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“Il faut dénoncer ce que nous subissons dans le secteur automobile antillais”

Publié le 23 janvier 2013
Par Axel Abadie
3 min de lecture
Robert Arnoux, président de région Feda DOM-TOM - La crise, les grèves de 2009, la “vie chère”, le manque d’un réseau de transports en commun, le e-commerce… Robert Arnoux n’est pas avare de mots quand il s’agit d’aborder les difficultés de la Guadeloupe, où il est implanté comme distributeur. Le constat qu’il dresse est alarmant, les solutions pour une amélioration, urgentes.
Robert Arnoux, président de région Feda DOM-TOM - La crise, les grèves de 2009, la “vie chère”, le manque d’un réseau de transports en commun, le e-commerce… Robert Arnoux n’est pas avare de mots quand il s’agit d’aborder les difficultés de la Guadeloupe, où il est implanté comme distributeur. Le constat qu’il dresse est alarmant, les solutions pour une amélioration, urgentes.

Quelle est la situation économique actuelle en Guadeloupe ?
Disons qu’il est difficile d’avoir un magasin aujourd’hui. On parle beaucoup de la “vie chère”. Si la France a jugé bon de donner une prime de vie chère à ses fonctionnaires, c’est qu’il y a un décalage avec l’Hexagone. Nous avons un texte qui s’appelle “l’octroi de mer”, qui taxe les produits à l’import de 7,5 à 10 %. Taxe qui s’ajoute à la TVA. Quand nous commandons de la marchandise en France, il y a entre 17 et 25 % de frais d’approche, en fonction des volumes et de la valeur de la marchandise.

Nous sommes confrontés au monopole de la CGM (Compagnie générale maritime) sur le fret. Les conteneurs arrivent pleins et repartent vides, cela, aussi, fait que le coût est élevé. La CGM pratiquait des prix inférieurs pour la livraison de produits de petite valeur, mais ce n’est plus le cas. Nous considérons qu’elle doit faire un effort sur certains produits.

Les stigmates de la crise se font-ils encore sentir ?
Il faut se souvenir qu’en 2009, il y avait eu un mouvement de grève générale en contestation de la “vie chère”, paralysant toute l’activité de l’île. Le collectif LKP (Collectif contre l’exploitation outrancière) militait notamment pour la mise en place d’un véritable service de transport des usagers. Cet écueil est caractéristique de la santé de la Guadeloupe.

Un petit pays comme le nôtre compte 180 000 à 200 000 voitures. Après 17 heures, il ne faut pas compter sur les transports urbains. Cela veut dire que même quelqu’un qui touche un Smic doit posséder un véhicule. Et une automobile, chez nous, c’est 17 % du budget mensuel. Il faut faire très attention à ce volet social. S’il y avait un service de mobilité urbaine, on parlerait moins de vie chère. Avec l’octroi en moins et ces 17 %, il serait question de 25 % de vie chère en moins.

En tant que distributeur, comment vivez-vous la situation ?
Il faut dénoncer ce que nous subissons dans le secteur de l’automobile et les commerçants en général. Il nous faut multiplier les tarifs par 2,5 pour vivre. Comme nous stockons, nous avons besoin d’un minimum de 500 m2 de surface. Il faut une surface de stockage de 300 m2 pour un petit commerçant qui fait un chiffre de 400 000 ou 500 000 euros par an, quand en France 100 ou 150 suffisent. Il y a indéniablement un handicap au départ.

Alors, on essaie de se débrouiller, parce qu’on n’a pas le choix, quelle que soit la situation. En Guadeloupe, il y a trois ou quatre grands distributeurs, plus une vingtaine de petits que nous approvisionnons. Il me semble qu’ils gagnent leur vie correctement. Notamment parce qu’ils peuvent se reposer sur nous pour le stockage.

Comment positionnez-vous l’offre ?
Je représente tous les fournisseurs de premier rang, ayant accès à eux directement. Nous revendons 60 % des pièces détachées au même prix qu’en métropole et, sur certaines pièces de première nécessité, il nous arrive d’être meilleur marché parce que nous faisons du volume. Je travaille seul, sans l’appui d’un groupement, mais étant donné ma réputation, je n’ai pas de souci de clientèle.

Et nous devons faire face à la concurrence du Web, où les sites commerçants ne subissent pas tous les frais qui nous incombent. Pour des pays comme le nôtre, auxquels on invente tellement de charges, le coût est habituellement de 25 % de plus qu’en métropole. Mais les gens font un mauvais calcul, notamment parce qu’ils payent un prix de livraison très élevé.

Quelles sont les solutions à votre portée ?
A chaque nouveau gouvernement, nous montons au créneau. Il faut donner un accès plus facile à la marchandise aux distributeurs et aux artisans mécaniciens. Nous essayons, aussi, de travailler auprès des constructeurs pour améliorer cela, puisque nous sommes parfois obligés de passer par eux. Le transport, le fret, l’octroi de mer, tout cela nous met dans de mauvaises dispositions.

Les effets qui subsistent de la crise internationale et nationale rendent l’activité difficile. A cause d’un effet domino provoquant des licenciements chez les sous-traitants et les artisans, les gens ont perdu confiance. Cela va revenir peu à peu, à l’heure où nous envisageons de réaliser certains projets. Tant que la législation ne réglera pas certains points, beaucoup de questions demeureront sur l’avenir de la Guadeloupe.
 

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