Edito : L’insoutenable légèreté du pro
Aujourd’hui, lorsqu’on parle de présence sur Internet, on se gargarise sur la vente des pièces dont les opérateurs auraient des problèmes, dont les retours sont impossibles à gérer, dont la part sur l’échiquier serait dérisoire, mais est-ce vraiment là le fond du problème ? Les pièces viennent bien de quelque part, les retours sont gérables puisque pris en compte, et les sites seront peut-être demain concurrents ou partie prenante de ceux des groupements de distributeurs. Là encore, la question n’est pas la bonne, puisque Renault fait, déjà, de la publicité à la télévision sur le devis en ligne et s’empare d’un moyen qu’il a les moyens de faire connaître. Parallèlement, nombre de professionnels artisans, voire même distributeurs, ne veulent pas “être jugés” sur la Toile ni même s’auto-évaluer pour savoir, simplement, s’ils ont encore les compétences pour intervenir sur les nouveaux véhicules. Internet est d’abord un outil de promotion, de prospection, de formation, de communication, d’information et d’évaluation : d’existence et d’identité. Pas question, non plus, de perdre son temps sur le fait qu’il y ait des normes pour travailler sur un véhicule électrique, mais il est urgent de savoir ce que cela signifie. De plus en plus d’opérations que l’on ne faisait pas jusque-là vont être l’objet de choix de la part des grands donneurs d’ordre, pour lesquels le particulier n’aura pas grand-chose à dire et pas beaucoup plus le réparateur. De grands équipementiers, des constructeurs, des assureurs et des opérateurs encore inconnus venus d’autres planètes, comme l’électronique ou la téléphonie, planchent sur la meilleure façon de dire au véhicule où aller se faire réparer, comment faire son diagnostic à distance, où trouver le professionnel qui a les compétences. Ce dernier point est capital : si vous n’avez pas la compétence reconnue, mieux encore, si on ne sait pas que vous l’avez, ou même si vous n’êtes pas dans la bonne liste, vous devrez sortir du jeu. Lorsqu’on lit les reportages et interviews dans ce seul numéro du J2R, on s’aperçoit que la clé pour s’en sortir, c’est d’apporter le bon service, de faire la différence avec son service, mais encore faut-il pouvoir le proposer, encore faut-il être capable financièrement, électroniquement, professionnellement de l’assurer. La taille critique de son affaire est montée d’un cran, la formation du personnel n’est plus à négocier et l’adhésion à un réseau, quel qu’il soit, sur Internet ou physique, est désormais la norme. Le “restons cachés pour vivre heureux” va tuer plus d’entreprises que tous les donneurs d’ordre réunis, responsables désignés de vos malheurs. Sortons de là !