“Notre métier est né de l’évolution des fabricants et des distributeurs”
Quel est votre parcours ?
Je gravite dans le secteur de la batterie depuis un peu plus de quinze ans, puisque j’ai fait mes armes chez Johnson Controls, le leader mondial. D’abord responsable commercial, je suis devenu chef de produit pour un modèle spécifique, l’Optima, dont nous avions racheté la licence. Par la suite, j’ai eu la charge de la rechange constructeur et j’ai enfin été directeur du réseau Varta Power Zone, créé il y a cinq ans pour fédérer des spécialistes batteries. Et j’ai rejoint Manbat il y a un peu plus d’un an.
Peut-on présenter brièvement Manbat France ?
La raison sociale de Manbat France est en fait Batteries Accus Technologies. Du nom d’une société de distribution de batteries à la base, un spécialiste créé par Frédéric Levert-Frebault lui-même, ex-Johnson Controls. Il a alors été approché par le groupe américain Ecobat Technologies, leader mondial de la production et du recyclage de plomb, qui l’a racheté en décembre 2013, avec la volonté de se développer dans la distribution, avec un modèle particulier. C’est là que Frédéric Levert-Frebault, que je connaissais, est venu me voir pour développer la structure. Manbat est en fait le nom commercial choisi afin de s’uniformiser à l’avenir avec les autres pays d’Europe.
Pourquoi Ecobat ne s’est-il pas directement offert plusieurs spécialistes, voire même un réseau déjà en place ?
Déjà, il n’y a pas de réseau totalement intégré en France. Ils sont tous constitués d’une multitude d’indépendants ou franchisés, et Ecobat avait la volonté de maîtriser son développement et de le faire à son image. Nous avons néanmoins un plan de développement optimiste, et aucune porte n’est fermée. Il pourra se faire en croissance externe ou en création pure de site, mais Ecobat n’a pas vocation à prendre seulement des parts dans des entreprises existantes.
Revenons à Manbat France. Comment fonctionnez-vous ?
Nous disposons d’un dépôt central à Nevers et distribuons trois gammes sur toute la France. Notre modèle est né de la difficulté grandissante des fabricants à stocker. Nous, nous proposons à nos clients l’ensemble des produits dont ils ont besoin, disponibles de suite.
En fait, vous êtes une sorte de plate-forme spécialisée, un peu comme celle que l’on croise dans la distribution de pièces…
C’est exactement ça. Nous sommes un “master distributeur”. Car, de l’autre côté, avec la LME, les petits spécialistes batteries, qui enregistrent un CA de 400 000 à 800 000 euros, ont, eux aussi, tendance à stocker de moins en moins, pour éviter l’immobilisation financière et gagner sur l’espace de stockage. Je rappelle que, pour commander en direct chez un fabricant, il faut parfois acheter un camion ! Chez nous, c’est plutôt l’épicerie. Le client peut prendre dix exemplaires de telle référence dans telle marque, puis cinq autres d’une autre marque ou référence, etc. Et cela, tout au long de l’année. Nos clients sont donc des spécialistes batteries, puis des distributeurs de pièces, et enfin des centres-autos, des Lisa…
D’une certaine manière, vous êtes concurrents des plus gros spécialistes batteries ?
Au plan local, oui, cela peut arriver. Mais je souligne aussi que certains gros spécialistes ont aujourd’hui tendance à se détourner des fabricants pour venir vers nous pour leurs commandes. Certes, cela peut présenter un léger surcoût, compensé par notre flexibilité et notre réactivité. Par ailleurs, nos efforts en pricing et en sourcing nous permettent de proposer des offres compétitives.
Comment s’organisent vos gammes ?
Nous distribuons la gamme Varta, suivie de la marque TAB, un fabricant slovène. Enfin, nous avons notre propre marque, Numax, lancée en France en avril dernier et fabriquée à 80 % par le Coréen Atlas. C’est une gamme complète, incluant AGM, Premium type Blue Dynamic de Varta, PL, loisir… En AGM, nous avons même les deux bacs D23 et D26, qui sont montés dans les véhicules asiatiques et que les grands fabricants ne proposent pas.
Cette gamme est disponible chez les spécialistes batteries, mais on la voit également chez certains distributeurs et des discussions sont en cours avec des centres-autos. Mais l’idée n’est pas de mettre Numax partout. La marque doit rester un produit de différenciation, que nous proposons à nos partenaires proches. Quant au niveau de prix, TAB et Numax présentent sensiblement le même, environ 20 % inférieur à celui des marques Premium.
Comment s’articule votre développement ?
En France, nous avons fait 7 millions l’année dernière et, à ce jour, nous enregistrons une progression de 45 % sur les sept premiers mois. Nous devrions réaliser 8 millions de CA cette année. C’est la raison pour laquelle nous devons encore nous structurer. Nous disposions auparavant d’un dépôt de 250 m2, devenu depuis très insuffisant pour gérer 6 millions d’euros de CA. Désormais, nous stockons en moyenne entre 500 et 600 palettes sur 1 200 m2, et nous avons 10 000 m2 constructibles autour, nous avons donc de la marge ! Cet outil logistique nous a permis d’élargir nos gammes, nos stocks, et de pouvoir de mieux en mieux répondre à la demande. Et dans cinq ans, nous ambitionnons de doubler le CA.
Quelle est votre position face aux groupements de distribution ?
Auparavant, nous étions trop petits et pas suffisamment connus pour les intéresser. Aujourd’hui, nous sommes référencés par l’Autodistribution pour sa partie industrie, Orexad. Ce sont des marchés que l’on commence à approcher. Nous pensons pouvoir leur apporter une valeur ajoutée, notamment la livraison directe sur un certain nombre de sites. Car la gestion de la batterie sur leurs grandes plates-formes nationales est complexe…