Thierry Michel (Fradis), reconnu par ses pairs
Surpris, assurément, mais aussi très "honoré et heureux". Tel était le sentiment de Thierry Michel à l'annonce de cette récompense attribuée par les GPR. "Il y a un peu de fierté qui s'en dégage. J'y vois la reconnaissance de mes pairs." Trois ans après son entreprise, lauréate du prix du Distributeur Groupe en 2020, c'est au tour du Francilien d'être directement mis à l'honneur.
Un comble pour cet homme qui, malgré son infatigable engagement, a toujours préféré l'ombre à la lumière. Jamais sur le devant de la scène, mais jamais très loin non plus, Thierry Michel est une figure aussi incontournable que respectée de la rechange tricolore. Un milieu dans lequel il a baigné pendant 35 ans. Après de brillantes études (prépa HEC, Essec), il intègre en 1987 l'entreprise familiale, France Distribution ou Fradis, fondée douze ans plus tôt par ses parents. Aux côtés de son père Alain, il découvre alors les rouages de son métier et de ses instances.
En 1999, il prend la relève de son aîné avec un style bien à lui, plus mesuré, moins omniprésent, sachant déléguer et s'entourer, mais avec une stratégie partagée. Pour exister, il faut avoir une maîtrise aussi forte que possible de sa zone de chalandise. Une philosophie qui conduira Fradis à étendre son rayonnement, à grandir et à devenir un rouage essentiel du marché régional, mais aussi d'Autodistributon.
Le groupement et la société val d'oisienne ont croisé leur route en 1990. Thierry Michel intègre très vite une commission, monte en grade et se voit confier plus tard la présidence des adhérents. Une responsabilité pleinement assumée grâce à laquelle le dirigeant vit un moment charnière de son organisation. Dans les années 2000, Autodistribution se porte mal et donne peu de crédit à ses adhérents.
Une aventure collective
"Les indépendants étaient, au mieux, la cinquième roue du carrosse. Or, ce sont eux qui ont contribué à sauver l'AD à cette époque", rappelle-t-il. S'amorce alors un mouvement de fond où quasiment tous les développements vont passer par des commissions auxquelles prendront part ces derniers.
Avec Jean-François Niort, Thierry Talbot, Didier Hubert ou Joseph Grossmann, il contribue à redresser la barre et à rééquilibrer les forces. Sans le moindre ressentiment. "Il fallait apporter de la cohérence entre les filiales et les indépendants. Depuis une douzaine d'années, nous avons réussi, collectivement, à créer un sentiment de convergence et d'appartenance."
Mais toutes les belles histoires ont une fin. La sienne est actée depuis plusieurs mois. Père de trois grands enfants évoluant dans d'autres univers, Thierry Michel savait depuis longtemps qu'il ne pourrait pas transmettre cet héritage à la nouvelle génération. Quelques semaines avant le départ de son père en 2019, il s'en était même ouvert auprès de lui. Un choix compris par ce dernier. En octobre 2022, Fradis a été vendue à son groupement.
En janvier, Erwan Baudimant, précédemment à la tête d'Autodistributon Armorique, a été nommé pour lui succéder. D'ici la fin décembre, après une transition en douceur, Thierry Michel et son fidèle bras droit et ami, Marc Jouas, quitteront définitivement la société. Non sans un pincement au cœur. "Vendre était une évidence eu égard à la situation de mes enfants, mais ça n'en reste pas moins une décision difficile car il y a beaucoup d'affectif", souligne-t-il.
Son objectif était ainsi de préserver ses équipes tout en pérennisant Fradis. Ce que Autodistribution lui a garanti. L'avenir s'écrira désormais en famille. Le bientôt ex-dirigeant compte donner un coup de main à ses enfants dans leurs entreprises respectives, mais aussi soutenir son épouse dans la petite maison d'édition qu'elle a créée. De beaux projets en perspective.