Christophe Mounet (Franc Diesel) : "Nous souhaitons pérenniser le commerce de pièces"
Quel bilan de l’année 2020 dressez-vous pour vos deux activités ?
Christophe Mounet : Paradoxalement, l’année 2020 s’est plutôt bien passée. Bien évidemment, le premier confinement a été une période difficile autant pour le commerce que pour les ateliers, mais très vite, le rebond s’est fait sentir. A fin juin 2020, nous avions retrouvé un niveau de chiffre d’affaires équivalent à 2019. Toutefois, le deuxième confinement a ralenti une nouvelle fois l’activité. En dépit de ce contexte, nous avons quand même terminé l’année à + 9 %, ce qui est une belle performance. Mais bien sûr, il y a une explication : la succursale de Bordeaux (créée en 2019 était dans sa deuxième année d’exploitation, ce qui justifie cette croissance. Si l’on compare à périmètre constant, l’atelier de Bergerac est plus ou moins étale et celui de Trélissac, en léger recul. Le commerce de pièces s’en est bien sorti également car nous sommes restés ouverts, même si nous avons fait face à quelques difficultés d’approvisionnement. Notre société compte aujourd’hui 32 salariés et réalise un chiffre d’affaires de 4,3 millions d’euros.
Et comment a démarré l’année 2021 pour vos trois garages ?
Nous commençons à sentir un ralentissement. Qu’il s’agisse du consommateur final (automobiliste) ou de nos clients professionnels, nous sentons une certaine prudence. Cela impacte notamment le commerce de pièces car beaucoup ont peur que l’activité s’arrête à nouveau avec un troisième confinement. Côté ateliers, l’année a plutôt bien commencé et la tendance semble stable pour le moment.
Quelles activités font l’essentiel de votre chiffre d’affaires dans vos ateliers ?
C’est encore principalement l’activité diesel, soit la rénovation des systèmes d’injection, pompes à injection et injecteurs. Nous sommes agréés par la plupart des équipementiers mondiaux comme Bosch, Delphi, Denso, Continental, etc. Depuis quelques années, nous avons mis en place un processus semi-industrialisé et nous réalisons donc de la rénovation en série. C’est la part la plus importante de notre CA. L’autre activité importante, c’est l’entretien et la réparation des véhicules (VL, PL Agri, et TP)
Quels sont vos principaux axes de développement pour la suite ?
Tout d’abord, nous souhaitons pérenniser l’activité de commerce de pièces lancée en 2018. Pour cela, nous avons pour principale ambition de mettre en place un réseau de garages avec l’aide de notre groupement Partner’s (Alliance Automotive Group). Nous avons besoin de cela pour offrir une alternative aux réseaux constructeurs qui sont des concurrents sérieux, avec une politique commerciale agressive. Je vais donc essayer de faire basculer mes clients qui n’ont pas de panneau ou qui sont sous une autre enseigne chez Alliance Automotive. Parmi les autres projets, nous développons une nouvelle activité diesel. Nous avons en effet investi dans une machine pour la rénovation des injecteurs VDO Continental. Nous allons donc mettre en production la réparation de ces injecteurs-là, courant 2021. C’est un investissement assez lourd, entre 100 et 150 000 euros, mais nous misons à terme sur 150 et 200 injecteurs par mois à rénover.
Vous proposez la pose et l’installation des boîtiers de conversion au bioéthanol. Comment se porte cette activité ?
Cela pourrait être intéressant mais le souci, c’est que le volume reste faible. En effet, il y a des contraintes réglementaires, qui font qu’il n’est pas possible de poser ces boîtiers sur tous les moteurs Euro 5 et 6 pour être homologué par Flexfuel (fabricant des boîtiers, ndlr) et l’Etat. Si l’installation est non homologuée, le client doit signer une décharge et réaliser une déclaration auprès de son assurance : très clairement cela freine le potentiel. Nous n’avons donc pas d’ambition particulière sur ce segment, il s’agit plutôt d’un service complémentaire que nous proposons à nos clients.
