Carflex lance son cri d’alarme pour sauver les carrossiers
Le 15 septembre 2021 la "Tribu" invite les acteurs de la carrosserie à discuter et à chercher des solutions face à la hausse du prix des produits de peinture, à la Tour de l’Horloge de la gare de Lyon (Paris). Carflex propose de réunir autour de cette table ronde carrossiers, fabricants de peinture, distributeurs, assureurs et mandataires. Ce rendez-vous est fixé en conclusion du "cri d’alarme" lancé par ce réseau, pour éviter aux réparateurs d’entrer dans un cercle vicieux.
Lire la lettre ouverte de Carflex : "Cri d'alarme", la lettre ouverte de Carflex au sujet de l'augmentation des tarifs de peinture
Un déficit persistant
Cette lettre ouverte débute en annonçant que les "confirmations par l’intégralité des fabricants de peinture automobile de nouvelles augmentations pour le second semestre 2021 [sont de] véritables provocations compte tenu des augmentations d’ores et déjà pratiquées à la fin de l’année 2020". Pourquoi un tel emportement de ces carrossiers ? Parce qu’ils rappellent que l'activité des ateliers reste plombée par la crise sanitaire. Et la reprise enregistrée ces derniers mois n'a pas permis aux réparateurs de renouer avec leur volume d'affaires d'avant Covid-19.
Ainsi, les +11,1 % du premier semestre 2021 (du baromètre CNPA-Solware) représentent un repli de -7,1 % par rapport à 2019. Leur métier dépendant de l’accidentologie, "durant les confinements, les véhicules n’ont pas été utilisés : ces chantiers […] manquants ne sont pas retardés, ils n’existeront simplement pas !" La crise sanitaire a donc engendré "une perte sèche de chiffre d’affaires" pour les carrossiers.
La peinture, dernier levier de régulation
Les réparateurs Carflex soulignent que les dernières hausses de prix de peinture constatées atteignent 4,95 % à 10 %… Et s’ajoutent aux augmentations de 3,5 % à 5 %, fixées à la fin de l’an dernier. Le contexte de ces évolutions tarifaires est une augmentation globale du coût moyen de réparation en 2020 (+6,7 % d’après SRA). La peinture ne représente que 10,3 % du montant la facture du carrossier, derrière les pièces (50,9 %) et la main d’œuvre (38,8 %). Mais sur le poste le plus important, les constructeurs automobiles imposent une accélération de l’augmentation tarifaire (+8,1 % sur les pièces consommées en 2020). Tandis que sur plusieurs années, la hausse de la main d’œuvre (+3,2 % en 2020) reste sous le niveau de l’inflation… Les ingrédients peinture sont donc le dernier levier de régulation du prix des réparations.
Facteur aggravant pour les réparateurs : la hausse des prix – due à l’augmentation du coût des matières première à la suite de la réduction de leur production – frappe d’autant plus durement les réparateurs que ceux-ci ne peuvent pas les reporter sur leurs clients. Ainsi, "les industriels nous répercutent automatiquement leurs augmentations [sur] l’approvisionnement en matière première. Ils savent pourtant bien que si cette formule peut se justifier mathématiquement, elle ne peut pas s’appliquer à notre secteur d’activité si spécifique."
Efforts attendus des industriels, distributeurs et assureurs
Les réparateurs affirment que tout report de hausse tarifaire sur leur propre facture se heurte au refus des donneurs d’ordres de renégocier leurs taux "pourtant accordés en fonction d’un volume qu’ils ne pourront pas nous garantir". Tandis que vis-à-vis de leurs clients, soit ceux-ci ne pourront pas assumer la hausse du prix des carrossiers, soit ils reporteront leurs réparations.
Les membres de Carflex interpellent donc les fabricants de peinture en affirmant notamment que "vos groupes capitalistiques nous semblent pourtant plus en mesure d’absorber ces hausses que nos petites structures". Le risque pour les marques est de voir disparaître leurs clients professionnels. Ils invitent aussi les distributeurs à partager leurs difficultés, en leur demandant de pas être "là que pour nous faire des factures et prendre une marge qui va, en plus, augmenter en valeur grâce à la hausse des prix". Enfin, ces réparateurs demandent aux assureurs d’accorder un juste prix, pour maintenir la qualité et sauvegarder un tissu d’ateliers concurrentiels face aux concessionnaires. Ils leur rappellent que "la baisse de sinistralité implique une forte baisse de vos coûts, mais pas de vos ressources".
Objectif : trouver des solutions
Néanmoins, les adhérents de la "Tribu" concluent leur message par un appel à jouer collectif : "nous sommes acteurs d’un même secteur, nous sommes interdépendants. Au milieu de toute crise se trouve une grande opportunité : celle de trouver ou de retrouver un équilibre nécessaire, saisissons la ensemble". Car, la fermeté de ces déclarations reste un préambule à l’ouverture d’un dialogue constructif pour aboutir à des solutions.
Cette démarche est venue naturellement, à la suite de remontées de terrain lors des réunions de zone explique Matthieu Rochegude. Le secrétaire général de Carflex souligne que "nous souffrons tous isolés dans notre coin, alors réunissons-nous ! Tous ceux qui ont la volonté d’être constructifs sont les bienvenus". Parmi ceux auxquels une invitation a été adressée : les principales marques de peinture (Axalta, AkzoNobel, BASF, Sherwin-Williams), les assureurs (au complet), les plateformes de gestion de sinistre, des distributeurs (AAG, Centaure, etc.), des réparateurs extérieurs à Carflex, le CNPA… Si tous ces acteurs acceptent de se réunir, leurs échanges promettent d’être aussi riches qu’intéressants et peut-être même fructueux...