"Motorgate" : des automobilistes portent collectivement plainte contre Renault Group
Le 5 juin 2023, le tribunal de Nanterre a enregistré les premières plaintes de l'action collective contre le "motorgate" de Renault-Nissan. Celles-ci ont été initiées à la suite de l'échec des négociations avec Renault Group. Elles concernent des véhicules fabriqués entre octobre 2012 et juin 2016, avec un moteur défectueux Renault 1.2 TCe ou Nissan DIG-T.
Au total, 1 874 automobilistes se sont déjà inscrits sur la plateforme d'action collective MyLeo - créée par l'avocat Christophe Lèguevaques - à l'heure où nous écrivons ces lignes. Mais ces plaintes enflent d'heure en heure, promettant d'être encore plus nombreuses... Les inscriptions sur ce site restant ouvertes jusqu'au 11 septembre 2023.
Plus de 130 000 véhicules concernés
"Aujourd'hui, on est presque 2 000 personnes. Et comme les inscriptions continuent à courir, on peut être encore plus. Ce n'est plus simplement un face-à -face entre un géant et une personne isolée", a affirméChristophe Lèguevaques à l'AFP. Ces plaintes visent le constructeur-motoriste pour "tromperie, mise en danger de la vie d'autrui, escroquerie et pratiques commerciales trompeuses". Les cas les plus sérieux concernent les automobilistes ayant subi une casse mécanique sur autoroute.
En tout, les moteurs incriminés auraient équipé 133 050 véhicules du parc français – sur un total de 400 000 exemplaires fabriqués. Parmi ceux-ci figurent une grande partie de la gamme de Renault (Clio, Mégane, Kangoo…), ainsi que Dacia (Duster, Dokker, Lodgy), Nissan (Juke, Qashqai 2 et Pulsar) et le Mercedes Citan, clone du Renault Kangoo. Leurs moteurs sont victimes d'une erreur de conception.
Ils sont sujets à une surconsommation d'huile, qui tend à se mélanger à l'essence. Ce mélange génère des déchets carbonés, susceptibles de s'agglutiner dans les soupapes et de les casser. D'après l'avocat, cette panne grave survient souvent après 40 000 à 60 000 kilomètres, à 130 km/h. La vitesse du véhicule chute alors dangereusement à une vitesse de 50 à 60 km/h.
Désaccords sur la prise en charge
Face aux plaignants, Renault se défend, affirmant que son moteur demeure sûr et conforme à la réglementation. "93% des cas clients identifiés, ayant rencontré une difficulté dans l'utilisation de leur véhicule, équipé d'un moteur 1.2 TCE produit entre octobre 2012 et juin 2016, ont bénéficié d'une prise en charge", affirme l'un de ses porte-paroles à l'AFP. Il précise que le groupe "n'a jamais cessé et continue d'examiner les demandes qui lui sont adressées. Les demandes de participation qui n'ont pu être accueillies ont toutes fait l'objet d'un examen attentif de leurs éléments constitutifs et une réponse a été apportée".
Précisément, les plaignants contestent notamment ce dernier point. Le groupe n'assumerait pas toujours entièrement ses responsabilités sur toutes les défaillances identifiées au sein de son réseau. Pourtant, dès 2019, l'association de consommateur UFC-Que Choisir avait tiré le signal d'alarme sur ce problème. L'année suivante, les automobilistes concernés avaient commencé à échanger et à se structurer via les réseaux sociaux. De nombreux témoignages y illustrent le mécontentement de conducteurs, non satisfaits de la prise en charge de leurs problèmes par la marque concernée
Sollicité par ces automobilistes, Christophe Lèguevaques avait proposé en janvier 2022 d'initier cette action collective. Celle-ci vise à faire intégralement indemniser par le constructeur les préjudices subis, sans recherche d'enrichissement (contrairement aux systèmes judiciaires anglo-saxons). Les plaignants comptent se faire dédommager leurs frais de réparation, location de véhicules de remplacement, perte à la revente, risque d'accident, atteinte morale, etc.