S'abonner
Rechange

Gièvres Auto, un centre VHU "branché"

Publié le 26 février 2025
â– 
Par Tristan Baez
â– 
3 min de lecture
Face à l’essor des véhicules électriques et hybrides, Caréco Gièvres Auto se positionne en pionnier du recyclage. Le centre VHU dirigé par Nelson Jourdin a investi 300 000 euros pour adapter ses infrastructures et former ses équipes à la déconstruction de ces modèles.
Les techniciens qui déconstruisent les VE doivent avoir les certifications B2VL, B2XL et B2TL.
Les techniciens qui déconstruisent les VE doivent avoir les certifications B2VL, B2XL et B2TL.

Au cœur du Berry, Caréco Gièvres Auto se distingue par son approche singulière du traitement des véhicules hors d’usage (VHU). En arrivant sur le site, le visiteur est accueilli par un surprenant mélange de supercars colorées et de voitures de collection accidentées, disséminées parmi quelque 3 500 épaves. À la tête de cette entreprise depuis près de trente ans, Nelson Jourdin a récemment franchi un nouveau cap en intégrant une activité inédite dans le secteur du recyclage automobile : la déconstruction des véhicules électriques et hybrides.

Connu du grand public pour sa participation à l’émission Trésors de Casse sur RMC Découverte, le dirigeant a investi près de 300 000 euros pour adapter son centre aux exigences de ces motorisations. Avec 48 collaborateurs et une capacité de traitement de 5 000 véhicules par an, Caréco Gièvres Auto devient ainsi le premier centre VHU doté d’un atelier spécialement conçu pour la déconstruction des modèles électriques et hybrides.

Un investissement matériel et humain

La température des batteries des véhicules dits dangereux doit être prise chaque jour.

La température des batteries des véhicules dits dangereux doit être prise chaque jour.

Conformément aux réglementations en vigueur, l’aménagement du centre a nécessité d’importants ajustements. Une nouvelle zone dédiée aux voitures électrifiées a été créée, segmentée en quatre espaces sécurisés. Le premier accueille les véhicules électriques en attente d’examen. Après une évaluation, ils sont dirigés soit vers une zone de démontage, soit vers un espace de mise en quarantaine réservé aux modèles présentant des risques.

Dans cette dernière section, un technicien qualifié (B2VL, B2XL et B2TL) contrôle quotidiennement la température des batteries, qui ne doit pas excéder 60°C. En cas de surchauffe, le véhicule est immédiatement isolé pour éviter tout risque d’incendie.

Pour mener à bien cette nouvelle activité, le centre a formé 10 techniciens spécialisés. S’ils assurent également les tâches classiques d’un centre VHU, seuls ces experts sont habilités à intervenir sur les VE envoyés par les compagnies d’assurance.

Recyclage des batteries : une filière en devenir

Dans le centre Gièvres Auto, les véhicules électriques sont rangés dans différentes zones selon leur état.

Dans le centre Gièvres Auto, les véhicules électriques sont rangés dans différentes zones selon leur état. ©J2R

Dans un atelier spécialement conçu pour le traitement des motorisations électrifiées, deux véhicules peuvent être démontés simultanément. L’intervention commence systématiquement par le retrait du bloc de batteries, dont chaque module est ensuite désolidarisé pour réduire le voltage et limiter les risques d’électrocution. Nelson Jourdin et son équipe ont d'ailleurs rapidement constaté qu’un grand nombre de batteries sont encore réutilisables après différents tests.

Pourtant, la revalorisation des pièces issues des véhicules électriques reste limitée. En 2024, sur 150 véhicules électriques traités, une seule batterie a été vendue, tandis que les autres ont été envoyées au recyclage aux frais des constructeurs, conformément au principe de la responsabilité élargie du producteur (REP).

Actuellement, seules les pièces périphériques et de carrosserie sont réellement valorisées sur le marché de la seconde main. Le centre vend chaque année 65 000 pièces, dont 70 % à des particuliers et 40 % via des plateformes en ligne. Mais la demande en batteries réutilisables reste encore trop faible pour en faire une véritable source de revenus.

Malgré ces défis, Nelson Jourdin reste convaincu que l’économie circulaire jouera un rôle central dans l’avenir du secteur automobile. "La demande pour des batteries issues du réemploi est encore marginale, mais nous sommes persuadés qu’avec l’évolution du marché, leur utilisation deviendra une norme."

Vous devez activer le javacript et la gestion des cookies pour bénéficier de toutes les fonctionnalités.
Partager :

Sur le même sujet

cross-circle