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Assurances

IA et métavers bientôt en réparation-collision

Publié le 28 décembre 2023
Par Nicolas Girault
4 min de lecture
Depuis longtemps, la digitalisation des ateliers est une réalité pour les carrossiers. Mais ceux-ci devraient connaître une nouvelle révolution dans ce domaine. En effet, les assureurs s'intéressent de plus en plus à l'intelligence artificielle (IA), au métavers et aux apports du web 3.0 pour gérer les sinistres.
SRA Journée technique IA et métavers
À la journée technique de SRA, 160 acteurs du monde de la réparation-collision ont assisté aux échanges entre assureurs, experts et carrossiers. ©J2R/NG

Quel est le rapport entre les carrossiers français et Séoul ? La réponse n'est pas évidente, mais elle promet une révolution technologique pour les réparateurs. En effet, la capitale de la Corée du Sud est la première ville au monde à avoir créé son double dans le métavers. Ainsi, ses habitants peuvent se promener dans cet espace numérique – avec ou sans casque de réalité virtuelle – pour effectuer leurs démarches administratives ou leurs achats dans certains commerces… Cet événement fait réfléchir les assurances françaises, notamment pour gérer les sinistres du futur.

L'association d'assureurs SRA a donc consacré sa journée technique du 10 novembre 2023 à une "immersion dans les sinistres 3.0". Car après la première phase d'Internet, celle de la connexion via des échanges très basiques, et après notre actuel web 2.0, qui est celui de l'interactivité, des réseaux sociaux et de la connectivité avec les machines, nous assistons à l'avènement du web 3.0.

"Le métavers en est encore à la période du Far West" Emmanuel Moyrand, président d'Azteq

En cours de développement, il est le web de l'immersion, grâce notamment à l'association des univers virtuels et aux progrès spectaculaires de l'intelligence artificielle (IA), qui est déjà utilisée dans le domaine des portiques de scan des carrosseries. Les spécialistes du dégrêlage la connaissent bien. Cette technologie devrait encore s'améliorer avec le temps et s'adapter à la majorité des sinistres.

La démocratisation du métavers

"Lorsque l'on voit le nombre croissant de jeunes qui utilisent les casques de réalité virtuelle, on peut prévoir que ces technologies vont arriver très vite", estime Emmanuel ­Moyrand, président du cabinet de conseil en transformation digitale Azteq. Citant justement en exemple la ville de Séoul, il rappelle que plus de 700 millions d'utilisateurs s'immergent dans les métavers chaque mois. Certaines entreprises l'exploitent déjà pour leurs formations.

Autre jalon évoqué : le lancement du casque de réalité mixte Visio Pro d'Apple. Pilotable avec le regard, il sera commercialisé en 2024. Il peut à la fois plonger son porteur dans le métavers et l'en sortir spontanément si son environnement physique l'exige. Si, pour l'instant, cet équipement n'est pas à la portée de tous (il coûte 3 500 €), des modèles équivalents devraient être plus accessibles dans les années à venir. Avec la démocratisation de ces nouveaux appareils, l'expert affirme que ce web 3.0 impactera la gestion des sinistres. Il permettra d'améliorer l'analyse des causes d'un choc.

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Le métavers aidera les différents acteurs d'un dossier de sinistre à mieux le comprendre, en dépassant les limites des rapports et des statistiques. Cette technologie pourra même les assister à identifier les risques cachés. Cette technologie améliorerait l'efficacité des solutions préconisées à tous les maillons de la chaîne, qui pourront aussi personnaliser leurs paramètres et les adapter à leurs besoins spécifiques (pour le chiffrage, etc.).

Darva propose un schéma possible de gestion de sinistre dans l'environnement du métavers. Il repose en partie sur des technologies existantes qui ne sont pas encore entièrement fiables.

