Réglophares : évolution à deux vitesses
Le réglophare, même quand il est utilisé régulièrement, n’est pas un appareil qui vieillit mécaniquement. Il est donc courant de retrouver des équipements âgés dans les ateliers. Dans les centres de contrôle technique, en revanche, l’évolution en 2010 de la réglementation a obligé les centres à se rééquiper.
La contrainte réglementaire
Il est, depuis cette date, obligatoire d’obtenir une mémorisation informatique des cotes de réglage des projecteurs de croisement et de route. Si celles-ci sont en dehors des tolérances, le véhicule est soumis à une contre-visite. La communication des données à l’ordinateur central de gestion est effectuée selon un protocole spécifique, qui rend ces appareils inutiles dans les garages. Les contrôleurs d’éclairage qui remplissent cette condition sont aux normes GIEG Net ou GIEG Lan. Pour l’ensemble des appareils commercialisés depuis 2010, c’est la SR/V/041 du contrôle technique qui agrée l’appareil selon le principe de mesure français (norme NFR 63-801).
Les évolutions
L’Europe, pour le contrôle technique, préconise désormais une mesure de l’intensité lumineuse par le réglophare. Les fabricants ont donc décliné des équipements qui sont prêts à son application en France. La vérification se fait à l’aide d’une caméra vidéo CCD qui mesure le faisceau sur plusieurs points réglementés et qui complète ainsi la valeur maxi d’éclairage donnée par les appareils plus simples (à l’aide d’un capteur photodiode).
La fabrication
Le réglophare est un appareil très simple. Une lentille de Fresnel (une lentille simplifiée concentrant dans une forme allégée et aplatie la fonction d’une lentille sphérique normale) concentre le faisceau d’éclairage sur un écran reconstituant la zone éclairée par le phare à 10 mètres. L’écran indique les zones à éclairer et celles restant sombres. Au centre, une photodiode mesure l’intensité de l’éclairage. Le positionnement géométrique du réglophare doit être parfait par rapport à l’horizontalité du sol et ajustable très précisément à la hauteur du phare. Une mollette de réglage peut corriger la position de l’écran en fonction de la valeur de rabattement. Celle-ci change en fonction des véhicules et de la hauteur des phares.
Quelle mesure ?
Dans le cadre du contrôle technique, la puissance d’éclairage est mesurée, en feux de croisement et en feux de route. La valeur d’éblouissement des feux de croisement sera inférieure à 1,2 lux en lampes halogènes, 1,3 lux en lampes à décharge. Les mesures en lampes à décharge sont totalement opposées. Les lampes halogènes produisent de 48 à 240 lux, les xénons de 70 à 180 lux. Si une différence entre côté droit et gauche est trop importante, l’éclairage de la chaussée n’est pas homogène. Pour la réparation et le réglage, et en l’absence d’appareil faisant la mesure d’intensité, le réparateur doit s’assurer du bon positionnement de la coupure clair/obscure pour les projecteurs de route, le centrage parfait de la lampe sur le phare assurant un éclairage bien réparti.
Les fonctionnalités et options
Les pays d’Europe du Nord, ayant adopté dans leur contrôle national la mesure de l’intensité, ont créé un nouveau marché, qui pourrait arriver en France dès que l’obligation de mesure sera établie par rapport à celle du point central comme aujourd’hui. Pour y répondre, l’affichage se fait sur un écran de 7 pouces (environ) qui détermine simultanément les points d’éclairage et leur intensité.
A l’heure du choix, il faut bien prendre en compte l’évolution prochaine du contrôle technique, ainsi que celle des phares, qui va peut-être encore changer la méthode de vérification et renvoyer au fond du garage le matériel que l’on vient d’acquérir.
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FOCUS - La réglementation européenne
Le contrôle du réglage suit les prescriptions européennes sur la répartition de l’intensité lumineuse des feux de croisement, mais si au contrôle périodique seule la hauteur d’éclairage est vérifiée, l’intensité lumineuse répartie devant le véhicule est très précisément réglementée. Pour les définir, la Communauté européenne a classé ses règlements : ECE R48, 76, 98, 112, 113 et 123. La luminosité répartie sur la route est incluse dans le règlement R112 et fixe les tolérances qui permettent d’accepter une légère dérive de l’éclairage. Ainsi, en bordure supérieure de la coupure du faisceau, la luminosité autorisée peut atteindre 0,7 lux, dans l’espace de croisement des véhicules, on descend à 0,1 lux, et les points les plus illuminés sont supérieurs à 12 lux.
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FOCUS - La vérification des nouveaux phares
La puissance et la répartition des sources lumineuses des nouvelles optiques peuvent intervenir sur le contrôle de l’éclairage. Pour les lampes à décharge, il n’y a pas de particularité de mesure. Le faisceau est identique à celui d’un éclairage par lampes traditionnelles à filament. La difficulté peut être plus grande pour un éclairage intégral à LED. Les diodes électroluminescentes ont une puissance inférieure aux lampes à décharge et même à filament, mais en combinant plusieurs sources et en les intégrant à un micro-projecteur dédié à un point précis de l’espace à éclairer, il est possible de recréer un éclairage équivalent. De nombreuses fonctionnalités complémentaires font de ce mode d’éclairage une solution d’avenir. Le contrôle sera par contre plus délicat, excepté pour les modules qui intègrent les éléments LED dans une seule source lumineuse avec un réflecteur traditionnel, comme c’est le cas sur la solution Valeo adoptée en série par Ford sur sa nouvelle Mondeo.