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Edito : Fatalisme(s)

Publié le 11 juin 2015
Par Hervé Daigueperce
2 min de lecture
“On ne peut pas apprécier parce qu’on ne comprend pas. C’est dommage, on n’est pas assez intelligentes”, se plaignaient deux dames, se trouvant fort dépitées, devant les toiles de Tapies, d’Alechinsky, ou, encore mieux, devant celles de Dubuffet ou de Soulages, au musée Paul Valéry de Sète, dans le cadre de l’exposition dédiée aux éditions Fata Morgana.
“On ne peut pas apprécier parce qu’on ne comprend pas. C’est dommage, on n’est pas assez intelligentes”, se plaignaient deux dames, se trouvant fort dépitées, devant les toiles de Tapies, d’Alechinsky, ou, encore mieux, devant celles de Dubuffet ou de Soulages, au musée Paul Valéry de Sète, dans le cadre de l’exposition dédiée aux éditions Fata Morgana.

C’était il y a quelques jours, peu après des entretiens édifiants sur l’export, avec des professionnels de l’automobile, à Automechanika Istanbul, et curieusement, les deux commentaires se croisaient sur fond d’incrédulité et de délicieux masochisme. Que ces deux dames refusent la tentation de leur propre sensibilité ou n’osent s’enquérir d’un guide, de conseils d’autres visiteurs, on le comprend fort bien, mais cette mansuétude ne saurait s’appliquer à celles et ceux que rebute l’export ou pire encore l’apprentissage. Une quinzaine d’équipementiers français, venus avec l’appui de Business France, défendait les couleurs du pays pendant que Jean Rousseau sillonnait les allées en quête de nouveaux fournisseurs pour ACR (et sans doute pour Autodistribution) non loin de l’équipe de Lucile Olivas pour Alliance. Cela fait bien peu au regard de la puissance de démultiplication qu’offre Automechanika Istanbul sur les marchés du Moyen-Orient, d’Afrique, et de celui qui est en passe de redevenir un eldorado, l’Iran. Et l’on apprend que toutes ces sociétés automobiles que la Task Force initiée par Emmanuel Macron entend amener à l’export, peinent encore à bouger, se réfugiant derrière la complexité des dossiers, quand les vraies raisons sont la peur de l’étranger et des a priori surprenants, le manque de formation et de réelles études, et surtout la volonté d’obtenir un retour sur investissement assuré avant même d’avoir investi… Les deux dames n’avaient pas tant d’interdits… Le propos pourtant s’appuyait sur les mêmes prétextes : ne pas se donner les moyens de progresser, de changer d’habitude et subir plutôt que d’agir. Les mêmes maux qui président au refus de se former – “ça ne sert à rien” – à ne pas investir dans les nouveaux équipements et matériels – “trop cher et avant qu’on rentre dans nos fonds”, ou à ne pas participer aux ateliers métiers – “c’est toujours la même chose”. A force de se brider, les entreprises françaises vont servir d’ateliers pour les apprentis ethnologues et autres sociologues venus de l’étranger. Nous valons beaucoup mieux, éradiquons le fatalisme qui colle à la peau de trop de professionnels, et ouvrons de nouvelles voies. Des vraies !

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