Aliapur entre satisfecit et inquiétudes

Ouvrant sa conférence de presse, sur les résultats, Eric Fabiew a annoncé que "Le bilan 2012 est le premier depuis sa naissance, où  Aliapur n'a pas atteint le seuil fixé de récupération des pneus usagés, soit les 321 926 tonnes pour lesquelles le groupe était mandaté. Il en manque 28 827 tonnes, ce qui n'est, vraiment, pas une surprise en soi". En effet, la baisse de vente de pneumatiques en 2012, associée à celle du pouvoir d'achat, a diminué les stocks à reprendre tandis que la venue de nouveaux professionnels du pneumatique gonflait la demande de récupération – la commande pour 2012 a, ainsi, été la plus importante jamais constatée. Aliapur et ses actionnaires manufacturiers ont décidé de reporter ces tonnes non collectées "qui ont été comptabilisées comme une charge constituée d'avance". L'idée étant de reprendre sans délai les collectes lorsque le marché sera plus porteur.

Plus de collectes !

Les collecteurs, pourtant, n'ont pas lésiné sur les moyens avec 121 000 opérations de collecte (sur 6 000 points de détention), soit 4 500 de plus que dans l'exercice précédent, mais pour obtenir 4 500 tonnes… de moins ! Parallèlement, la hausse des matières premières, des charges et du carburant subie par les collecteurs a poussé Aliapur à "subventionner" à hauteur de 4 euros par tonne collectée de pneus usagés non réutilisables, les 235 collecteurs de son réseau.  "Nos collecteurs ont dépensé plus pour un chiffre d'affaires moindre, il fallait les aider ponctuellement à absorber cette charge" a commenté Eric Fabiew.

Retour en grâces

Aidé par une action incitative de l'Etat, rappelant le principe de l'Eco-contribution,  Aliapur a reçu un nombre de déclarations de professionnels du pneu, lui faisant gagner quelque 96 nouveaux "clients" . Nombre de "producteurs occasionnels" ont profité de ce rappel à l'ordre pour se mettre en conformité, via les procédures simplifiées. "Je dois reconnaître, a précisé Eric Fabiew, qu'il n'existe plus beaucoup de "contrevenants".

Quant à la vente sur Internet, les plus gros faiseurs nous ont rejoints et nous avons même assisté à la prise en charge par Delfico, producteur allemand, donc non soumis à la loi française, de l'Ecotaxe, sur chaque pneu vendu en France à ses clients".  En 2012, 1001 pneus, Oxyo Pneus, Gettygo, Goeggel France, Pneu Wyz, Tirendo et Tyres in Stock ont rejoint le cercle des clients Internet d'Aliapur.

Le réemploi fonctionne à plein

En termes de valorisation matière, le rechapage et le réemploi ont observé une croissance "majeure", atteignant 18,32 % des volumes, parce que "les collecteurs se sont dotés de chaînes de tri et de meilleures conditions de travail, ce qui a accru la performance des techniciens. Et la crise a poussé les ménages vers le pneu d'occasion, ce qui a incité, d'ailleurs, certains professionnels à accoler une station de montage à leur activité de triage, ce que nous plébiscitons". 48,36 % de la valorisation a été consacrée à l'énergétique et 33,32 % à la matière, notamment à la granulation.

Danger sur les granulateurs

Eric Fabiew a attiré l'attention des pouvoirs publics sur l'après-Municipales qui risque de voir les granulateurs sans débouché pour leurs produits. En effet, aires de jeux, stades vont bénéficier des commandes avant les votes mais risquent d'être laissés pour comptes par la suite. Investissant fortement sur la R&D et la création de nouveaux produits, Aliapur est déçu du manque d'implication des différents acteurs pour aller vers ses créations. Du coup, il risque d'y avoir un trop plein de granulats en 2014, un danger si l'on considère que les transformateurs deviennent propriétaires des matières qu'ils ont traitées. Beaucoup de pistes sont pourtant envisageables, les bases de tramway, les centres équestres, les pistes d'athlétisme, mais aussi les couvre-culasses automobiles, les passages de roues et les plaques sous châssis… Avis aux amateurs !