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Equipementiers

ZF Aftermarket se tient prêt pour la reprise

Publié le 11 mars 2021
Par Mohamed Aredjal
6 min de lecture
Malgré la crise, le groupe ZF a su rapidement s’adapter aux nouvelles conditions de marché pour maintenir son niveau de service. S’ils restent prudents en raison des incertitudes liées à la pandémie, Juri Wagenleitner, directeur aftermarket Europe, et Javier Rodrigo, vice-président des ventes IAM Europe, entendent poursuivre la croissance du groupe et nous dévoilent leur feuille de route.
Juri Wagenleitner, directeur aftermarket Europe du groupe ZF.
Juri Wagenleitner, directeur aftermarket Europe du groupe ZF.

Comment faites-vous face à cette crise économique depuis début 2020 ?

Juri Wagenleitner : Très tôt, cette crise économique s’est avérée être un défi tant humain que logistique. Dès le début de la propagation du virus en Chine, nous avons formé des groupes de travail afin d’affronter au mieux cette situation inédite notamment en évaluant la meilleure façon de préserver les chaînes d’approvisionnement et surtout, de protéger nos employés.

Tout comme le virus s’est propagé de différentes façons et selon différentes dynamiques, la situation au sein de notre réseau de production mondial s’est avérée être très différente. Nous avons suivi attentivement la situation sur nos différents marchés et dans nos usines pour prendre les précautions nécessaires pour préserver notre capacité de livraison. Par exemple, des usines pour la première monte, fermées en Europe ou aux Amériques, ont été mises en service un jour par semaine pour produire des pièces de rechange. Ce fut le cas pour les embrayages, amortisseurs, pièces de châssis, etc. Cela nous a permis de répondre de manière flexible à la demande.

Tout au long de cette crise, nous sommes restés proches de nos clients, en nous assurant que nos actions soutiennent leurs activités. Il y a un an, en mars 2020 par exemple, nous avons augmenté notre volume de livraisons afin d’approvisionner les entrepôts de nos clients.

Dans l’ensemble, si l’activité est repartie, le défi lancé par le Covid n’est pas encore relevé et il nous occupera au moins tout au long de l’année 2021.

Pensez-vous que cette crise pourrait accélérer certaines évolutions sur le marché de l’aftermarket ?

J. W. : Nous constatons clairement que certaines des évolutions pré-crise progressent désormais beaucoup plus rapidement. Prenons la digitalisation qui aujourd’hui influe tant sur notre façon de travailler en interne, que celle de servir nos clients. En très peu de temps, nos experts en formation ont mis au point des formations en ligne dans lesquelles nous transmettons notre précieux savoir-faire à nos clients – et ce, en respectant les gestes barrières ! Ces formations se sont avérées si efficaces que dans un avenir proche, nous élargirons ce format.

Autre évolution ayant connu une accélération significative avec la crise : la mobilité électrique. En effet, tout porte à croire que les moteurs électriques arriveront sur l’aftermarket beaucoup plus rapidement que prévu. Il s’agit d’un défi pour nos clients et leurs clients, que nous comptons relever avec une attention particulière.

Enfin, la consolidation du marché évolue beaucoup plus rapidement et plus significativement que prévu.

De nombreux équipementiers ont été confrontés à une baisse sensible de leur taux de service en raison de la perturbation de leur outil de production par la crise du Covid-19. En avez-vous souffert également ?

J. W. : Les chaînes d’approvisionnement étaient sous tension tout au long de l’année 2020 au point d’être ramenées à un niveau proche de zéro avant d’atteindre un niveau supérieur à la normale en l’espace de quelques semaines. Bien que nous disposions de moyens internes pour faire face aux fluctuations de la demande, en diminuant ou en augmentant nos capacités dans les entrepôts et ateliers, l’effet coup de fouet dans la chaîne d’approvisionnement était considérable – et les acteurs en amont étaient dans une situation beaucoup plus difficile. Nous observons ce phénomène non seulement dans l’aftermarket, mais également au niveau de la production automobile et dans d’autres industries notamment en raison de la pénurie de semi-conducteurs et de conteneurs, ou encore de la hausse des prix de l'acier. L’industrie est toujours en passe de retrouver sa situation pré-crise, tout comme ZF Aftermarket. Mais nous progressons chaque jour.

Javier Rodrigo, vice-président des ventes IAM Europe de ZF.

Javier Rodrigo, vice-président des ventes IAM Europe de ZF.

Le marché de la distribution se concentre à grands pas en Europe depuis plusieurs années, faisant émerger des géants de la pièce de rechange. Quelles sont vos relations avec ces groupes dont les positions se sont renforcées ces dernières années ?

