes. "Alors qu'il est en moyenne 20 % plus chargé sur un véhicule électrique, un pneu s'use en proportion", explique Serge Lafon, directeur ligne business première monte de Michelin.
Agir "hors des murs de Michelin"
En outre, le fabricant souligne que, sur l'ensemble du cycle de vie d'un pneu, 80 % de son impact environnemental se produit pendant son utilisation. Or un grand d'enveloppes sont aujourd'hui changées alors qu'elles restent encore exploitables. "La moitié des pneus sont mis au rebut avant d'avoir atteint 3 mm de profondeur résiduelle. 400 millions de pneus sont ainsi annuellement démontés alors qu'ils pourraient encore rouler", déplore Serge Lafon.
Pour améliorer la durabilité de ses pneus, le manufacturier agit donc sur toutes les étapes de leur vie – depuis la production des matières premières nécessaires, leur fabrication, leur transport, jusqu'à leur collecte et leur valorisation. Mais c'est naturellement sur leur emploi "hors des murs de Michelin" que le Bibendum porte ses efforts les plus importants.
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Ses services de recherches et développement ont d'abord produit des innovations porteuses de progrès. Les ingénieurs se sont focalisés sur quatre domaines de performance pour améliorer la durabilité des pneus. Ils ont ainsi progressé sur leur longévité, ainsi que sur leur résistance au roulement, leurs capacités de charge et sur la réduction du bruit.
Émissions de particules réduites
Exemple : Michelin a mis au point des pneus conservant leurs performances pendant toute leur vie. À cette fin, le groupe a conçu de nouveaux moules plus complexes dotant ses montes de sculptures évoluant au fur et à mesure de leur état d'usure. Evidemment, cette technologie nécessite de trouver un juste équilibre entre le coût d'investissement et le prix de vente des produits...
Des efforts semblables ont été réalisés en matière de résistance au roulement et d'émissions de particules. La marque estime ainsi avoir réduit de 5 % ses émissions de particules dans le monde, entre 2015 et 2020. Elle se repose sur une étude de l'Adac ayant observé que les quatre pneus d'un véhicule parcourant 20 000 km en émettent en moyenne 3,5 kg. Les enveloppes les moins performantes atteignent jusqu'à 8 kg… Tandis que les Cross Climate 2 Michelin n'en émettraient que 1,5 kg !
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Côté résistance au roulement, le manufacturier a également fait un bond en avant. Celui-ci s'y est attaqué dès 1992, avec la sortie de son pneu Energy. À l'époque, celui-ci affichait une résistance de 12 kg/t. Aujourd'hui, les modèles e.Primacy et Pilot Sport EV atteignent 5,5 kg/t. "Et nous pouvons encore réaliser des progrès. Par exemple, dans le domaine des VI on en est arrivé à 3,5 kg/t", assure Serge Lafon.
Réduire aussi l’impact environnemental du thermique
L'intérêt de cette performance réside dans l'absorption d'un cinquième de l'énergie du véhicule par ses enveloppes. En la réduisant, le manufacturier offre notamment plus d'autonomie aux véhicules électriques. Mais il réduit aussi la consommation de carburant des modèles thermiques.
Or, c'est précisément sur ce point que Michelin se démarque de nombre de ses concurrents. "Nous ne réservons pas ces progrès technologiques aux VE, affirme Serge Lafon. En les installant sur les véhicules thermiques, on réduit aussi leur empreinte environnementale. Et cela tant pour les gammes été, hiver, toutes saisons et sportive, selon les usages des clients, quels qu'ils soient". En clair, le manufacturier assure qu'il est possible d'installer indifféremment des enveloppes de dimension identique – suivant aussi les recommandations des constructeurs – sur des véhicules électriques ou thermiques.
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Cette stratégie permet ainsi au manufacturier d'agir sur l'impact environnemental de tous les véhicules chaussant ses pneus. Michelin prend ainsi largement en compte la période de mix énergétique prévue, jusqu'après l'électrification totale des VN en 2035. Cela simplifie aussi la logistique des pneumaticiens, qui stockent les pneus de la marque. Reste maintenant à faire passer le message auprès des automobilistes. Ce rôle incombe largement aux professionnels.