LAD : Jean-François Leroy tourne la page
À l'image de son grand ami Didier Fournier, dont l’entreprise, Technic Pièces Auto, a reçu le Prix du Distributeur Entreprise, Jean-François Leroy n'est pas un grand bavard. Les plans de com' et les grandes interviews, très peu pour lui ! Malgré ce tempérament de l'ombre, le presque retraité de la rechange savoure ce Coup de cœur du jury des Grands Prix de la Rechange.
"Bien sûr que ça fait plaisir. Je n'ai pas passé 35 ans dans l'automobile pour rien ! sourit-il. Et puis aujourd'hui, on a tendance à récompenser les grands groupes, donc c'est une bonne chose qu'à travers moi, LAD et ID Rechange soient mis en avant.”
Bien qu'il ne le dise pas en ces termes, ce prix est aussi une petite revanche, dans la mesure où il le doit à un jury d'une vingtaine de représentants d'équipementiers. Des fournisseurs qui, au début de l'histoire, ne voulaient pas entendre parler du distributeur du Maine-et-Loire. Pour Jean-François Leroy qui, plus jeune, s'imaginait enseignant, le début du livre s'est écrit dans des stations-service. Aux prémices de sa carrière, vendeur itinérant, il arrête son camion chez les pompistes pour commercialiser ses produits. Au bout de trois ans, il décide de se sédentariser et de commencer à faire de la pièce détachée. Un sujet passion.
En 1991, sa rencontre avec Bruno Manta s'avère déterminante. Aux côtés de cet homme de l'ombre du secteur, Jean-François Leroy monte à Segré la plateforme Leroy Accessoires Distribution (LAD), avant de développer ses affaires. "Bruno a joué un rôle déterminant, abonde-t-il. Il a toujours été là, il a toujours accompagné les choix de LAD."
Le premier d'entre eux, assumé dès l'ouverture, a été de miser sur les longueurs de gamme plutôt que les largeurs. Commander gros, avoir une totale maîtrise des 20/80, toujours dire oui… Une philosophie "qui nous a souvent porté chance", juge le fondateur.
Des choix qui dénotent
Toujours au niveau stratégique, LAD s'est très tôt ouvert à des marques exotiques. Un choix qui a valu quelques critiques et regards déplaisants sur sa société, mais qui a fini par payer. Dans les contextes de crise, comme en 2008-2009 ou plus récemment, le prix des pièces et pneus devient un argument qui fait mouche… Autre élément différenciant, LAD a entamé sa diversification quasiment dès son lancement. Dans l'univers des centres autos, en l'occurrence.
Une bonne façon de s'assurer un débouché naturel aux pièces détachées achetées par la plateforme. Aujourd'hui, cette activité fait partie intégrante de l'équilibre du distributeur qui gère près d'une cinquantaine d'ateliers (pour des chiffres d'affaires allant de 600 000 à 2 millions d'euros), notamment avec le soutien du réseau First Stop. Pour soutenir sa croissance, la société, qui revendique un CA de 130 millions d'euros (prévision 2023), a aussi pu compter sur une alliance bien née.
En 2013, Jean-François Leroy décide de s'associer à la Safa de Jean-Louis Bégard et à Codifa, géré par Philippe Le Lay, pour donner naissance à ID Rechange. Une structure de patrons partageant des valeurs communes, guidés par les mêmes objectifs, dont l'intérêt ne s'est jamais démenti.
Tout ceci sera bientôt derrière le dirigeant. Avec une pointe de nostalgie, il a décidé de passer la main. L'heure de la retraite officielle a sonné le 1er juillet. À cette date, Jérôme Habsieger, à ses côtés depuis une dizaine d'années en tant que directeur commercial des batteries Steco Power, lui a succédé à la tête de l'entreprise. Les parts de la société reviendront à Bruno Manta et son fils Tony. Jean-François Leroy dira au revoir aux 250 collaborateurs de LAD avec le sentiment du devoir accompli. "Je laisse l'entreprise à des gens compétents", dit-il. Cet épicurien entend désormais profiter des siens, et de la vie !