Denis Descosse (Autolia) : "La mobilité ne doit pas devenir un luxe"

Félicitations pour votre nomination au conseil d’administration de la Feda ! Comment avez-vous accueilli cette nouvelle, et que représente-t-elle pour vous ?
Merci ! Je vois surtout cette nomination comme une façon de donner plus de poids à l’ensemble des acteurs que nous représentons. Ce n’est pas une reconnaissance personnelle, mais une opportunité de mutualiser nos voix. On a souvent l’impression d’être connus dans notre secteur, mais dès qu’on sort de notre écosystème, ce n’est pas si évident. Siéger au conseil de la Feda permet à Autolia Group et à ses membres (Agra, Priam, Norca, TF et TVI) d’avoir une place à la table sur les grands sujets qui façonnent l’avenir de la distribution indépendante.
Quel rôle souhaitez-vous jouer au sein de la Feda ? Quels sujets ou chantiers vous tiennent particulièrement à cœur ?
Je me vois comme un porte-parole de nos métiers : distributeurs, logisticiens et garagistes. L’idée est d’amener notre réalité de terrain dans les discussions, pour que les décisions soient concrètes et utiles. Les priorités ? Assurer que les pièces soient disponibles rapidement pour les réparateurs, défendre le rôle des grossistes et des plateformes, et permettre à chacun d’entretenir son véhicule sans que cela devienne un luxe.
La Feda est aussi un outil pour accompagner la transition du secteur : électrification progressive, promotion de la pièce de réemploi, formation des ateliers, communication auprès des automobilistes pour rappeler que la garantie constructeur est préservée en réseau indépendant. En résumé, je souhaite que nous soyons plus visibles et mieux entendus, tout en restant pragmatiques sur le rythme de la mutation de notre marché.
Selon vous, quels sont les principaux défis de la distribution indépendante de pièces automobiles en France ? Comment la Feda peut-elle accompagner ses adhérents sur ces enjeux ?
Le premier défi, c’est la disponibilité des pièces dans un parc qui vieillit et se diversifie. Les distributeurs doivent gérer toujours plus de références, les stocker et les rendre accessibles partout, le plus vite possible. L’autre enjeu, c’est de continuer à offrir un entretien abordable, car la mobilité ne doit pas devenir un produit de luxe. La Feda peut nous aider à faire entendre ce message et à défendre des normes réalistes. Trop souvent, le marché français est en avance sur certaines contraintes par rapport à d’autres pays européens, ce qui peut créer un déséquilibre économique. La fédération a un rôle clé pour sensibiliser les décideurs à ces réalités et rappeler l’importance de préserver l’emploi et la compétitivité de la filière.
Comment envisagez-vous de mettre à profit votre expérience chez Autolia pour contribuer à la stratégie de la fédération ?
Chez Autolia Group, je traite au quotidien des sujets très variés : produits, logistique, animation de réseau, services, coûts, etc. Cette vision d’ensemble me permet d’identifier ce qui est prioritaire et de voir où la mutualisation est la plus efficace. C’est cette expérience que je souhaite mettre au service de la Feda, en amenant des cas concrets et en participant activement aux commissions pour que la fédération reste connectée au terrain.
En retour, qu’attendez-vous de la fédération ?
Essentiellement qu’elle continue d’être notre relais auprès des institutions et qu’elle défende des positions qui tiennent compte de la réalité économique des entreprises. Nous avons besoin d’une veille réglementaire efficace et d’une voix forte pour éviter que des décisions mal calibrées fragilisent notre modèle. J’attends aussi que la Feda contribue à rendre nos métiers plus attractifs. Aujourd’hui, recruter dans les réseaux de garages ou même dans la déconstruction de véhicules n’est pas simple, et c’est un enjeu d’avenir.
Chez Autolia Group, quels sont les projets ou les nouveautés marquantes sur lesquels vous travaillez actuellement ?
Nous poursuivons un développement mesuré. Ces dernières années, nous avons accueilli de nouveaux membres et ajouté des spécialistes métiers pour élargir notre expertise. Nous avons aussi fait évoluer notre référentiel produits en le rendant plus sélectif, avec des critères objectifs pour les fournisseurs. Par ailleurs, nous avons renforcé notre rôle de partenaire opérationnel : mise en place d’accords-cadres dans les domaines RH et logistique, amélioration de l’ergonomie et de la sécurité sur les plateformes, réflexion sur l’emballage pour réduire les coûts et l’impact environnemental. Nous travaillons aussi sur l’optimisation des postes de transport, un levier essentiel pour la rentabilité de nos membres.
