Hausse record des défaillances d'entreprises de réparation automobile en 2024
L'an dernier, 1 118 entreprises d'entretien-réparation automobile ont été placées en procédure de sauvegarde, en redressement judiciaire ou en liquidation – contre 1 027 en 2023. Cela représente une hausse des défaillances de 26 % par rapport à l'année de référence 2019. Juste avant la pandémie, on avait alors compté 885 défaillances.
L'entretien-réparation moins touché que le commerce
Parallèlement, 1 597 entreprises de commerce automobile (concessionnaires, etc.) se sont retrouvées plus nombreuses en difficulté à la même période. Cela représente une hausse de +33 % par rapport à avant la crise. Tandis que l'industrie automobile a connu 49 défaillances (+22 %).
"Cela signifie notamment que les PME et ETI ont rattrapé leur retard de 2020-2021, avec un niveau de défaillances plus élevé ces deux dernières années", commente Alain Tourdjman. Le directeur des études économiques de la BPCE fait ici allusion à tous les secteurs de l'économie. Celui-ci y a observé un total de 66 422 défaillances d'entreprises tous domaines confondus en 2024. Cependant, son observation convient particulièrement bien au commerce et services automobiles.
Marché à deux vitesses
Les dispositifs gouvernementaux comme le PGE ont évité des défaillances d'entreprises fragiles pendant la crise sanitaire. Beaucoup de celles-ci ont ensuite été placée en liquidation judiciaire en 2023-2024, à un niveau plus élevé qu'avant la pandémie. Mais l'année dernière, le nombre d'entreprises en difficulté a dépassé le volume cumulé de celles qui étaient menacées de défaillance depuis quatre ans.
Dans les services automobiles, "le marché est à deux vitesses, observe Julien Laugier, économiste du groupe BPCE. Ainsi, le marché du VO se porte bien, contrairement à celui du VN. Mais les ménages affrontent de fortes contraintes et reportent l'achat de véhicules neufs"... Avec toutes les conséquences que cela implique sur la filière.
L'écosystème de l'après-vente est donc moins touché que celui du commerce de véhicules. Néanmoins, ce sont globalement 2 715 entreprises de commerce et d'entretien-réparation qui se sont retrouvées en difficulté l'an dernier – et même 2 764 dans la filière, si on y ajoute la première monte.
Les petites plutôt que les grandes
Plus en détail, 23 entreprises de services automobiles ont ouvert une procédure de sauvegarde. 672 se sont vues placées en redressement judiciaire. Et 2 020 ont dû définitivement baisser le rideau. Comme dans les autres secteurs économiques, les TPE-ETI sont plus touchées que les grandes sociétés.
En effet, les entreprises défaillantes les plus nombreuses comptent moins de trois salariés (soit 2 102 sociétés). Mais les 534 entreprises de trois à neuf salariés concernées connaissent la plus importante accélération (+31 %) par rapport à 2019, juste devant les plus petites (+30 %). Tandis que les 70 autres représentent aussi un niveau élevé (+25 %). Cette tendance s'accélère à partir du quatrième trimestre.
Menaces sur les entreprises plus anciennes
Sur le plan géographique, des disparités apparaissent entre régions. Certaines sont relativement épargnées. Ainsi, l'évolution des défaillances oscille de -9 à +7 % en Languedoc-Roussillon, Lorraine, Picardie, Bretagne et Alsace. À l'opposé, d'autres régions sont sévèrement touchées. C'est notamment le cas de la Bourgogne, de la Normandie, du Nord-Pas-de-Calais, de l’Île-de-France et de la région Paca. Celles-ci subissent +55 à +85 % d'augmentation de défaillances.
Si d'après les spécialistes de la BPCE, ces résultats ne sont pas encore catastrophiques, certains signes les inquiètent tout de même. En effet, les entreprises lancées dans les années 2010 sont surreprésentées. Celles âgées de 6 à 15 ans, habituellement épargnées, sont ici aussi durement touchées (plus de 50 % des défaillances). Cela, alors que les sociétés investissent moins dans les transports (-18 %).
Finalement, cette situation pénalise tout le secteur : les distributeurs automobiles, les garagistes et carrossiers, ainsi que l'industrie automobile.