Quelles seront les répercussions de l'électrification du parc automobile sur les emplois de la maintenance ?
L'ANFA (Association nationale pour la formation automobile) surveille de près l'essor des véhicules électriques sur le marché automobile. Elle examine régulièrement les conséquences de leur introduction dans les ateliers de réparation. Et si en 2020, l'organisme estimait qu'entre 700 et 1 900 emplois étaient perdus chaque année dans ce secteur en raison de cette transition. Aujourd'hui, l'ANFA publie une nouvelle étude sur les répercussions de cette évolution du marché.
Cette réévaluation est due à la montée en puissance du nombre de véhicules électriques dans le parc automobile d'ici à 2035. Leur arrivée dans les garages, notamment ceux des réseaux constructeurs, provoquera une baisse d'activités, un VE nécessitant bien moins d'opérations d'entretien qu'un véhicule thermique.
S'appuyant sur le retour d'expérience du marché norvégien, où le parc électrisé est le plus important d'Europe, l'ANFA révèle que le nombre d'opérations d'entretien chute de 12 %. Les interventions de réparation reculent, quant à elles, de 43 %. En revanche, les prestations liées aux pneumatiques bondissent de 22 %.
Environ 1 800 emplois perdus par an
Face à cette électrification croissante, l'organisme de formation met en lumière trois scénarios possibles, estimant les pertes d'emplois entre 1 500 et 3 000 postes chaque année. Son estimation la plus actualisée, qui fait office de scénario intermédiaire, prévoit une progression par étape du nombre de véhicules électriques à partir de 2025. Entraînant avec elle, une perte de 1 800 emplois par an pour le secteur.
Ce scénario prévoit également 27 % de motorisations électriques en 2036, qui réalisent une percée face au parc automobile traditionnel vieillissant et aux modèles hybrides. Des hybrides dont il a été difficile d'estimer l'importance selon Jocelyn Gombault, responsable de projet à l'observatoire de branche des services de l'automobile.
"Nous avions mis de côté les hybrides dans les précédents scénarios. Mais en fait ils se portent bien donc nous avons dû les réintégrer (à hauteur de 13 % du parc en 2036, ndlr). Nous faisons tout de même baisser leur volume à partir de 2030 car les VE devraient descendre sous les 25 000 euros".
Réparer les batteries, un impératif de formation
Compte tenu de cette avancée de l'électrique, l'ANFA s'est penchée sur la maintenance et la réparation de la batterie. Cette activité naissante doit, selon l'organisme, être mieux appréhendée par les réparateurs automobiles. Encore rare aujourd'hui, cette prestation remplit un double objectif.
D'une part, éviter lors d'une panne que le véhicule soit déclaré économiquement irréparable en raison du coût très élevé d'un remplacement complet de batterie. D'autre part, lutter contre l'obsolescence fonctionnelle des véhicules électriques traduit par la loi du 17 août 2015. Selon l’Avem (Association pour l’avenir du véhicule électromobile), changer une batterie de traction coûte 17 500 € pour un petit véhicule électrique et 25 000 € pour une batterie de 75 kw/h d’une marque sportive. Le remplacement d’un module défectueux est facturé entre 1 500 € (selon la même source) et 3 000 € (source Stellantis).
Les constructeurs sont d'ailleurs les premiers à s'être emparés du sujet. Mais pour Jocelyn Gombault il est indispensable que l'ensemble des ateliers de réparation s'approprient cette nouvelle activité, qui nécessite la mise en place d'un processus, de conditions d’intervention et de formations spécifiques. "Il est d'une importance capitale que le secteur puisse développer de nouvelles compétences comme la réparation de la batterie pour éviter un risque beaucoup plus important de perte d'emploi."
Les réseaux constructeurs plus affectés que les MRA par l'arrivée de l'électrique
Quel que soit le scénario qui se confirmera dans les prochaines années, l'ANFA précise que les baisses d’emploi dans l’après-vente devraient être exclusivement supportées par les réseaux constructeurs compte tenu de la récence du parc électrique. En effet, les MRA interviennent sur un parc âgé aujourd'hui de 12,6 ans en moyenne, tandis que les réseaux constructeurs se concentrent sur des véhiculés âgés de 7,2 ans. L'ANFA note d'ailleurs que certains constructeurs anticipent déjà ce phénomène en réduisant la capillarité de leurs réseaux sur le territoire.
"La croissance de l’âge du parc, l’inertie du parc qui ralentit son électrification et une meilleure proximité géographique constituent des atouts pour le développement économique des MRA ces dernières années et sans doute dans les dix années à venir", conclut l'organisme de formation.