Véhicules électriques : 11 % plus chers à réparer que les thermiques

L'étude des dossiers de sinistre automobile est sans appel : les accidents de véhicules électriques (VE) et hybrides rechargeables génèrent davantage de coûts que ceux des thermiques. Pour le compte du syndicat professionnel, l'association d'assureurs SRA a comparé les deux types de motorisations en tenant compte de l'équivalence des générations, sur un échantillon de 1,9 million de véhicules.
Résultat : en moyenne, le remboursement des VE est 11 % plus cher que celui de leurs homologues traditionnels – tous réseaux (concessionnaires et indépendants) confondus. Sur les seules garanties dommages (matériels et corporels), l’écart atteint 14 %. Et dans le domaine du bris de glace et des optiques, la facture grimpe jusqu’à 28 % de plus. Des différences qui s’observent malgré les nombreux systèmes de sécurité passifs et actifs qui équipent la plupart de ces véhicules.
Disparité de l'accès aux batteries
Ces écarts varient selon les segments, les générations et les marques. Les SUV sont les plus touchés, en raison du poids des modèles, de la spécificité de leur vitrage et de la réparabilité de leurs batteries.
Ces dernières concentrent d’ailleurs la principale source de surcoût. Alors qu’elles représentent jusqu’à 70 % du prix total du véhicule, leur remplacement ou celui de certaines de leurs cellules peut coûter entre 5 000 et 15 000 euros.
"Toutes sont réparables, mais plus ou moins facilement. Car les constructeurs conçoivent des batteries très différentes, même s'ils s'accordent sur la même chimie, observe Rodolphe Pouvreau, directeur de SRA. Certaines marques proposent des bacs de carters de batterie démontables, pour faciliter leur accès. D'autres présentent des systèmes reconditionnés. Mais les batteries collées de certaines marques posent des problèmes".
L’installation de cellules neuves sur des batteries anciennes crée parfois de nouvelles difficultés techniques. Selon France Assureurs, seule la moitié de ces batteries sont aujourd’hui réellement réparables. Les problèmes d’accès et de réparabilité pèsent donc lourdement sur les coûts. Le syndicat professionnel redoute, à mesure que le parc vieillit, une hausse du nombre de véhicules économiquement irréparables (VEI).
SUV électriques jusqu'à 29 % plus coûteux à réparer
Le surpoids des véhicules électrifiés constitue une autre explication. "Les VE sont en moyenne 41 % plus lourds et les hybrides rechargeables jusqu'à 80 %, que leurs équivalents thermiques. L'intensité de leurs chocs sont donc plus importants, générant davantage de dégâts sur eux et les véhicules opposés", souligne Rodolphe Pouvreau.
"Dans certains cas, pour un SUV thermique pesant une tonne, son homologue électrique affiche deux tonnes sur la balance, complète Stéphane Pénet, directeur général adjoint de France Assureurs. L'écart du coût de sinistre entre les deux atteint alors jusqu'à 29 %".
S’ajoutent à cela les coûts liés au vitrage et aux optiques, souvent supérieurs chez les constructeurs montés en gamme et en technologie. Le recalibrage des systèmes d’aide à la conduite (ADAS) après remplacement d’un pare-brise contribue également à alourdir la facture. Des marques comme Tesla ou XPeng – non citées explicitement par France Assureurs – se distinguent par des signatures lumineuses et des équipements sophistiqués, coûteux à remplacer.
Enfin, les spécificités de prise en charge des véhicules électriques ajoutent encore des dépenses supplémentaires : protocoles de sécurité renforcés pour les dépanneurs, exigences particulières de stockage, formation obligatoire et outillage spécifique pour les réparateurs. Ces investissements nécessaires – habilitation électrique, diagnostic haute tension, recalibrage Adas– se répercutent mécaniquement sur le coût horaire en atelier.
Trois leviers pour préserver l’accès à l’automobile
Face à ces constats, France Assureurs tire la sonnette d’alarme sur les conséquences assurantielles de l’électrification du parc automobile. À terme, ces surcoûts pourraient se traduire par une hausse des primes d’assurance, renchérissant encore l’accès à la voiture. La durée de vie écourtée de certains véhicules sinistrés pourrait, elle aussi, remettre en cause leur pertinence écologique et économique.
Aussi, afin de préserver au plus grand nombre l'accès à l'assurance auto, France Assureurs propose trois mesures. En résumé, il s'agit d'abord de renforcer la réparabilité des batteries. Ensuite, l'organisation défend la libre concurrence dans la réparation automobile. Les données techniques des constructeurs et l'approvisionnement en pièces de rechange doivent être libérés de tout monopole pour réduire les coûts. Surtout, SRA prépare activement la mise en place d'un indice de réparabilité des véhicules.
"Les véhicules électriques n'obéissent pas aux mêmes comportements que les thermiques, constate Florence Lustman, présidente de France Assureurs. Alors que ce risque évolue avec le nombre croissant de ces modèles dans le parc roulant, il modifie les conditions de l'assurance. C'est la raison pour laquelle nous proposons dès aujourd'hui des solutions pour régler les problèmes qui se poseront demain". Reste à voir comment les constructeurs répondront de leur côté à ces problématiques.
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