Covéa mise sur Aniel pour bâtir une place de marché de référence

Dans un contexte d'inflation marquée du coût des sinistres automobiles, Covéa passe à l'action. Le groupe mutualiste a annoncé, au début de l'été, un "partenariat capitalistique et industriel" avec Aniel Marketplace, filiale du groupe Faubourg.
Objectif affiché : structurer une place de marché à vocation nationale. Celle-ci doit être capable de proposer en un seul point d'entrée des pièces neuves – d'origine, d'équipementier ou de qualité équivalente – ainsi qu'un large éventail de références issues de l'économie circulaire. La plateforme sera portée par une société commune, dont Covéa détient la majorité du capital.
La gouvernance de la nouvelle structure a déjà été définie. Maël Le Capitaine, actuel directeur général de la société toulonnaise, en prendra la présidence. La direction générale sera assurée par Laurent Decelle, jusqu'ici en charge du réseau des agences MMA chez Covéa.
"Pour Aniel, c'est l'occasion d'accélérer notre développement avec un partenaire industriel de référence. Nous ne recherchions pas uniquement un apport financier, mais une vision partagée", souligne Maël Le Capitaine. Quant au nom de cette place de marché, il sera dévoilé au 1er janvier 2026, après une phase de co-construction opérationnelle.
Une place de marché pensée pour tous les réparateurs
La future plateforme des deux partenaires se fonde sur les bases d'Aniel Marketplace, lancée en 2019. Elle restera ouverte à tous les réparateurs professionnels. Mais l'envergure du groupe Covéa et son important maillage de garages partenaires constitueront un atout pour assurer le passage à l'échelle. L'assureur compte environ 4 200 réparateurs agréés.
La moitié d'entre eux sont classés N1, réalisant à eux seuls les trois quarts des volumes. "Nous allons inciter l'ensemble de ces ateliers à rejoindre la marketplace, tout en l'ouvrant largement à d'autres professionnels. […] Ce n'est pas une marketplace réservée aux seuls carrossiers agréés Covéa. Elle restera accessible à tous, avec une offre enrichie et des fonctionnalités étendues", insiste Philippe Rondeau, directeur expertise et solutions de l'indemnisation chez Covéa.
Nous ne recherchons pas uniquement un apport financier, mais une vision partagéeMaël Le Capitaine, directeur général Aniel Marketplace
L'ambition est claire : faire de cette place de marché un outil de référence dans le secteur. Cela, en étant capable de rassembler acheteurs et vendeurs dans une logique de transparence et d'efficacité. Une stratégie qui rappelle celle de Prefikar (gestionnaire de sinistres du groupe AXA) avec sa plateforme Alpha Scale. "L'enjeu est de créer une solution de référence, interfacée avec les outils métier", complète Laurent Decelle. L'interfaçage avec les outils de chiffrage du marché permettra ainsi une intégration fluide dans les pratiques des ateliers.
Un levier pour structurer la filière du réemploi
De son côté, l'entreprise toulonnaise entend donner, avec ce rapprochement, un nouvel élan à sa place de marché. Cela, en fédérant un écosystème plus large. Pour le moment, elle compte un peu plus de 160 vendeurs. Les fournisseurs historiques de Covéa, comme Cora, seront invités à intégrer le nouveau dispositif. Précisons d'ailleurs que la filiale du groupe Faubourg conservera son activité de distribution depuis Toulon.
Elle restera l'un des vendeurs actifs de la plateforme dont le catalogue devrait s'étoffer dans les prochains mois. La plateforme accueille déjà du vitrage, des consommables, de la peinture et des pièces mécaniques. "L'objectif, c'est que le réparateur trouve tout ce dont il a besoin au même endroit, sans avoir à multiplier les fournisseurs. Une vraie solution one-stop shop", indique Maël Le Capitaine.
