Rétromobile 2014, la couleur de la passion automobile
Le salon Rétromobile prend une nouvelle dimension en 2014 en investissant le hall 1 du Parc des expositions de la Porte de Versailles, à Paris. Avec la plus vaste surface jamais proposée en 39 éditions, cette nouvelle localisation est également un clin d’œil aux visiteurs qui retrouvent ainsi les années passées du salon de l’Automobile ; et l’implantation traditionnelle des stands des marques françaises Peugeot, Renault et Citroën.
Installé dans le hall 1 du Parc des expositions de la Porte de Versailles, Rétromobile affichait des airs de salon de l’Automobile… 1964 pour Renault avec la 8 Gordini dans toutes ses versions.
Un salon est aussi l’occasion de parler technique, ce que ne manquent pas de faire les multiples vendeurs de pièces et d’équipements pour la restauration, ainsi que les nombreux clubs qui se tiennent à la disposition des visiteurs. La peinture par exemple, domaine peu représenté dans ces musées temporaires, est pourtant un problème majeur pour le propriétaire autant que pour le professionnel qui doit se pencher sur la restauration d’une voiture ancienne. Qu’il s’agisse des teintes, de la préparation des fonds ou d’une réparation avec des technologies d’époque, déterminer les produits à utiliser et les techniques devient une spécialité que quelques fabricants ont à cœur de décoder. Pour Glasurit, le sujet fait l’objet d’une formation principalement adressée aux membres d’un réseau dédié à la restauration des voitures anciennes, créé en partenariat avec la FFVE (Fédération Française des Véhicules d’Epoque). C’est donc naturellement que nous avons recueilli les impressions d’un technicien de la marque, à l’occasion d’une visite du salon.
Ancien véhicule d’un souverain indien, une Humber Snipe 80 de 1934 affiche une peinture noire patinée. “Elle laisse apparaître les stigmates de réparations entreprises au fil de sa vie, nous montre Thierry Chazelle. La réparation de voitures anciennes dont les produits utilisés sont difficiles à identifier entraîne des défauts d’aspects. Il existe aujourd’hui des produits adaptés pour effectuer ces réparations sans trace importante. Pour des véhicules classés, il est possible, avec une dérogation, d’utiliser les produits d’époque, comme pour une œuvre d’art.”
Les Mercedes 300 SL figurent à profusion sur ce salon. “La peinture de cet exemplaire est parfaitement entretenue ou suffisamment bien refaite pour reproduire l’aspect légèrement satiné des teintes métallisées des années 60. Il faut environ 5 % d’agent matant”, précise notre ingénieur peinture.
Une Mazda 787 B, dans sa livrée de victoire aux 24 Heures du Mans 1991 : “Sa peinture aux pigments fluorescents est forcément refaite, indique notre expert. Les pigments perdent rapidement leurs propriétés. Une voiture de course est, de toute manière, fréquemment repeinte pour effacer les multiples impacts sur la carrosserie au fil des courses.”
Le marchand qui propose cette Bugatti 35 revendique son authenticité. “Malheureusement, l’état de sa peinture vient d’une tentative de restauration avec des produits inappropriés, critique notre guide. Les couches d’origine ont réagi aux solvants de la peinture appliquée. Il faut retourner à la tôle sur l’intégralité de la carrosserie pour la sauver.”
Passage obligé par le stand qui vante les mérites des carrossiers français des années 20 à 60. “Sous une allure d’état “concours”, cette Hotchkiss Monceau carrossée par Chapron, rarissime, présente néanmoins les stigmates d’une restauration ancienne. La peinture présente de nombreux signes de fatigue et laisse présumer de travaux ultérieurs sur la tôlerie. Par ailleurs, des retouches sont identifiables par la présence de brouillard sur les ailes”, indique Thierry Chazelle.
Parmi les constructeurs présents, Skoda joue la carte de la restauration de son patrimoine sur son stand. Quatre modèles y sont exposés, illustrant la longue histoire du constructeur tchèque depuis 1926. Le musée a mis à disposition des voitures à divers états de leur rénovation. “Il est plus simple de reconstruire complètement que de traiter une carrosserie, indique notre expert peinture. On peut ainsi utiliser les produits actuels les plus adaptés pour préserver l’avenir du véhicule.”
Un des clous de l’exposition est constitué par l’étonnante collection d’Alpine rassemblée par le créateur de la marque, Jean Rédélé. Toutes bleues, les berlinettes et prototypes illustrent dix ans de compétition. Une A110 attire notre chimiste : “Sur ce modèle, nous rencontrons un phénomène de “cloquage”. Il est dû à des impuretés présentes lors de l’application de la peinture, souvent lors d’une réparation. L’humidité atmosphérique passe au travers des couches perméables et vient gonfler cette impureté. Le décollement du vernis qui s’ensuit peut attaquer la peinture en feuilles complètes.”
Les modèles récents sont de plus en plus répandus en collection. Il faut néanmoins trente ans pour qu’une voiture puisse y prétendre. Dans les années à venir, la FFVE attend 300 000 nouveaux modèles avec ce statut. A Rétromobile, ils ont leur stand, qui reprenait pour cette édition les grandes années du Paris Dakar. Renault 4L, Peugeot 205 T16 sont désormais recherchées, tout comme les 205 GTI ou Citroën Visa…
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Le monde du véhicule de collection
Selon la FFVE, les collectionneurs sont plus de 250 000 en France, regroupant environ 1,1 million de véhicules. Pour être classé en collection, un véhicule doit avoir plus de 30 ans ; 1 250 clubs regroupent ces propriétaires et 200 professionnels y consacrent plus de 75 % de leur activité. La valeur moyenne des véhicules de collection est pour 82 % inférieure à 15 000 euros. Quant à la vente aux enchères qui s’est tenue dans le cadre du salon, qui présentait à la vente 177 voitures et motos, et des accessoires, elle a drainé près de 30 millions d’euros de chiffre d’affaires pour l’organisateur Artcurial Motorcars.
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