TR 2020 : Carole Grail, sacrée force de caractère
Ne vous fiez surtout pas aux apparences. Derrière son physique de poche et sa voix fluette, Carole Grail est un sacré personnage. Avec elle, et comme il est de coutume chez les gens du Forez, chaque mot est compté, ce qui ne fait que renforcer leur portée. Contrairement à ce que pourrait raconter l’histoire sur le papier, notre Jeune Manager de l’année s’est construite par elle-même.
Fille de François Cluzel, figure stéphanoise qui a fondé en 1996 le garage Poids Lourds Ondaine (au Chambon-Feugerolles, avant APL 42, à Saint-Étienne, en 2011), elle a logiquement grandi dans un univers où l’entreprise familiale était omniprésente. Sans toutefois en souffrir. “Mes parents se sont beaucoup investis, raconte l’intéressée. Mon père partait tôt, rentrait tard, travaillait les weekends… Mais pour moi, c’était la vie normale, celle d’une famille où la notion de travail est fondamentale.” En pareil cas, on a vu des descendants tourner les talons, pour un temps ou définitivement, histoire de se délester d’un environnement pesant. Carole Grail, elle, ne s’est pas posé la question.
François et Mauricette Cluzel n’ont jamais fait de leurs quatre enfants des héritiers d’un trésor qu’ils n’auraient pas choisi. Son histoire n’appartient qu’à elle. Après le bac, au cours de ses études supérieures, elle se teste dans le prêt-à-porter. Une déception, car “pas assez technique”. En dernière année d’école de commerce, elle doit réaliser une étude de cas pour valider son diplôme. Ça tombe bien, son père souhaite se développer dans la carrosserie. De quoi rendre cette analyse scolaire on ne peut plus concrète.
L'envie de voir encore plus grand
Dans un sourire, elle explique ainsi avoir surtout eu, à ce moment précis, “l’impression d’être Obélix et de tomber dans la marmite !” Force et envie décuplées, sa voie est désormais toute tracée. Commerciale à ses débuts, elle enchaîne sur la gestion de l’activité chronotachygraphe, puis découvre le négoce de pièces avant de se mettre à la mécanique poids lourd. Ce tour d’horizon formateur nourrit un esprit qui a sans cesse besoin de se remettre en question et de découvrir de nouvelles choses. “Le jour où je n’apprends plus rien, j’arrête”, confirme-telle.
À cette époque, en même temps que le bagage se remplit, le cuir se tanne au gré des réflexions et autres préjugés. Fille de, trop jeune, petite nouvelle, femme dans un milieu d’hommes… tout y passe, et tout finit par passer. “Si on s’en tient à mon âge, mon sexe ou mon physique, effectivement je n’ai pas ma place ici mais en attendant, j’ai d’autres atouts.” À commencer par une force de travail sans doute inscrite dans l’ADN des Cluzel. Pour tenir la comparaison et éviter les pièges, elle veut tout comprendre. Au quotidien, cette titulaire du permis PL se comporte telle une employée lambda, fait parler son leadership naturel, se montre ouverte mais décisionnaire, et s’attache à poser sa patte sur les missions qui lui reviennent.
De quoi rendre assez naturelle sa nomination, en 2017, à la direction générale. Sous sa houlette, APL 42, par ailleurs affilié au groupement Partner’s, s’est renforcé (recrutement), a grandi (rachat d’un site Laurent Poids Lourds sur “Saint-É”) et s’est agrandi (emménagement dans un nouveau bâtiment de 1 800 m²). Aujourd’hui entourée de son frère aîné Julien et, depuis l'an passé, de son mari Joris, Carole Grail semble totalement à sa place. Si le Covid-19 a laissé une trace dans le bilan 2020 de la société (le CA de 3 M€ a reculé d’environ 20 %), la dirigeante n’entend pas en rester là et ambitionne de voir encore plus grand à l’avenir.