Superéthanol-E85 : les conversions continuent de ralentir

A l'heure du bilan, la Collective du bioéthanol dresse un état des lieux contrasté de sa filière. Première bonne nouvelle : le parc flex-E85 a augmenté de 8 % en 2024, atteignant les 400 000 véhicules (371 000 à fin 2023). On en recense 250 000 équipés de boîtiers E85, et 150 000 flex-E85 d’origine.
En revanche, du côté des conversions, les fortes progressions du début de la décennie sont terminées. Quelque 30 000 boîtiers Superéthanol-E85 ont été installés en 2024, soit le même nombre environ que l'année précédente.
Pour mémoire, en 2022, 85 000 nouveaux kits de conversion avaient été montés dans les ateliers. Mais ce chiffre n'inquiète pas les fabricants de boîtiers, qui continuent d'innover, à l'instar de Biomotors avec sa nouvelle technologie BioFlex Air.
Un euro d'écart entre l'E10 et l'E85
Malgré ce coup de frein sur les conversions, la Collective du bioéthanol souligne d'ailleurs que la consommation de Superéthanol-E85 a progressé l'an dernier. "En 2024, on recense une augmentation de 6 % de la consommation d'éthanol dans les carburants essences", avance Sylvain Demoures, secrétaire général de Bioéthanol France (ex-SNPAA).
Autre bonne nouvelle : le Superéthanol-E85 a vu son prix à la pompe chuter de 12 centimes d'euros en un an, atteignant 0,78 euro le litre au 24 janvier 2025. C'est tout juste 1 euro de moins que le SP95-E10 (1,78 euro par litre), qui détient la plus forte part de marché – et de loin – sur les essences.
"Cela se traduit par des économies moyennes grâce à l'E85 sur les cinq dernières années de 729 euros sur 13 000 km et de 1 120 euros sur 20 000 km", analyse Nicolas Kurtsoglou, ingénieur responsable carburants de Bioéthanol France. Quand le SP95-E10 représente plus de la moitié de la consommation d'essence, l'E85 croît doucement, à 6 % de part de marché.
La législation aidera-t-elle l'E85 ?
Un point législatif pourrait encore aider ce carburant à se développer. Depuis le 1er janvier 2025, les entreprises dont la flotte automobile est composée de voitures combinant l’électricité et le Superéthanol-E85 émettant moins de 250 g CO2/km bénéficient d’une réduction de 40 % des émissions de CO2 pour le calcul de la taxe sur les véhicules de société.
Côté approvisionnement, la France compte plus de 3 800 stations E85, soit 40 % des stations-service. On en recense ainsi 268 supplémentaires en un an (+7 %). "En dix ans, cela fait 3 300 stations de plus. C'est en moyenne une nouvelle station qui propose de l'E85 par jour", commente Nicolas Kurtsoglou. L'application "Mes Stations E85" est toujours poussée pour faciliter l'accès à ces stations, avec les prix mis à jour quotidiennement. Près de 50 % des sites sont situés dans les régions Occitanie, Paca et Hauts-de-France.
"La décarbonation du parc automobile existant et à venir est une priorité absolue à laquelle la filière du bioéthanol contribue activement. Le Superéthanol-E85, grâce aux boîtiers de conversion E85 et aux voitures flex-E85 d’origine, est déjà une solution opérationnelle qui a démontré son efficacité sur le plan environnemental et comme réponse anti-inflation. Il permettra aux automobilistes de continuer à se déplacer, selon leurs besoins incompressibles, tout en apportant une contribution majeure à l’effort national de décarbonation après 2035", conclut Bioéthanol France.