Un enjeu du côté des NFT

Emmanuel Moyrand en est convaincu : le recours au métavers permettrait finalement de réduire les coûts tout au long du processus de gestion et de réparation du sinistre. Surtout, en rapprochant toutes les parties et en améliorant le niveau d'information de chacun, elle augmenterait la satisfaction du client – enjeu majeur pour tous les assureurs. Reste à voir si les carrossiers les suivront sur ces deux sujets…

Derrière ces technologies du web 3.0 se profilent, en outre, de nouvelles problématiques. Du moins, des enjeux déjà actuels changent de paradigme, comme la propriété des données personnelles. Chaque individu circulant dans le métavers est relié à des données personnelles. Elles sont protégées via des "jetons non fongibles" : les NFT (Non Fungible Tokens).

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Ces cryptages sont un peu les empreintes digitales ou l'ADN de l'internaute 3.0, de véritables certificats numériques qui identifient précisément chaque information dans l'environnement de la blockchain du métavers. Ces informations sont articulées par plusieurs IA qui interagissent les unes avec les autres et peuvent créer des données de manière autonome. Concrètement, pour les assureurs, l'exploitation de ces données traçables réduirait théoriquement les litiges. Car celles-ci devraient – toujours théoriquement – être plus neutres et "impartiales". La blockchain transformerait par exemple l'assurance en automatisant les remboursements et en allégeant les formalités pour assurés, assureurs, réparateurs et experts, lorsque le préjudice et l'indemnisation sont clairement établis.

Reste donc aussi le problème de la propriété des données – toujours en débat au niveau de l'Union européenne. Pour l'instant, la tendance est à concéder la propriété de ces données à leur détenteur. Mais aucune règle n'a encore été définie au niveau mondial. "On en est encore à la période du Far West en matière de métavers. Avec des risques, mais de formidables opportunités", s'enthousiasme Emmanuel Moyrand.

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Les réparateurs ont donc intérêt à se pencher sérieusement sur ce thème s'ils ne veulent pas se laisser dépasser par les donneurs d'ordres. Syndicats professionnels et têtes de réseaux semblent parfaitement conscients de l'enjeu du dossier.

 

ENCADRÉ

Avec Sinapps, Darva transforme l'expertise à distance

Darva Sinnaps Métavers

Darva propose un schéma possible de gestion de sinistre dans l'environnement du métavers. Il repose en partie sur des technologies existantes qui ne sont pas encore entièrement fiables. ©J2R/NG

À l'occasion de la journée technique de SRA, l'éditeur d'outils de gestion des sinistres a projeté l'utilisation de sa plateforme Sinapps IRD dans le métavers. Dans une vidéo captivante destinée aux spécialistes de la réparation-collision, la démonstration met en scène un assuré victime d'un sinistre. Après l'accident, il appelle son assureur qui lui envoie un QR code lui permettant de scanner son véhicule grâce à une application sur téléphone portable. Simultanément, l'assureur prend un rendez-vous avec le réparateur.

La modélisation de la voiture sinistrée arrive sur la plateforme pour être accessible par l'expert et le carrossier. Les deux professionnels se retrouvent alors dans le métavers. Ensemble, ils examinent la modélisation de la carrosserie du véhicule pour effectuer l'expertise contradictoire. Au besoin, ils peuvent contacter l'automobiliste pour lui demander des précisions. Une fois l'ordre de réparation lancé, le réparateur peut commander, dans le monde virtuel, les pièces dont il a besoin. Toutes les références des pièces qu'il recherche lui sont proposées - PRE comprises.

Pendant toute la durée des opérations de réparation, toutes les parties peuvent consulter l'état du dossier en temps réel, à distance. "C'est un processus idéalisé, avec une vision équilibrée", souligne Christian Garrez, président de Darva. Effectivement, aucun grain de sable ne vient gripper le système, aucune erreur ne survient. "Mais cette vidéo nous paraît être un point de dialogue avec les différents acteurs : assureurs, experts et réparateurs." Aux réparateurs de visionner cette démonstration et de saisir cette invitation.

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