Une nouvelle année de progression pour le Superéthanol-E85

Les années se suivent et se ressemblent pour le Superéthanol-E85. Après une hausse de ses volumes de 4 % en 2020, l'agrocarburant a poursuivi sa croissance en 2021. Lors de son traditionnel point presse annuel, la Collective du bioéthanol a en effet annoncé un nouveau bond des volumes consommés de l’ordre de 33 %, soit, 467 698 m3. La consommation globale d’essence ne croît quant à elle "que" de 21 %.

Avec 420 stations-services supplémentaires (+18 %) proposant du Superéthanol E85, le réseau de distribution en compte désormais 2 725, soit 30 % du maillage national. Total Energies (840 stations-services concernées) et Intermarché (705) en représentent plus de la moitié. "Nous arrivons aujourd’hui à un maillage très conséquent", a commenté Agnès Bernard, cheffe du département énergies & prix du réseau Total Energies Marketing France. "L’objectif est d’accompagner les usagers en continuant de le renforcer." Ajoutons que l’application "Mes Stations E85", qui indique les stations les plus proches et les prix, fait aussi parti de ce dispositif et bénéficie d'ailleurs d'une nouvelle version.

Les boîtiers augmentent à vitesse grand V

Autre chiffre marquant de l’année écoulée : 30 000. C’est le nombre de boîtiers de conversion E85 homologués, soit deux fois plus qu’en 2020. FlexFuel Energy Development et Biomotors s’en partagent une grande partie. Alors que 18 modèles de kits sont actuellement homologués par l’Etat, le parc automobile recense 135 000 véhicules essences équipés d’un boîtier roulant au Superéthanol-E85. Bientôt plus ? "Aujourd’hui, 10 millions de voitures peuvent potentiellement être équipées", a affirmé Nicolas Kurtsoglou, responsable carburants du Syndicat des producteurs d'alcool agricole (SNPAA), s’appuyant sur le tant attendu arrêté du 19 février 2021 relatif aux conditions d’homologation, qui a rendu 9 voitures essences sur 10 éligibles à l’installation d’un boîtier de conversion homologué.

Aux véhicules équipés de boîtiers E85, la Collective du bioéthanol ajoute 45 000 véhicules flex-E85 d’origine, dont 6 000 nouveaux en 2021. Jaguar – Land Rover et Ford commercialisent les neuf véhicules présents sur le marché. Le constructeur a d’ailleurs accéléré le pas l’année dernière en présentant six véhicules compatibles E85, et s’attend logiquement à une forte croissance de ses ventes dès 2022.

Des parts de marché en hausse

Niveau parts de marché, là encore le bioéthanol se porte bien. En particulier le SP95-E10 qui affiche 51,3 % de part de marché. "La fin d’année est particulièrement remarquable avec une part de marché record en décembre : 55,6 %", a ajouté Nicolas Kurtsoglou. Le Superéthanol-E85 a lui aussi connu un record lors du dernier mois de l’année : 4,6 % de parts de marché, l’amenant à 4 % sur l’année complète.

La Collective du bioéthanol a profité de ces bons chiffres pour rappeler de nouveau tout l’intérêt de ce biocarburant, notamment sur le plan économique : "En moyenne, sur les cinq dernières années, un automobiliste roulant au Superéthanol-E85 a économisé 500 euros par an, a raison de 13 000 kilomètres effectués, selon Nicolas Kurtsoglou. Pour 20 000 kilomètres, on monte à plus de 800 euros par an." Avec un prix de 0,75 euro par litre au 21 janvier, l’E85 est bien inférieur au SP95-E10 (1,70 euro), et au gazole (1,65 euros). La taxe sur le Superéthanol est également moindre, inférieure 12 centimes par litre.

Des attentes vis-à-vis de l’Europe

Après les bons résultats de 2021, la Collective du bioéthanol espère encore mieux pour 2022. "Atteindre régulièrement les 5 % sur un mois pour le Superéthanol-E85, et 60 % pour le SP95-E10", annonce Sylvain Demoures, secrétaire général du SNPAA, qui souhaite aussi passer la barre des 3 000 stations-services Superéthanol-E85.

Sur le plan législatif, la Collective souhaite que l’Europe généralise le plafond d’incorporation de biocarburants conventionnels, qui est de 7 % de l’énergie contenue dans les carburants. En en faisant un taux moyen pour l’ensemble des pays membres, les bons élèves comme la France (déjà à 7 %), pourraient dépasser ce seuil et ainsi combler le déficit des pays en retrait sur ce sujet.

Enfin, l’organisation souhaite discuter de l’interdiction prévue à partir de 2035 de la vente des véhicules thermiques neufs. Selon elle, un véhicule hybride rechargeable flex-E85 émet moins de CO2 pendant toute sa durée de vie qu’un véhicule 100 % électrique avec batterie à forte autonomie. Elle estime qu’une analyse complète de cycle de vie est nécessaire "pour prendre en compte la totalité des émissions de gaz à effet de serre causées par la construction du véhicule et de la batterie et des émissions nettes dues à la production et à l’utilisation de l’électricité et des carburants".