Vous êtes avant tout diéséliste, comment préparez-vous l’après avec un parc roulant amené à baisser ? Travaillez-vous sur ce sujet avec la Feda ?
Cela fait longtemps que nous travaillons avec la Feda sur ce sujet. La Feda a même réalisé un livre blanc il y a quelques mois. Bien évidemment, nous y réfléchissons depuis longtemps et nous avons pris l’option de nous diversifier sur des nouvelles générations de moteurs. Aujourd’hui, nous savons que les moteurs diesel de voitures, PL, et VUL vont diminuer inexorablement. Nous nous sommes donc penchés sur les moteurs industriels, les groupes à incendie ou électrogène, dans les TP, dans l’agricole, etc. Nous avançons pas à pas car nous souhaitons tout maîtriser. Dans l’agricole, il y a un vrai manque de techniciens que nous pouvons pallier en sous-traitance. Enfin, l’an dernier, nous avons conclu un partenariat avec le rénovateur de moteur Perron & Gay, basée près de Tours. Nos techniciens ont réalisé une formation chez notre partenaire et désormais, nos ateliers de Bergerac et Trélissac sont homologués pour intervenir sur les moteurs industriels du groupe Kubota.
Justement, est-ce que l’électrification du parc peut offrir des opportunités à vos ateliers ?
Oui bien sûr ! Comme beaucoup de nos confrères, nous nous sommes formés dès les premiers hybrides sortis avec Toyota. Tous nos collaborateurs ont passé des habilitations électriques pour pouvoir prendre en charge ces véhicules et continuent de se former. De plus, nous constatons que ce sont des véhicules où l’électronique prédomine, et ce sera l’enjeu des véhicules de demain. Pour moi : on ne parlera plus de mécaniciens mais d’électrotechniciens. Nous formons donc nos équipes en ce sens. Justement, nous allons aussi proposer des formations Pass-Thru à nos salariés, c’est également un sujet sur lequel travaille la Feda.
Dans la distribution des pièces, envisagez-vous des développements particuliers ?
En termes de pièces, pas spécialement. Chez nous, ce sont les pièces techniques qui s’en sortent le mieux car elles sont moins concurrencées par les réseaux constructeurs. Toutefois, dans le domaine de l’équipement d’atelier, nous avons des ambitions cette année car nous étions peu présents jusqu’ici sur cette activité. Nous avons d’ailleurs conclu des partenariats avec des équipementiers comme Bosch, Delphi, Rav et Fog Automotive pour constituer notre offre et former nos commerciaux à proposer des ponts, démonte pneu, équilibreuse, etc.
Bio express :
Diplômé d’un BTS Domotique en 1995, Christophe Mounet débute sa carrière avec des missions d’intérim pendant un an dans son secteur de prédilection, dont un poste chez EDF durant près de 6 mois. Mais finalement, il intègre en 1997 l’entreprise de son futur beau-père, Monsieur Franc, créée en 1984 et dans laquelle il a déjà travaillé à plusieurs reprises l’été. Issu d’un tout autre secteur Christophe Mounet apprend tout de l’automobile sur le tas, grâce au personnel en place. Après 3 ans passés en tant que magasinier et commercial, l’entreprise se réorganise et Christophe Mounet prend la direction de l’atelier de Bergerac. En 2003, le groupe Franc Diesel s’étoffe en rachetant l’activité automobile et diesel d’AD Périgord. Naît ainsi la succursale de Trélissac dont Christophe Mounet prend les rênes. Puis en 2009, Monsieur Franc part à la retraite et c’est Christophe Mounet qui rachète l’entreprise avec son épouse, avec un CA de 1,8 million d’euros et 12 salariés. Depuis, il dirige la société et accompagne son développement. En 2018, il décide d’élargir l’activité à la distribution de pièces avec le groupement Partners (Alliance Automotive Group) et ouvre en 2019 un troisième atelier à Bordeaux.