Rétromobile : La monnaie de la pièce
Le salon majeur français de l’automobile ancienne n’est pas seulement le rendez-vous incontournable des collectionneurs internationaux et des clubs de marques. Depuis maintenant trente-six ans, Rétromobile est aussi un vaste marché où les professionnels de toute forme affirment leur place, font de juteuses affaires ou touchent leurs clients amateurs pour faire rouler leurs voitures régulièrement.
Un milieu très diversifié
Les marchands internationaux de voitures anciennes attirent les regards, les photographes et les commentaires, mais ce ne sont pas eux qui accueillent le plus de visites. Accessoires et pièces occupent une surface importante de ce musée très vivant. Les professionnels y présentent une offre très variée et proposent des solutions de réparation pour toutes les marques et tous les équipements. Ainsi, la spécialisation peut se faire par marque et modèle (Néo Rétro, Melun Rétro Passion ou l’Atelier des Anglaises), par type d’équipement (la sellerie chez Enpi, les systèmes d’alimentation moteur chez B2H) et même en distinguant le neuf de l’occasion (“Automobilia”, projecteurs ou compteurs pour Bernard Arztegui, équipement d’atelier chez Guernet…).
Un parc conséquent
La Fédération française des véhicules d’époque (FFVE) estime à 600 000 le nombre de véhicules préservés par des collectionneurs, qui sont quant à eux plus de 150 000, regroupés au sein de clubs de marques ou régionaux. Bien que totalisant un kilométrage peu important, le parc de ces véhicules est une source de chiffre d’affaires non négligeable. Sur Rétromobile, on compte ainsi 150 marchands, des assureurs, des organisateurs d’événements. Selon une enquête menée par la FFVE, 2 000 entreprises fabriquent, vendent des produits et des services en France, rapportant 90 millions d’euros en exportations, alors que le coût d’entretien représente plus de 150 millions d’euros. Secteur plutôt stable, l’automobile ancienne représente environ 15 000 emplois et 64 % des entreprises y ont plus de dix ans d’existence.
Une nouvelle clientèle
Néanmoins, le monde de la voiture de collection évolue. Une nouvelle génération s’intéresse à des véhicules plus récents, qui évoquent chez les jeunes de 20 à 30 ans les voitures de leurs parents ou grands-parents. Ce marché de plus en plus important, qui échappe aux constructeurs, ne trouve pas nécessairement sa place chez les réparateurs indépendants, qui ne sont pas toujours bien informés pour trouver les pièces détachées indispensables au bon fonctionnement de ces “jeunes anciennes”. “On commence à avoir une petite demande sur les véhicules que l’on dit “youngtimers”, nous indique Claude Guiot, qui a créé Néo Rétro autour des pièces pour véhicules des années 50 et 60. Nous n’avons pas de réponse crédible sur cette évolution. D’une part, le constructeur ne fournit plus rien, par exemple sur une 205 GTI, même les garages de la marque ne veulent pas trop voir ces voitures. C’est un marché totalement différent. Les pièces sont refabriquées en séries limitées et les délais de réparations ne sont pas assurés. Le coût de la réparation ne peut pas être vraiment discuté, d’autant que les taux de main-d’œuvre sont déjà relativement bas. Restent les professionnels. Nous commençons à les favoriser car ce sont des clients connaisseurs et respectueux. Il y a réellement une opportunité à ce que ces garagistes se regroupent en réseaux. A l’image des Midas, garages AD et autres, un réseau de réparateurs spécialistes de la voiture ancienne pourrait assurer de la qualité de réparation sur des véhicules de collection.”
Après cinq jours, le salon a fermé ses portes avec un record de 70 000 visiteurs, qui ont assuré aux professionnels jusqu’à un mois d’activité commerciale. Un bilan positif qui augure d’une prochaine édition tout aussi dynamique.