Distrigo : PSA s’attaque à "l’étanchéité" de ses plateformes
C’est un procès très attendu qui s’est ouvert ce 29 novembre 2018 au tribunal de Commerce de Paris. Il oppose PSA à l’un de ses concessionnaires, le groupe Midi Auto, dirigé par Bernard Hory. Ce dernier a en effet vu le contrat de sa plateforme PR à Quéven (56) être résilié par le constructeur en raison de ventes réalisées auprès de revendeurs indépendants. Midi Auto se voit notamment reprocher d’avoir alimenté, via sa plateforme, sa filiale Autopuzz et son site de vente de pièces en ligne…
Midi Auto accusé de "déloyauté"
"Le groupe, qui n'est autre que le deuxième distributeur de véhicules Citroën en France, contourne sciemment son contrat de distributeur de pièces pour alimenter d'autres revendeurs, y compris sur Internet, tels qu'Amazon ou Cdiscount", a expliqué Me Nathalia Kouchnir-Cargill, avocate du groupe PSA. Pour cette dernière, Autopuzz "utilise les moyens de PSA pour faire un commerce de pièces" et accuse donc Midi Auto de déloyauté envers le constructeur.
Mis en demeure en septembre, le groupe dirigé par Bernard Hory avait d’ailleurs dû réduire les ventes réalisées auprès de sa filiale. Si Autopuzz représentait 10 % du chiffre d'affaires de la plateforme, cette part a été ramenée à 5 % aujourd’hui. Insuffisant pour PSA qui a donc informé, le 14 novembre dernier, son concessionnaire de la résiliation de son contrat de distribution, invitant les clients de la plaque à se tourner vers les trois autres plateformes Distrigo de la région.
PSA serre la vis
Défenseur du groupe Midi Auto, Me Renaud Bertin dénonce cette résiliation, estimant que les contrats du groupe PSA ont été "mal rédigés et qu’ils ne permettent pas l’étanchéité de son réseau de distribution de pièces de rechange". En effet, l’avocat précise que PSA est prêt à tolérer les "petites fuites" de son maillage. Or, les contrats n’ayant définit aucun seuil de tolérance assis sur un volume ou un chiffre d’affaires, il est difficile de reprocher aux concessionnaires leur manque d’"étanchéité"…
De fait, selon plusieurs sources concordantes, parmi les 39 plateformes Distrigo du territoire, plusieurs d’entre eux alimentent déjà plusieurs revendeurs indépendants… Confidentielles, ces ventes ont fini par agacer le constructeur qui semble vouloir remettre de l’ordre dans la stratégie commerciale de son réseau. En France, outre la plaque de Quéven, d'autres plateformes se seraient également vu notifier une mise en demeure de cesser leur activité de vente de pièces aux opérateurs indépendants. Une plateforme en Grande-Bretagne aurait également été résiliée.