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Libéralisation des pièces de carrosserie : et après ?

Publié le 6 mars 2019
Par Mohamed Aredjal
2 min de lecture
C’est désormais officiel : les constructeurs vont perdre le monopole de la vente des pièces de carrosserie. Annoncée le 5 mars 2019 par le Premier ministre, la mesure a été saluée par la filière indépendante qui prépare désormais l’ouverture effective de ce marché.
La fin du monopole sur les pièces captives ouvre de nouvelles perspectives aux professionnels de la carrosserie.

 

C’est un long combat qui vient de prendre fin pour les professionnels de la rechange indépendante. Ce mardi 5 mars, le Premier ministre, Edouard Philippe, a annoncé qu’il souhaite mettre fin au monopole des pièces captives pour les marques françaises, dans une allocution prononcée à l’occasion des dix ans de l’Autorité de la concurrence. Le Gouvernement souhaite ainsi diminuer le coût des réparations et favoriser le pouvoir d’achat des automobilistes.

"Les prix de ces pièces et donc ceux de la réparation sont plus élevés chez nous qu’ailleurs en Europe. Pourquoi ? En France, un constructeur bénéficie de l’exclusivité de la vente des pièces détachées visibles. La concurrence est donc trop faible. Nous prendrons des mesures qui permettront de réduire sensiblement le prix de ces pièces. Nous le ferons progressivement et en lien avec les professionnels : d’abord sur les phares, les vitres et les rétroviseurs ; puis sur les pièces de carrosserie. Et nous encouragerons l’utilisation de pièces de seconde main", a déclaré Edouard Philippe.

L’intervention a été saluée par l’ensemble de la filière, à commencer par la Feda. La fédération, qui milite depuis de nombreuses années pour l’ouverture de ce marché, a félicité cette prise de position du Gouvernement qui "reconnaît explicitement le monopole des pièces détachées comme un véritable problème". Président de l’organisation professionnelle, Alain Landec appelle désormais l’exécutif à traduire rapidement cette annonce en actes par une ouverture réelle du marché à la concurrence.

"Casser la culture" de la pièce d’origine

Une position partagée par plusieurs acteurs du marché de la rechange, à commencer par le distributeur Aniel, qui attend désormais une application rapide de cette décision, en particulier pour les pièces en tôle et en plastique. "Sur l’éclairage, le vitrage et les rétroviseurs, l’impact sera peu important. En revanche, pour les pièces de carrosserie, l’effet peut être très bénéfique. A condition que l’ouverture se fasse rapidement. Nous allons donc attendre encore un peu avant de déboucher le champagne", confie Vincent Belhandouz, président d’Aniel.

Les différents distributeurs que nous avons interrogés se montrent d’ailleurs prudents sur le développement du marché, estimant que le poids de la pièce d’origine constructeur reste encore très important dans les ateliers de carrosserie. "Il va falloir casser cette culture", reconnaît Vincent Belhandouz. Pour aider les carrossiers à se défaire de leurs habitudes, les grossistes pourront jouer sur le levier remises, les aidant ainsi à améliorer leurs marges. Une perspective plutôt positive dans une filière qui a connu une érosion de ses niveaux de rentabilité ces dernières années, sous la pression notamment des apporteurs d'affaires. 

Autre motif de préoccupation pour les professionnels de la filière : la possible arrivée sur le marché hexagonal d’acteurs étrangers au sourcing parfois exotique… En Belgique notamment, plusieurs opérateurs fourbissent déjà leurs armes. "Il y a la pièce de qualité équivalente et la pièce adaptable. La qualité de cette dernière peut parfois laisser à désirer", conclut le président d’Aniel.  

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