Philippe Rondeau, directeur expertise et solutions de l'indemnisation de Covéa ; Laurent Pigelet, directeur marketing de Covéa ; Anne Savey, directrice IARD Indemnisation de Covéa ; Mohamed Aouar, président du groupe Faubourg ; Catherine Louis-Morice, directrice corporate finance de Covéa ; Maël Le Capitaine, directeur général adjoint de Faubourg et directeur général d'Aniel Marketplace ; et Laurent Decelle, directeur réseau agences MMA de Covéa. ©Covéa
Au-delà des services proposés à son réseau de garages agréés, Covéa rappelle que cette place de marché s'inscrit dans une logique de maîtrise des coûts de réparation des sinistres automobiles. Cette charge n'a cessé de croître, en particulier au cours de ces deux dernières années (+ 15,5 %). En 2023, les pièces de carrosserie ont représenté 52 % de ces coûts. Parallèlement, leur prix a grimpé de 18 % sur la même période.
Objectif de circularité
"La vision première, c'est maîtriser les coûts des sinistres, dans une approche de réparation durable, confirme Philippe Rondeau. Cela implique de réparer quand c'est possible, puis de remplacer avec des pièces de réemploi chaque fois que c'est pertinent." Cette orientation a déjà été engagée par l'assureur dans le cadre de son programme "Réparation Durable", reposant sur deux piliers : réparer plutôt que remplacer, et favoriser le réemploi.
Il manquait une pièce au puzzle. Aniel Marketplace vient de combler ce videPhilippe Rondeau, directeur expertise et solutions de l'indemnisation chez Covéa.
Sur le sujet de la circularité, Covéa s'est notamment fixé pour objectif de doubler l'utilisation des PRE dans ses sinistres d'ici à 2030. À cette fin, le groupe mutualiste a d'ailleurs structuré son réseau de déconstructeurs automobiles. À l'issue d'un appel d'offres, il a sélectionné 16 centres VHU partenaires, chargés d'alimenter la future marketplace avec des pièces identifiées et certifiées.
Pièces de qualité équivalente : une offre en observation
"Nous avons sélectionné des centres capables d'assurer une déconstruction efficace des véhicules. L'objectif est clair : qu'ils produisent davantage de pièces, afin d'élargir l'offre disponible pour les garages et leur offrir un plus grand nombre de solutions", précise Philippe Rondeau, qui précise que la market place viendra faciliter les échanges entre les différents maillons de la chaîne.
Les experts sont incités à privilégier la réparation et le recours au réemploi. Tandis que les réparateurs ont accès à une offre centralisée. "Pour faire le lien entre les besoins des ateliers et les offres de nos partenaires VHU, il manquait une pièce au puzzle. Aniel Marketplace vient combler ce vide", résume le directeur expertise et solutions de l'indemnisation.
Ce partenariat entre Covéa et Aniel ouvre également une porte vers une autre gamme de produits stratégique : celle des pièces dites de qualité équivalente. Déjà présentes dans le catalogue de la place de marché, elles représentent une alternative pertinente aux pièces d'origine, notamment dans un contexte de prix élevés.
Viser la gestion de sinistre vertueuse
Alors que le monopole sur les pièces de carrosserie est de plus en plus contesté au niveau européen, l'assureur anticipe une éventuelle libéralisation du marché et se montre ouvert à l'essor de ces alternatives, sous réserve qu'elles répondent à des exigences strictes de qualité. "Ce qui compte, c'est que la qualité soit réellement équivalente. Il faut des pièces certifiées, fiables, traçables. Nous suivons cette évolution de près, car elle offre des perspectives intéressantes à moyen terme", indique Philippe Rondeau.
En s'adossant à Aniel Market-place, Covéa ne se contente donc pas de bâtir une nouvelle plateforme d'approvisionnement. Le groupe mutualiste entend façonner un modèle plus vertueux de gestion des sinistres. Il veut allier maîtrise des coûts et rationalisation des flux. À travers ce partenariat, c'est tout un écosystème – assureur, réparateurs, déconstructeurs, fournisseurs – qui se retrouve embarqué dans une dynamique commune, tournée vers plus d'efficience. Reste à faire vivre cette ambition sur le terrain.