S'abonner
Distribution

Le nouveau visage de Franc Diesel

Publié le 4 juillet 2022
Par Romain Baly
4 min de lecture
Véritable institution dans le Sud-Ouest de la France, la société périgourdine a construit sa réputation sur son savoir-faire de diéséliste, avant de s'ouvrir sur le tard à la pièce détachée généraliste. Un pari logique et payant pour le distributeur Groupauto.
Entré dans l'entreprise en 1996, Christophe Mounet a racheté Franc Diesel à son beau-père en 2009, avec le soutien de son épouse Christelle.
Entré dans l'entreprise en 1996, Christophe Mounet a racheté Franc Diesel à son beau-père en 2009, avec le soutien de son épouse Christelle.

Sur le podium des Grands Prix de la Rechange à plusieurs reprises, Franc Diesel atteint cette année la plus haute marche de la catégorie Distributeur Entreprise. Une juste récompense pour une petite affaire qui s'est longtemps concentrée sur une expertise, avec laquelle elle excelle encore aujourd'hui, avant de prendre le virage de la diversification à une époque où toute la profession en parlait déjà. Pour son patron, Christophe Mounet, la réussite de Franc Diesel a une saveur particulière. Cette "boîte", ce n'est pas n'importe laquelle.

À défaut de l'avoir créée, il l'a rachetée, en 2009, à son beau-père, Yves Franc, avec le soutien de Christelle, son épouse et fille de ce dernier. Quand les liens des affaires et du cœur s'entremêlent, la réussite n'en est que plus belle.

Il y a forcément de la fierté dans ce prix, parce que j'ai toujours eu à cœur de pérenniser cette entreprise familiale. C'est aussi une fierté pour les équipes qui se donnent à fond. Et puis je trouve que c'est aussi encourageant de voir que des distributeurs de notre taille, de moins en moins nombreux, peuvent se démarquer grâce à leur savoir-faire et leurs spécificités.

Les prémices de Franc Diesel datent de 1984. Cette année-là, Yves Franc, issu du milieu agricole, monte à Bergerac (24) sa société spécialisée dans le diesel et l'hydraulique. Rapidement, la structure périgourdine se fait une place et un nom. La croissance est régulière, mais raisonnée, une méthode qui prévaut encore aujourd'hui. L'atelier du diéséliste devient ainsi une institution régionale.

Anticiper le futur

Président de la Feda et Bergeracois, Alain Landec se souvient : "Franc Diesel est une véritable singularité. C'est une petite entreprise qui n'a jamais vraiment fait parler d'elle, et qui est pourtant devenue LA référence des diésélistes dans tout le Sud-Ouest avec un savoir-faire reconnu dans toute la région."

De petite, la société va passer à moyenne en rachetant, en 2003, l'activité automobile et diesel d'AD Périgord. L'opération donnera naissance au deuxième point de vente, celui de Trélissac (24), alors confié à Christophe Mounet qui a intégré sept ans plus tôt l'entreprise de son futur beau-père. "Ça marque un premier grand tournant dans notre histoire, indique-t-il. Ça nous a fait changer de dimension."

Au départ d'Yves Franc à la retraite, le duo fille/beau-fils reprend une structure "très saine" de 12 personnes réalisant un chiffre d'affaires annuel d'environ 1,8 million d'euros. Plus que les chiffres, c'est surtout la stratégie de Franc Diesel qui pousse sa nouvelle direction à la réflexion. Vers 2015-2016, Christophe Mounet sent que le vent est en train de tourner pour le diesel. "Il fallait qu'on élargisse notre champ d'action pour compenser un éventuel recul de cette activité, se remémore-t-il. La pièce généraliste était un complément naturel, mais pas forcément évident à déployer. J'y ai réfléchi pendant un an et demi."

Au bout du compte, la pièce fait son apparition chez Franc Diesel, mais les débuts sont rudes. Pour beaucoup de réparateurs, la société reste un technicien et non un distributeur. Il faut du temps pour changer une image bien établie : le patron doit encore régulièrement expliquer qu'il n'est pas uniquement un diéséliste.

L’entité Aquipas pour changer d’image

Face à cette problématique, Christophe Mounet entreprend de revoir le nom de sa société. Trop réducteur et parfois mal vu, le terme "diesel" doit passer au second plan. L'entité commerciale Aquipas – pour Aquitaine Pièces Automobile Services – voit alors le jour, nom suivi de "groupe Franc Diesel". Désormais, même si du travail reste à faire, le sujet de la pièce est bien installé chez le distributeur. Affilié au groupement Partner's depuis les années 90, il a profité de la réorganisation des réseaux entamée en 2021 par Alliance Automotive pour rejoindre Groupauto (officiellement depuis le 1er avril).

On a des liens particuliers avec Alliance puisqu'on fabrique des injecteurs rénovés pour eux. Avoir le panneau Groupauto est une reconnaissance. On va jouer en première division maintenant !

La bannière bleue vient conforter la dynamique pièces de Franc Diesel avec un portefeuille de fournisseurs aussi riche que complémentaire à disposition.

Aujourd'hui, la société référence 450 équipementiers et affiche un stock de 12 000 références, dont 60 % de pièces techniques, comme pour mieux rester fidèle aux racines. De plus, aux sites de Bergerac et de Trélissac est venu s'ajouter celui de Bordeaux en 2019. Tous comprennent un espace de vente et un atelier (revendiquant notamment tous les agréments constructeurs). De quoi générer un CA de 4,6 millions d'euros en 2021 et probablement 4,8 millions, voire un peu plus, en 2022.

Une envie de réseauter

En bon patron visionnaire, Christophe Mounet ne s'en laisse pas conter et s'est lancé un nouveau défi. Le distributeur ne compte en effet qu'un seul garage sous enseigne… Une incongruité qui sera vite corrigée. "C'est l'autre grande vertu de notre arrivée chez Groupauto. Nous allons enfin pouvoir nous développer sur cette problématique grâce à une offre bien pensée, avec à la fois de la pièce et du service." Le patron s'est fixé comme objectif de rassembler 4 ou 5 ateliers d'ici la fin 2023 alors que, pour structurer cette démarche, un collaborateur sera prochainement dédié à l'animation de ce futur réseau.

Dans ce beau panorama, la seule ombre concerne le recrutement, comme dans beaucoup d'affaires du monde de la rechange. Une problématique terriblement difficile à résoudre, qui peut refroidir les velléités de développement de certains patrons et incite Christophe Mounet à la prudence.

L'image de notre métier auprès des jeunes n'est pas bonne, pas assez attractive. On traîne aussi un a priori selon lequel les niveaux de rémunération seraient très bas. Ce qui est faux, un vrai effort a été faitsouligne le dirigeant.

Franc Diesel compte 32 collaborateurs pour trois postes vacants. Fin gestionnaire, Christophe Mounet aimerait, dans la mesure du possible, être en sureffectif. "Si un employé choisit de partir, en un mois il a quitté l'entreprise. Pour trouver son remplaçant, il faudra peut-être attendre six mois…" Un problème, certes, mais qui n'entrave ni l'optimisme ni les ambitions de l'entrepreneur, à la tête d'une société plus dynamique que jamais.

Vous devez activer le javacript et la gestion des cookies pour bénéficier de toutes les fonctionnalités.
Partager :

Sur le même sujet

cross-circle