Quand des mécaniciens suédois résistent à Tesla

En Suède, voilà deux ans qu’une soixantaine de mécaniciens au service de Tesla tiennent la ligne de piquet, défiant l’un des géants de l’industrie automobile mondiale.
Leur revendication ? Un accord collectif fixant les salaires, horaires et conditions de travail. Un principe assez commun en Suède, où 70 % des salariés sont syndiqués et 90 % couverts par de tels accords.
La firme d'Elon Musk défie le modèle suédois
L’origine du conflit remonte à octobre 2023, quand le syndicat IF Metall a appelé à la grève après plusieurs tentatives infructueuses pour engager le dialogue avec la filiale locale de Tesla. Ce refus est alors perçu comme une provocation.
La position du constructeur américain s’inscrit dans la droite ligne de son patron, Elon Musk, farouche opposant aux syndicats. L’entrepreneur estime que ces structures "créent de la division" au sein des entreprises. En Suède, ce discours heurte de plein fouet une culture du compromis social.
En refusant tout accord collectif, Tesla revendique une autonomie managériale totale : ses responsables assurent offrir de "bonnes conditions" directement aux employés, sans intermédiaire syndical. Une philosophie héritée de la Silicon Valley, où la flexibilité prime sur la régulation.
David contre Goliath à la sauce nordique
Très vite, la grève a dépassé le cadre des ateliers Tesla. D’autres syndicats se sont joints au mouvement : les dockers scandinaves refusent désormais de manutentionner les véhicules du constructeur, les électriciens ont cessé de raccorder ses bornes de recharge, et les éboueurs n’assurent plus la collecte des déchets devant les sites Tesla.
Mais malgré ce blocus partiel, Tesla continue d’opérer, recrutant de nouveaux techniciens pour remplacer les grévistes… Une pratique inédite en Suède depuis les années 1930.
Pour beaucoup d’observateurs, l’enjeu dépasse largement les mécaniciens concernés. Le conflit teste la résilience du modèle social suédois face à une entreprise mondialisée qui refuse ses règles du jeu. Selon plusieurs médias locaux, si Tesla venait à l’emporter, d’autres multinationales pourraient être tentées de suivre la même voie.
À l’inverse, céder aux syndicats risquerait pour le constructeur d’encourager des revendications similaires ailleurs, notamment en Allemagne et aux États-Unis, où la syndicalisation des salariés de Tesla reste un sujet sensible.
