Opération séduction pour Mercedes
Bien que le monde de l’automobile tente d’améliorer, lentement mais sûrement, la mixité hommes-femmes au sein de ses effectifs, l’avantage des premiers sur les secondes demeure abyssal. Si de nombreux constructeurs ont choisi de prendre le problème par le haut, n’hésitant plus à placer des femmes à leur tête (Annette Winkler chez Smart, Mary Barra chez General Motors ou Linda Jackson chez Citroën), trop peu osent l’attaquer à la source. En proposant aux jeunes filles de la dernière promotion du Garac (Argenteuil, 95) de visiter son centre technique de Stains (93), Mercedes souhaitait précisément répondre à ce manque d’investissement auprès des étudiantes de la filière. Initiateur du partenariat qui lie depuis 2002 sa marque à l’école argenteuillaise, Harry Salamon, directeur général Vans de Mercedes-Benz France et superviseur de la Mercedes-Benz Academy, a ainsi rappelé que “la parité doit être notre priorité. Ma conviction sur le sujet est inaltérable et je la partage avec les écoles qui jouent un rôle important en matière de féminisation”. Volontaires sur le sujet, ces dernières se félicitent de voir la mixité de leurs classes évoluer progressivement. Le Garac n’y échappe pas. Toutes promotions confondues, elles ne sont pas moins de 26 à avoir intégré l’école en septembre dernier contre 20 à 25 lors des rentrées précédentes. Une évolution qui en appelle une autre, plus anecdotique, mais assez significative. Directeur général du Garac, Laurent Roux explique ainsi que, “pour la première fois, cette année, les femmes dominent l’encadrement de notre école en représentant 54 % du personnel”.
Un tiers des apprentis sont des jeunes filles
Deux strates différentes, mais deux mêmes dynamiques positives, qui inciteraient donc à l’optimisme ? Pas tout à fait, à en croire les deux représentants. “Si les femmes commencent à être bien présentes dans la partie vente, elles le sont beaucoup moins en après-vente”, soutient Laurent Roux, rejoint avec regret par Harry Salamon. “Que ce soit au niveau du groupe Daimler ou de Mercedes-Benz France, nous menons une vraie politique en faveur des femmes. Malgré cela, on estime qu’en France, ces dernières représentent 10 % de nos effectifs en concessions et beaucoup moins en ateliers.” En parallèle d’un vaste programme qui vise à compter, d’ici 2020, 20 % de femmes aux postes managériaux, Daimler favorise également l’intégration des jeunes filles aux fonctions techniques dès leur plus jeune âge. Au niveau monde, ces dernières représentaient ainsi un tiers des apprentis recrutés l’an dernier, “et même un peu plus chez nous”, ajoute-t-on du côté de Mercedes-Benz France. “Il est important de continuer sur cette voie, note Laurent Roux. On ne veut pas privilégier l’après-vente plutôt que la vente. Malgré tout, il est important de signaler que nos anciennes étudiantes qui se sont engagées sur cette voie connaissent des parcours moins tortueux car l’environnement y est moins concurrentiel qu’en concession.”
“Oubliez les clichés et foncez !”
Cet environnement, les étudiantes du Garac ont pu l’observer de très près le temps d’une matinée passée à Stains. Une fois les discours passés, toutes ont pu découvrir ce vaste centre ouvert en 2005 et spécialisé dans la réparation de modèles actuels ou anciens. Confiant en aparté qu’“il faut savoir donner pour recevoir”, Harry Salamon s’est comporté en hôte attentionné. Comme pour mieux leur prouver qu’elles ont leur place dans cet univers, ce dernier a accédé à toutes les demandes de ses invitées, n’hésitant pas à passer de longues minutes dans chaque partie du centre, à faire vrombir une CLS AMG présente dans l’atelier ou en demandant de rapatrier dans celui-ci la mythique 300 SL portes papillons. “C’est un métier d’une très grande richesse où vous avez toute votre place, oubliez les clichés et foncez !”, a conclu Harry Salamon devant un auditoire visiblement convaincu, qui est reparti avec des étoiles plein les yeux !