Javier Rodrigo : Nous entretenons une relation très étroite avec nos clients. L’orientation client est d’ailleurs l’un des piliers de notre stratégie. Nous travaillons sans relâche pour améliorer l’expérience client, et la rendre aussi pratique que possible. Par exemple, nous avons créé des interfaces dédiées et nous continuons à faire évoluer notre organisation dédiée aux grands comptes pour répondre aux besoins spécifiques de ces géants de la pièce détachée.

Dans le même temps, nous considérons les petits et moyens clients comme tout aussi importants que les gros. Selon les pays d’Europe, ceux-ci représentent entre 50 à 80% du marché – ils sont donc essentiels pour fournir des services de mobilité aux ateliers et aux clients finaux. Ce qui compte pour nous, c’est d’établir un partenariat durable avec nos clients, débouchant sur des effets positifs à long terme pour les deux parties, et sur une fidélité à toute épreuve.

Le groupe ZF a mené plusieurs opérations de croissance externe ces dernières années (TRW Automotive, Wabco, etc.). Quels bénéfices avez-vous tiré de ces acquisitions sur le marché de l’aftermarket ?

J. W. : Ces acquisitions n’ont pas seulement été motivé par le marché de l’aftermarket, mais aussi par l’ensemble des activités ZF chaque acquisition du groupe s’inscrivait dans une logique industrielle claire. Avec l’acquisition de TRW, nous avons renforcé nos capacités en matière de technologies de sécurité active. Avec Wabco, nous avons augmenté notre empreinte dans le secteur du poids lourd, moins affecté par les tendances perturbatrices que le secteur des voitures particulières. Ces deux dernières acquisitions réduisent également notre dépendance aux moteurs à combustion.

Nos clients de l’aftermarket bénéficient de ces acquisitions de différentes façons.  Nous sommes devenus un partenaire encore plus solide pour soutenir leur développement commercial. Nous disposons d’une puissance financière et intellectuelle suffisante sur laquelle nos clients peuvent compter pour faire face aux perturbations continues de la chaîne de valeur du marché de la rechange. De plus, nous sommes en mesure de proposer un large éventail de produits et d’options de service, y compris en matière de technologies émergentes telles que les composants de véhicules électriques ou encore les solutions de connectivité. Enfin, grâce à nos équipes expérimentées et dévouées, nous sommes en mesure de soutenir la croissance de nos clients aux quatre coins du monde.

Les plus grands équipementiers n’ont cessé ces dernières années de diversifier leurs activités aftermarket en développant de nouvelles familles de produits pour répondre à la stratégie du one stop shop des distributeurs. Est-ce une stratégie partagée par ZF ?

J. R. : Comme mentionné précédemment, nous sommes en mesure de fournir un large éventail de produits et de services. ZF est en position de force car nous sommes un équipementier OE leader des technologies conventionnelles et nouvelles.

Dans le même temps, nous élargissons non seulement notre gamme, mais nous travaillons également les portefeuilles de produits OE existants afin de répondre aux besoins de nos clients. Outre les produits, nous développons régulièrement de nouvelles solutions et de nouveaux services pour nos partenaires tels que nos programmes ZF [pro]Tech et ZF [pro]Points ou encore des solutions apportées un peu partout dans le monde avec notre réseau de points de service ZF.

Envisagez-vous le développement de nouvelles familles de produits à terme ?

J. R. : En plus des points mentionnés ci-dessus, je tiens à souligner que notre mission est de soutenir l’avenir de la mobilité avec des solutions qui répondent aux besoins d’aujourd’hui et aux tendances de demain. À titre d’exemple, nous apportons au marché de la rechange des produits innovants en matière de sécurité active, de mobilité électrique ou des technologies poids lourds. En conjuguant des produits et des services de manière intelligente, nous créons une réelle valeur ajoutée pour nos clients et leurs clients en matière de mobilité.

En première monte, les innovations sont aujourd’hui très orientées vers la connectivité, l’électrification et l’automatisation du véhicule. Comment préparez-vous l’arrivée de ces technologies sur le marché de la rechange indépendante ?

J. R. : Avec nos produits et services, nous veillons à ce que nos partenaires soient préparés au mieux pour l’avenir, tout en contribuant de manière concrète au développement de l’Aftermarket de demain. En tant qu’équipementier OE majeur, nous fournissons, par exemple, des produits spécialement développés pour les véhicules électriques et hybrides au marché de la rechange indépendante et soutenons les distributeurs ainsi que les ateliers avec nos solutions de connectivité dans divers segments. Nous contribuons aussi au développement de nos clients avec des offres de formation sur les systèmes haute tension ou encore sur les Adas. Afin de traiter ces sujets en toute pertinence et d’être tournés vers l’avenir, nous investissons également dans le recrutement de talents dotés de nouvelles compétences.

 

Retrouvez notre dossier consacré au marché de l'IAM en Europe dans le J2R n°111 du mois de mars.

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