Les relations avec les équipementiers et les fournisseurs sont un axe important pour un groupement. Comment travaillez-vous à renforcer ces partenariats stratégiques ?
Nous avons commencé un travail de recentrage et de sélection qui doit bénéficier à nos fournisseurs privilégiés. L’objectif est de les aider à progresser plus vite que notre tendance générale, et c’est d’ailleurs bien le cas sur ces deux dernières années. Nous avons une écoute encore plus proactive de leur situation, de leur développement, de leurs nouveautés et actualités… Nous leur accordons plus de temps, plus de ressources, et nous favorisons opérationnellement leur déploiement en priorité.
Le développement durable et la RSE prennent de plus en plus de place dans les stratégies d’enseigne. Quelles initiatives Autolia Group met-il en avant dans ce domaine ?
Il y a plusieurs composantes dans lesquelles Autolia Group et ses membres sont actifs, même bien avant que nous utilisions la terminologie "RSE". Et pas simplement pour pouvoir répondre à des critères financiers, bancaires ou d’appels d’offres ! Par exemple, l’économie circulaire et la valorisation des pièces de réemploi font partie de l’ADN historique des adhérents de notre organisation TF. Avec un parc vieillissant et des tensions plus fortes sur le pouvoir d’achat, cela permet aujourd’hui au plus grand nombre de pouvoir entretenir son véhicule, plutôt que le remplacer.
Il en va de même dans la sélection de fournisseurs engagés et spécialisés dans le domaine du remanufacturing dans notre offre globale. Un autre aspect concerne également l’optimisation logistique, en réduisant les flux pour réduire l’empreinte environnementale.
De plus, nous voulons sensibiliser l’ensemble des collaborateurs de l’écosystème Autolia Group dans la gestion des déchets, et plus particulièrement sur les pièces usagées comme les huiles, pneus, batteries, en prenant cela en considération dans la sélection fournisseurs. Enfin, chacun à son niveau et dans son quotidien, par des actions concrètes et des initiatives, peut contribuer à ce cercle plus vertueux pour la planète et les générations futures. Nous les encourageons avec bienveillance au niveau d’Autolia Group !
L’an dernier, Autolia Group s’est illustré avec l’organisation de la première édition des Rencontres Top to Top. Quelles étaient les ambitions de cet évènement ? Projetez-vous de le renouveler ?
L’objectif principal était d’avoir un évènement "tête de réseau", dynamique et qualitatif, pour réunir tous les décideurs de nos membres et de nos fournisseurs partenaires. J’ai imaginé l’évènement comme celui que j’aurais aimé avoir si j’avais été encore un fournisseur partenaire d’Autolia Group : localisation, durée, rencontres entre décideurs, intégration concrète de l’IA dans nos quotidiens professionnels… Et avec bonne humeur et convivialité. La recette établie à cette occasion a fait ses preuves, et je crois que les 100 participants avaient tous envie que cela dure un peu plus longtemps ! 2026 sera l’année des 20 ans d’Autolia, et nous verrons à cette occasion comment pérenniser les Rencontres Top to Top d’une part, et associer cet évènement à notre anniversaire.
Equip Auto approche : quelles sont les priorités et les temps forts d’Autolia Group sur le salon cette année ?
Être présent à Equip Auto est déjà un engagement fort, car les coûts de participation se sont envolés. Si nous décidons d’y être, c’est pour bien faire les choses. Nous aurons un stand ouvert, pensé pour favoriser les échanges. Un des moments forts sera notre point de rencontre du jeudi avec les membres, les fournisseurs et les partenaires institutionnels, pour partager un moment de convivialité et renforcer les liens.
Si vous vous projetez à moyen terme, quelles évolutions espérez-vous voir pour Autolia Group et pour la Feda ?
Pour Autolia Group, je souhaite que nous poursuivions notre développement de façon raisonnée, en gardant la cohésion et le plaisir de travailler ensemble. Je veux que nos réunions restent des moments constructifs, où chacun vient avec le sourire et l’envie de contribuer. Pour la Feda, mon souhait est que nous soyons parvenus à faire reconnaître la place stratégique de la filière indépendante dans la mobilité, à influencer les débats sur la transition énergétique et à accompagner cette mutation sans précipitation. La mobilité de demain doit rester plurielle, thermique, électrique, hybride, et même vélo ou nouvelles formes de transport, mais surtout accessible à tous.
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