Le marché du pneu repart à la hausse en 2024
Porté notamment par l'essor des marques quality et budget, le marché français du pneumatique a connu un rebond en 2024. Après une période marquée par des baisses successives, les ventes repartent à la hausse, atteignant leur meilleur niveau depuis la crise sanitaire.
En déclin constant depuis dix ans et particulièrement fragilisées par la période d’inflation, les marques premium ne représentent plus que 50 % des ventes de pneus en 2024. ©J2R
À l'instar de son homologue européen, le marché tricolore du pneu a marqué une rupture en 2024 avec la tendance négative des exercices précédents. Selon les chiffres du Syndicat du Pneu (SDP) et de GfK, 31,74 millions de pneumatiques TC4 (tourisme, 4x4/SUV, camionnette) ont été vendus en sell-in (des manufacturiers aux revendeurs), soit une progression de 4,5 % par rapport à 2023.
En sell-out (des revendeurs aux automobilistes), le marché bondit également de 3,4 %, atteignant 17,21 millions d’unités écoulées. "2024 fait partie des bonnes années, surtout après une décennie agitée", analyse Régis Audugé, directeur général du Syndicat du Pneu.
Une montée en puissance des SUV et des marques budget
Dans cet environnement porteur, les pneus tourisme restent largement dominants avec 84,6 % de part de marché, mais les enveloppes 4x4/SUV poursuivent leur progression (+4,5 %), suivant l’évolution du parc automobile. Les pneus pour camionnettes, après deux années de repli, affichent également une reprise (+5,1 %).
Côté marques, la répartition évolue : les pneus premium reculent (50 % du marché contre 63 % en 2014), tandis que les produits quality et budget progressent fortement. Les marques intermédiaires (quality) ont gagné six points en dix ans, atteignant 21,5 % du marché. Mais c’est surtout le segment budget qui explose, avec une part de marché doublée depuis 2014, atteignant désormais 19,1 %.
Cette progression des pneus low cost est la conjonction de multiples facteurs selon le SDP : l’augmentation des prix ; le transfert progressif du marché vers les SUV dont les pneus, plus gros, sont beaucoup plus chers et la pression sur le budget des ménages qui conduit les automobilistes à se tourner vers des produits moins chers.
"Les consommateurs arbitrent leurs dépenses, et cela se traduit dans leur choix de pneumatiques", explique Dominique Stempfel, président du Syndicat du Pneu. "Aujourd’hui, beaucoup cherchent avant tout à être en conformité avec la loi, plutôt qu’à investir dans un équipement haut de gamme."
Le boom inarrêtable du toutes saisons
Le segment des pneus toutes saisons poursuit sa montée en puissance. Depuis le lancement du CrossClimate de Michelin en 2015, ce produit s’est imposé comme une alternative crédible aux pneus été et hiver. En 2024, ce segment a grimpé de 19,2 %, tandis que les volumes des pneus été et hiver ont respectivement reculé de 4,7 % et 5,5 %.
L’essor des SUV joue un rôle clé dans cette croissance : les ventes de pneus toutes saisons pour ces véhicules ont progressé de 28,1 %. Ce segment représente désormais 37 % du marché, contre 53 % pour les produits été et 10 % pour les pneus hiver.
Les pure players tirent leur épingle du jeu
Malgré une stabilisation des prix en 2024, le coût moyen d’un pneu TC4 reste élevé à 113 euros TTC. Les tarifs des pneus été (+1,5 %), hiver (+3 %) et premium (+1,6 %) ont augmenté, tandis que ceux des pneus toutes saisons (-0,2 %) et budget (-0,2 %) ont légèrement reculé.
Les distributeurs profitent de cette tendance. Les pure players affichent la plus forte croissance, avec une hausse de 21,9 % et 5,6 millions d’unités vendues. Cet essor témoigne de l'évolution des comportements d'achat des consommateurs, en quête de conditions tarifaires toujours plus avantageuses. Les centres autos (+2,3 %) et les pneumaticiens (+4,6 %) tirent aussi leur épingle du jeu. À l’inverse, les MRA reculent de 2,3 %, bien qu’ils conservent la main sur le remplacement des pneus pour 4x4 et SUV.
Après une période de turbulences, le secteur semble donc avoir retrouvé un nouvel élan. Reste à voir si cette dynamique se poursuivra en 2025 ou si, comme souvent dans le marché du pneumatique, les cycles de croissance et de repli continueront d’alterner.
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