Dipropneu : plus grand, plus loin
Après quatre ans d'attente, près de 24 mois de retard sur le planning et un nombre incalculable d'embûches, Dipropneu a enfin emménagé dans sa nouvelle plateforme. Le mois de décembre 2022 a permis de transférer progressivement les stocks pour une mise en opération totale et sans rupture commerciale le 2 janvier suivant.
Un soulagement pour Bruno et Axel Mazzacurati, respectivement fondateur et codirigeant de la société, qui racontent, entre sourires et éclats de rire, leur folle épopée. Si changer de plateforme n'est jamais une étape anodine, le cas présent s'est avéré particulièrement complexe, et plus d'un aurait baissé les bras face à cette situation kafkaïenne. Pas les deux hommes, conscients que ce projet était capital pour l'avenir de leur société familiale, créée en 1977. En plus de 45 ans, "Dipro'" s'est construit une réputation aussi solide qu'unique sur le marché.
Distributeur de pneus sur le papier mais bien plus dans les faits : voilà le résumé. Depuis le premier jour, Bruno Mazzacurati a fait preuve d'un flair assez singulier pour dénicher des marques totalement méconnues, souvent issues de régions exotiques, pour les installer avec succès en France. Toyo, Kumho, Marangoni, Leao ou Triangle, tous ces noms de l'industrie de la gomme ont profité (ou profitent encore) du savoir-faire de la société essonnienne.
Il faut dire que celle-ci se place en véritable garante des intérêts de ses partenaires, allant bien plus loin que le simple cadre commercial. "On aime raconter de belles histoires et réaliser un véritable travail de fond avec les marques que nous représentons" résume simplement le fondateur.
La force d'une famille soudée
Mais cette expertise ne suffit plus. Avoir du stock pour un distributeur, cela va sans dire. Avoir la capacité de grandir en même temps que ses associés, c'est un impératif. Or, Dipropneu était confronté à un cruel manque de place dans son ancien entrepôt de 4 500 m². 160 000 références y figuraient pour un total d'un million d'enveloppes écoulées annuellement. Un joli résultat, mais qui ne permettait plus de se développer.
En 2019, après que Bruno Mazzacaruti et ses trois fils Axel, Hugo et Ronan – à ses côtés depuis une dizaine d'années – eurent racheté les parts de Dipropneu aux deux frères aînés du paternel, décision est prise de déménager. Un choix risqué car coûteux, mais nécessaire pour l'avenir de l'entreprise. "Avec mes fils, nous avions la volonté de continuer l'histoire. L'envie était là, mais aussi l'expertise. Sans eux, je n'y serais pas allé", confie Bruno Mazzacurati.
Premier objectif : ne pas s'éloigner de plus de 5 kilomètres de l'actuel entrepôt situé à Bondoufle. "Nous voulions rester dans la commune parce que c'est notre histoire, mais aussi pour préserver nos salariés", souligne Axel Mazzacurati. Aidés par le maire Jean Hartz, qui souhaite garder cet important acteur de la vie économique locale, les dirigeants se voient proposer un terrain, le seul disponible. La taille leur convient, mais plusieurs problèmes apparaissent. Le premier tient dans cette canalisation alimentant des milliers de foyers alentour qui passe au cœur du site… Le deuxième porte sur des fouilles archéologiques, d'où seront extraits 4 000 vestiges !
Un projet à 14 millions d'euros
Qu'importe, les Mazzacurati disent "oui". Le travail au pinceau des experts de l'Inrap engendre six mois de retard, mais ne remettra pas en cause le projet. Quant à la canalisation, elle oblige à la construction d'une plateforme avec deux cellules, reliées par une passerelle perchée à 10 m de haut, accueillant sur 1 000 m² le siège social de la société. D'autres soucis – projet gelé pendant quelques semaines à la suite d'un litige entre le maire et sa principale opposante politique, sous-dimensionnement du système électrique du quartier, contraintes architecturales liées au Grand Paris Sud où se trouve Bondoufle… – viendront complexifier la construction du site.
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Mais cela en valait finalement bien la peine. Moyennant un effort de 14 millions d'euros, Dipropneu a donc pris possession début 2023 d'une plateforme s'étendant au total sur 12 000 m². Celle-ci répond aux derniers standards en matière de normes environnementales. Éclairage à LED, panneaux solaires sur le toit, murs entièrement coupe-feux eu égard à la proximité des habitations… rien ne manque.
Pour les équipes, des espaces soignés, lumineux, agréables ont été pensés. Un patio ou encore une terrasse permettent notamment à la cinquantaine de salariés de souffler dans un cadre paisible. Sur le plan opérationnel, un WMS a été déployé parallèlement à l'emménagement. Ainsi, courant décembre, lors du transfert progressif des stocks, chaque rack arrivant était entré dans le système informatique du distributeur.
À la reconquête du premium
S'il est toujours en rodage, l'entrepôt tourne déjà très fort. Pour préserver les habitudes des préparateurs, la même logique d'organisation a été adoptée, soit par marque puis par saison. Différence notable : grâce au WMS, les équipes suivent désormais un chemin de préparation défini par le système. Le stock, quant à lui, va monter progressivement en régime. Si la plateforme peut au plus accueillir 300 000 enveloppes, les Mazzacurati n'ont pas prévu d'aller si loin, jugeant que cela entraverait le bon fonctionnement et reviendrait à lutter contre les problématiques du passé.
160 000 pneumatiques figurent dans les allées, 180 000 d'ici quelques semaines et 250 000 à terme. Un développement qui ira de pair avec une montée en puissance de la cadence, l'objectif étant de doubler les ventes et d'atteindre les deux millions d'unités (plus environ 700 000 livrées directement chez les clients depuis les manufacturiers partenaires).
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Grâce à ce nouvel outil, la société va aussi pouvoir s'offrir de nouvelles perspectives de croissance. Déjà partenaire en TC4 de la marque chinoise, Dipropneu est ainsi devenu le distributeur exclusif de Triangle sur la partie PL. En véhicules légers, la société a noué des accords avec Pirelli et Dunlop. De quoi lui permettre de redécouvrir un segment premium abandonné de longue date.
Le diable est dans les détails, c'est bien connu, et l'optimisation de cette plateforme va encore se poursuivre pendant un certain temps. Mais en attendant, grâce à elle, la société pose les jalons de son futur. "Se positionner avec Pirelli est aussi un moyen d'avoir un coup d'avance sur l'avenir vis-à-vis de l'électrique", donne en exemple Axel Mazzacurati. "On ne veut pas louper les trains !", ajoute-t-il. Tout semble prêt pour être à l'heure.