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Assurances

SRA explore l'avenir de la réparation-collision

Publié le 9 décembre 2022
Par Nicolas Girault
4 min de lecture
Le 2 décembre 2022, l'association des assureurs a organisé sa Journée technique. A cette occasion, SRA a invité de multiples intervenants à exposer leur vision sur l'évolution de l'industrie automobile, en particulier dans les domaines de la réparation et du recyclage, ainsi que sur les pratiques RSE.
A l'issue de la Journée technique qu'ils ont organisé, Rodolphe Pouvreau, directeur de SRA présente toute son équipe. ©J2R
Après 3 ans d'absence et malgré une grève des transports, des épidémies saisonnières, la journée technique de SRA a fait son retour le 2 décembre à l'auditorium de France Assureurs. ©J2R

Pour ses 45 ans, SRA avait mis les petits plats dans les grands pour sa Journée technique. De nombreux spécialistes techniques de la réparation automobile, constructeurs, équipementiers, recycleurs et représentants de syndicats professionnels ont été réunis pour revenir sur les grandes évolutions de l'industrie automobile et leurs conséquences sur la réparation. "Nous avons trouvé des liens et des liants entre chacun des acteurs présents", se félicite Rodolphe Pouvreau, directeur de SRA.

Pour ouvrir cette journée, François Brodier, ingénieur du Cesvi France (technocentre de Covéa), a présenté les ruptures technologiques majeures de l'automobile, s'appuyant sur un exemple concret pour illustrer l'évolution de la structure des voitures. "Entre la BMW E21 Série 3 de 1975 et la BMW G20 Série 3 d'aujourd'hui, les normes et le comportement aux crash-tests de 50 km/h ont énormément évolué en sept générations de voitures", explique-t-il.

Le recours aux aciers spéciaux (HLE, THLE et UHLE, de plus en plus résistants), ainsi qu'à l'aluminium a amélioré le comportement des véhicules, alors que les normes de sécurité n'ont pas cessé de se durcir. Jusqu’à l'électrification des modèles actuels, qui impose une révolution du schéma de rigidification de leur structure.

Préserver la réparabilité

A ce sujet, Jean-Paul Drai, directeur projet VE Renault, est intervenu pour détailler les spécificités appelées à se généraliser avec les véhicules électriques. Petite dernière de la marque au losange, la Megane E-Tech "introduit des innovations sur l'architecture, la conduite et la sécurité, par rapport à un modèle thermique". Elle est ainsi dotée de 26 Adas pour soulager le conducteur sur les longues distances et réduire les risques d'accidents.

Parallèlement, pour la conception de son modèle, la marque a souhaité faciliter son entretien et sa réparation. Par exemple, le système de contrôle de sa batterie indique au réparateur l'état exact de chaque cellule électrique. Tandis que pour le pire des scénarios – l'incendie de la voiture – le constructeur a notamment breveté un dispositif permettant aux pompiers de noyer la batterie.

Cette vision est partagée par la plupart des autres constructeurs, à une exception près. En répondant à une question de l'assistance, l'ingénieur égratigne la marque d'Elon Musk. Il précise que "Tesla dégrade la réparabilité et le recyclage, du fait de sa jeunesse et de l'absence d'un parc ancien à entretenir, car la marque préfère recourir à des pièces moulées plutôt qu'assemblées [et donc remplaçables en toute sécurité]". Raison pour laquelle le passage au marbre de ses modèles est proscrit.

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Michel Forissier, directeur R&D et marketing de Valeo, a ensuite pris la parole pour revenir sur l'évolution générale du parc automobile. Recherche de la neutralité carbone, de la sécurité, de la connectivité, essors des nouvelles mobilités et des services changent progressivement le paradigme des garagistes. "Les nouvelles voitures se dilueront dans un parc vieillissant. Les réparateurs vont connaître de véritables opportunités avec un boom de la réparation jusqu'à l'interdiction des motorisations thermiques en 2050", affirme-t-il. Les réparateurs devraient avoir le temps et les moyens de s'adapter aux nouvelles habitudes de mobilité.

70 % des ateliers à réorganiser

La seconde partie de cette Journée technique a été consacrée aux préoccupation sociales et environnementales. "La RSE, c'est l'affaire de tous : carrossiers, experts et assureurs. Elle implique une approche métier, qui démarre avec le débat contradictoire allouant un temps de main d'œuvre correct. Tandis que du côté de l'approche client, les assureurs doivent communiquer sur l'économie circulaire", souligne Nicolas Baran, de BCA Expertise.

Toutefois, dans les entreprises, "la RSE coûte très cher si on l'applique sérieusement", prévient André Courtois, dirigeant de Weinmann Technologies. Le concepteur de cabines de peinture précise que son entreprise a embauché une chercheuse spécialisée dans l'accompagnement du changement, pour y travailler à temps plein. Cependant, il insiste sur l'importance de réorganiser et rééquiper 70 % des ateliers, pour protéger les salariés, améliorer leur productivité et réduire leur empreinte environnementale. Car, réduire la pénibilité des carrossiers, c'est aussi rendre leurs métiers plus attractifs.

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Point de vue partagé par les fabricants de peinture. "Nous ne vendons pas que des produits. On s'attaque à la logique économique, en rentabilisant mieux les carrosseries, avec par exemple des robots de fabrication de peinture", expose Jean-Marc Pettinotti de PPG. Ce dernier a rappelé que son groupe entend réduire son propre impact sur l'environnement en accompagnant les réparateurs. Mais les bonnes pratiques prônées – notamment en matière d'économies d'énergies – apparaissent primordiales dans le contexte de la crise énergétique actuelle. Cet aspect intéresse évidemment tous les acteurs de la réparation collision pour des raisons environnementales et surtout économiques…

Soutenir la PRE

Autre aspect intéressant pour les assureurs : la pièce de réemploi (PRE). De sérieux progrès peuvent être réalisés en la matière. Les marchés ibérique, scandinave ou nord-américain sont très en avance dans ce domaine. En France, 15 PRE sont prélevées en moyenne sur les VHU recyclés contre 60 en Suède et 120 aux États-Unis. Le tout récent décret sur la filière REP devrait favoriser cette alternative.

"La Piec perd son statut de déchet et doit maintenant être traçable. Elle ne peut plus être vendue sur les plateformes internet généralistes", se félicite Patrick Poincelet, président des recycleurs de Mobilians. Il prévient néanmoins que certains points restent à préciser. Il déplore ainsi notamment la volonté de certains recycleurs ne produisant pas de PRE de conserver un gisement de 400 000 véhicules par an pour récupérer de la matière première. Du côté des assureurs présents dans la salle, une voix s'élève pour lui assurer que ceux-ci continueraient à soutenir les spécialistes de la PRE.

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Finalement, le contour des différentes thématiques abordées lors de cette journée dessine d'importants changements autour de la réparation-collision. Certains seront profonds. Pour les préparer, "la RSE est une opportunité de mieux connaître les problématiques de tous les acteurs, dans l'intérêt du client final", pense Nicolas Baran. André Courtois n'a pas manqué de réagir en rappelant aux assureurs qu'ils devront "réinventer" leur modèle pour "nouer des partenariats plus justes et équitables". Et pour cause, le secteur aura besoin de carrossiers en bonne santé et maîtrisant les techniques de réparation les plus avancées pour satisfaire les assurés.

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