Automobile : 30 % des entreprises menacées de faillite
Alors que le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, a annoncé ce 18 mais qu'il dévoilerait un plan de soutien à l'industrie automobile sous 15 jours, le CNPA a tenu à alerter le gouvernement sur la situation financières des entreprises de la filière aval. Un mois après sa première enquête sur l'impact de la crise du coronavirus, le syndicat patronal a dévoilé les résultats d’une seconde étude, qui accentuent la tendance observée. En effet, 30 % des entreprises du secteur craignent aujourd’hui la faillite, ce qui mettrait en jeu 40 000 à 50 000 postes.
Les ateliers retrouvent des couleurs
Si la reprise est amorcée depuis le 11 mai 2020, la crise a profondément affecté le moral des chefs d’entreprises, qui se montrent particulièrement inquiets pour leur avenir. Selon l’étude du CNPA, 64 % d’entre eux estiment que la reprise sera lente et progressive, en particulier dans le secteur du commerce automobile (76 %) et de la location de véhicules (92 %).
Dans ce contexte, plus de 60 % des entreprises envisagent de prendre des mesures financières et sociales pour leur exploitation, en particulier les concessionnaires (70%) et les loueurs de courte durée (92 %). Autre chiffre intéressant : 51 % d’entre elles envisagent de reporter leurs investissements, tandis que 39 % prévoient de les annuler totalement. Plus du tiers des professionnels envisagent un plan de restructuration, un plan social, voire des licenciements.
Seul motif d’optimisme : une fréquentation plus soutenue est à constater en entretien-réparation, en raison de la nécessité d’entretenir le parc automobile après la période de confinement. "Les carnets de commande sont remplis jusqu’à début juin mais les règles sanitaires mises en place ralentissent cependant le nombre d’entrées en atelier", constate le CNPA.
Un plan de relance pour la filière
Dans ce contexte, l’organisation appelle au maintient des dispositifs d’accompagnement mis en place par l’Etat. Ainsi, 62 % des entreprises demandent la prorogation des mesures d’urgence (chômage partiel, prêts garantis par l’Etat, Fonds de solidarité) jusqu’à l’automne, tandis que 84 % des entreprises réclament une exonération totale de charges fiscales et sociales. "Les prêts garantis par l’Etat doivent avant tout permettre aux entreprises de consolider leurs fonds propres et d’investir, plutôt que de combler les déficits de trésorerie générés par la crise", insiste le CNPA.
Compte-tenu des perspectives économiques et sociales, le syndicat professionnel appelle également à un effort particulier sur l'emploi des jeunes et sur l’apprentissage. Faute de plan dédié, celui-ci estime que la dynamique en faveur de l’alternance risque d’être "brisée" alors que les services de l'automobile forment et recrutent jusqu'à 35 000 alternants chaque année.
Dans ce contexte, le CNPA estime que la relance de la filière automobile repose, non seulement sur l’amont, mais également sur l’aval. "Si le gouvernement doit mettre en place un plan de relance à court terme, ce plan doit être équilibré entre l'offre et la demande, avec une priorisation d'une stimulation de la demande par des mesures "coups de fouet". Ce plan doit être également équilibré entre les différentes composantes de la filière : les services doivent être accompagnés dans la transformation, notamment digitale, qui est à l'œuvre. L'accès aux différents fonds de modernisation et de restructuration prévus pour accompagner en particulier la sous-traitance industrielle doit être en ce sens élargi aux métiers du service", souligne l’organisation professionnelle.
Dans cette perspective, la CNPA a annoncé la présentation dans les prochains jours de son plan de relance R3, afin de permettre un réel redémarrage de l’activité automobile en France, du commerce de véhicules à leur recyclage, en passant par l’entretien et la réparation.