S'abonner
Assurances

ZeCarrossery : "Station Mobilités est un modèle économique qui menace l’indépendance des carrossiers"

Publié le 14 février 2025
Par Nicolas Girault
3 min de lecture
L'enseigne normande de carrossiers indépendants critique la récente ouverture du premier centre de gestion de sinistre, de services et de réparation internalisé par le Crédit Mutuel. ZeCarrossery dénonce "une prise de contrôle alarmante de la chaîne de valeur" de la réparation-collision.
Lucie et Laura Marie ZeCarrossery
Lucie (à gauche) et Laura Marie, dirigeantes de ZeCarrossery. ©ZeCarrossery

La récente ouverture de la première Station mobilités à Mulhouse (68) entraîne la réaction de l'enseigne normande de carrosserie via un éditorial publié sur son site, ainsi que dans un communiqué de presse. "Derrière la promesse d’innovation et de simplification, c’est un modèle économique déséquilibré qui menace l’indépendance des carrossiers", affirme ZeCarrossery. Sous prétexte de préserver le pouvoir d’achat des assurés, la banque-assurance mettrait en place un contrôle plus étroit des carrossiers.

Le réseau de réparateurs – qui avait déjà répondu aux attaques des assureurs contre les réparateurs de vitrage non agréés – évoque ainsi cette filiale du Crédit Mutuel, qui propose de gérer entièrement les sinistres de ses assurés. En effet, les automobilistes ont juste à emmener leurs véhicules sinistrés sur son site, avant de repartir avec des voitures de prêt. Ils y sont expertisés, puis répartis entre des carrossiers agréés par l'assureur. Tandis que ce site comprend aussi un atelier de réparation de vitrage, internalisant cette activité spécifique… Outre la simplification de la vie des assurés, ce dispositif permettrait aussi d'accélérer la réparation des véhicules.

Motivations du Crédit Mutuel

Réponse de ZeCarrossery à l'ouverture de la Station mobilités

La Station mobilités libère les automobilistes de toutes les contraintes liées à la réparation de leurs véhicules sinistrés en les orientant automatiquement vers les carrossiers agréés par le Crédit Mutuel... Soit une entorse aux règles de la concurrence et du libre choix du réparateur, d'après ZeCarrosserie. ©J2R/NG

Cependant, le système de la Station mobilités apparaît dans un contexte d'importante hausse des coûts pour les réparateurs. Beaucoup d'entre eux sont fragilisés par l’augmentation du coût des pièces, de la main-d'œuvre, de la peinture et de l'énergie. Sans oublier que, dans le même temps, ces carrossiers doivent massivement investir (dans le matériel et la formation) pour réparer les véhicules équipés des dernières technologies.

"Qui devra absorber ces hausses sans compensation ? Le carrossier, seul", expose Lucie Marie, cofondatrice de ZeCarrossery, enseigne prônant la réparation hors agrément d'assurance. Celle-ci explique prendre la parole "pour défendre la profession et dénoncer une prise de contrôle alarmante de la chaîne de valeur".

Plus concrètement, la dirigeante affirme que "quand une banque se lance dans la réparation automobile sous prétexte d’optimisation, il faut s’interroger sur ses véritables motivations. Le Crédit Mutuel prétend vouloir préserver le pouvoir d’achat des assurés, mais dans les faits, c’est une mainmise progressive sur notre métier qui se met en place".

Alternatives possibles pour préserver les carrossiers

La responsable de l'enseigne dénonce "le véritable schéma de cette innovation". D'après elle, la simplification de la prise en charge des véhicules vise à attirer davantage d'assurés. Leur nombre croissant, devrait ensuite entraîner une hausse du nombre de chantiers de réparation.

Mécaniquement, certains carrossiers devraient ensuite être attirés par ces promesses de volumes. En contrepartie, ils se voient imposer des "conditions financières défavorables". Celles-ci les "enferment dans un modèle de dépendance avec une concurrence faussée". Résultat : à terme, les carrossiers concernés perdent en autonomie, en pouvoir de négociation et en rentabilité.

Face à cette logique, la tête de réseau interroge : "Pourquoi ne pas réduire le ratio prime-sinistre, comme d’autres secteurs acceptent de réduire leurs marges pour amortir l’inflation, au lieu d’écraser celles des réparateurs ? Pourquoi ne pas assurer une rémunération juste aux carrossiers, garants de la qualité des réparations ? Pourquoi ne pas assurer la pérennité du secteur, au lieu de le sacrifier sur l’autel de la rentabilité financière ?"

À rebours du modèle instauré par l'assureur, ZeCarrossery affirme défendre l'innovation bénéfique pour les professionnels et les automobilistes. La responsable affirme : "Nous sommes convaincus que la technologie et les nouveaux modèles peuvent simplifier l’accès aux réparations et fluidifier le parcours client"… Mais sans fragiliser l’écosystème existant.

Vous devez activer le javacript et la gestion des cookies pour bénéficier de toutes les fonctionnalités.
Partager :

Sur le même sujet

cross-circle