Comment va évoluer l’emploi dans le commerce et la réparation automobile ?
340 000 personnes, c’est ce que représente en 2021 le secteur du commerce et de la réparation automobile. Ces effectifs sont-ils amenés à croître ou à se réduire d’ici 2030 ? Pour y répondre, l'Anfa (Association nationale pour la formation automobile) a réalisé une vaste étude prospective. Le premier volet des résultats a été présenté à l’occasion d’un webinaire le 23 mars 2021.
Pour évaluer ce qui fait perdre ou gagner de l’emploi au secteur (le spectre se compose précisément du commerce, de la réparation automobile, des professionnels des motocycles, du contrôle technique et des véhicules industriels, ndlr), l'étude a identifié les différentes variables (environnementales, écosystèmes et salariés) qui l’impactent.
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Trois hypothèses extrêmes
Pour avoir un champ des possibles le plus large qui soit, nous avons fait le choix de mettre en avant trois scenarri extrêmes issus de politiques différentes", confie Marie-Sophie Girardin, responsable projets Observatoire de l’Anfa.
Partant du principe que nous traversons actuellement trois crises : économique, sanitaire et écologiques, il peut y avoir trois réponses différentes. Ainsi, l’étude élabore trois hypothèses avec d’un côté une politique d’austérité, de l’autre une politique de relance et enfin une politique de régulation écologique. Toutes trois ont des impacts distincts sur la consommation des ménages et, en fin de compte, sur le commerce et la réparation automobile.
En effet, le premier choix dont l’objectif serait le remboursement de la dette souveraine, en appliquant une politique d’austérité, amènerait le gouvernement à baisser les dépenses publiques, allouer peu de moyens à la transition écologique, réformer les régimes de répartition (retraite, chômage), ou encore bloquer les salaires. Cela pourrait se traduire par une stabilité de la taxe carbone, le développement de la répression routière ou encore la diminution des primes à la conversion. Dans ce cas de figure, les Français achètent moins de véhicules neufs et réparent plus leurs véhicules. L’impact de cette politique sur l’emploi est défavorable aux concessions et aux carrosseries, et implique une relative stabilité pour les MRA et les agents, ainsi que les professionnels du contrôle technique. En revanche, cette dernière serait plutôt favorable aux VI.
Le deuxième scenario concerne une politique de relance par une consommation plus éco-responsable. Là, le gouvernement pourrait décider de pousser les aides à la conversion, de mettre en place un nouveau contrôle technique anti-pollution, de mettre en place une politique de report modal (train, bateau), d’abaisser les limitations de vitesse ou encore de réduire les véhicules en ville. La vente de véhicules d’occasion se professionnaliserait également. Dans cette conjoncture, les automobilistes seraient donc plus enclins à renouveler leurs véhicules grâce à des systèmes de LOA ou de primes. Un système assez favorable à l’emploi dans le commerce, dans les garages, et pour les contrôleurs techniques, tout en restant relativement stable pour la carrosserie et le VI.
Enfin, la dernière situation serait la mise en place d’une politique de régulation écologique dont l’objectif premier est de lutter contre le réchauffement climatique. Dans ce cadre, une annualisation du CT pourrait voir le jour, comme l’interdiction des véhicules dans les métropoles. Des aides au remplacement seraient très appuyées, tout comme le report modal pour les camions. Enfin, la proximité zone de vie/travail serait également repensée. Avec pour conséquences, un renouvellement massif du parc de véhicules par les ménages français dans un premier temps et par une diminution de parc roulant, à terme. Ce scénario profiterait surtout aux réparateurs et aux contrôleurs techniques mais serait défavorable aux VI ainsi qu’aux concessions.
Une variation de 70 000 emplois
Nous sommes arrivés à la conclusion qu’entre les scénarii les plus éloignés : une politique de relance ou d’austérité, nous pourrions passer de 320 000 emplois à 396 000 emplois en 2030, soit une variation de 70 000 postes. Pour rappel, le secteur en compte aujourd’hui 340 000", ajoute Jocelyn Gombault, également responsable projets Observatoire de l’Anfa.
Et c’est principalement dans le secteur de la vente de véhicules neufs que l’écart se creuse. " Car l’achat de VN reste un besoin compressible", rappelle-t-il.
Selon les projections, les besoins de main d’œuvre seraient de 4 500 emplois pour le scenario de relance, de 3 500 pour la politique de régulation écologique et de – 2 000 emplois pour la politique d’austérité.
"Mais il ne faut pas oublier de prendre en compte les départs en fin de carrière, qui va continuer de croître pour atteindre environ 80 000 postes en 2030", étaye Jocelyn Gombault. Ainsi, en prenant en compte les besoins de main d’œuvre induits par les départs en retraite on tombe sur des chiffres entre 7 600 (austérité) et 7900 (relance et régulation) selon les situations.
Alors combien de professionnels le secteur devra-t-il former en 2030 ? Pour cela, une dernière variable doit être analysée : il s’agit de la mobilité intersectorielle, c’est-à-dire le nombre de salariés qui quittent le CRA pour rejoindre d’autres secteurs.
L’étude finalisée sera dévoilée par l’Anfa le 20 avril prochain lors d’un nouveau webinar.