Bien choisir son équilibreuse
Selon les chiffres du GIEG, le Groupement des Industries d’Equipements de Garage, le nombre d’équilibreuses achetées par les professionnels du commerce et de la réparation automobile serait en constant recul depuis plusieurs années. Mais est-ce réellement le cas ? Les ateliers français s’équipent-ils moins ou ralentissent-ils le rythme de renouvellement de leur parc machine ? Surprenant, dans un marché où l’équilibreuse constitue indiscutablement l’un des équipements de base… Pour répondre à cette question, il convient, avant toute chose, de revenir à l’essence même de toute statistique : l’échantillonnage. Car le GIEG ne représente pas tous les vendeurs d’équilibreuses en France… Lors de nos recherches, nous nous sommes amusés à taper “Equilibreuse” dans le moteur de recherche Internet représentant 97 % de parts de marché : Google. Dans une première série de résultats, en tête des réponses proposées par le géant de Mountain View, apparaît une série de liens permettant d’acheter une équilibreuse en ligne chez des e-commerçants référencés sous la bannière Google Shopping. Et, parmi ces derniers, aucun des équipementiers membres du GIEG n’apparaît… Plus de 20 vendeurs d’équipements en ligne s’arrogent donc une part de marché qui revenait historiquement à ces acteurs traditionnels. De là à penser que la croissance du commerce B2B en ligne ait pu absorber ce volume que les équipementiers traditionnels déclarent avoir perdu, il n’y a qu’un pas. D’autant que les prix sont particulièrement attractifs : moins de 1 000 euros dans la plupart des cas pour des machines vendues 30 à 80 % plus cher chez les grossistes. Evidemment, à ce prix, le service est à ignorer. Mais, sachant que le coût de l’heure de main-d’œuvre en France a crû de 50 % de 2000 à 2015, il y a fort à parier que d’ici peu, le coût de réparation d’une telle machine en comparaison avec le coût du renouvellement rendra l’option de la machine “jetable” tout à fait envisageable. Sans oublier que les vendeurs livrent souvent le 20/80 de la pièce de rechange, qui correspondra à votre machine dans la plupart des cas.
Qualité au rendez-vous
Il est à noter que cette part de marché n’est pas la seule que les membres du GIEG ont perdue. Depuis quelques années maintenant, des importateurs de matériels chinois, italiens (ou parfois chinois finis en Italie, afin de disposer de la mention “Made in Europe” quitte à ce que seule une étiquette soit collée sur le vieux continent) se sont fait une place. Imaginez : parmi les résultats de la première page de Google, seuls deux des 9 véritables industriels d’équipement de garage apparaissent ! Et en deuxième page, seulement 3 autres les rejoignent… Le marché du renouvellement du parc d’équilibreuses en place sur le marché français ne connaît donc pas forcément d’attrition, mais l’émergence d’une nouvelle classe de distributeurs importateurs, se substituant à un groupe d’industriels dont une minorité continuait de fabriquer, de toute façon.
Pour s’imposer sur ce marché, des nouveaux distributeurs ont frappé directement là où le consommateur aime : sur le prix. Et n’allez pas imaginer que cette diminution du prix fut synonyme de descente en gamme. Comme pour les membres du GIEG, le cœur du marché de ces nouveaux acteurs se situe exclusivement sur les équilibreuses à une pige électronique. Certes, elles ne sont pas les plus perfectionnées, mais à moins d’équilibrer un nombre impressionnant de roues, seuls les pneumaticiens les plus énervés parviennent à amortir le surcoût engendré par une seconde pige électronique (30 à 50 % selon les marques). Sans parler de la faiblesse supplémentaire de l’équipement. Car l’électronique et les capteurs embarqués sur les piges sont les talons d’Achille de ces machines.
N’imaginez pas non plus que ces fabricants d’équipements de garage aient été aussi retors que les constructeurs d’automobiles, qui alimentent vos ateliers. Pas d’obsolescence programmée ou de calcul du MTBF (Mean Time Between Failure ou Temps Moyen Entre Panne). Les constructeurs d’équilibreuses pâtissent tout simplement de la faiblesse des volumes, dans une course au prix qui les empêche d’utiliser des composants plus modernes et souvent plus fiables, puisque les coûts de recherche et développement se révèlent alors difficiles à amortir. Votre équilibreuse ne cédera donc jamais au niveau de la broche (quoi qu’il ne faille tout de même pas emmancher vos masses lorsque la roue est montée mais simplement les mettre en position avant de déposer la roue. Vous aurez alors tout loisir de cogner dessus avec la pince marteau offerte avec votre machine), mais bel et bien au niveau de l’interface homme – machine. Les pupitres de commande, afficheurs et pige sont les best-sellers des vendeurs d’équipements, qui se transforment alors en vendeurs de pièces de rechange.
Focus sur la gamme
Sur un tel marché, il est donc difficile de différencier les offres des différents acteurs. Tous mettent en avant un nombre de programmes, une ergonomie à couper le souffle…, sans oublier la course à celui qui offrira le plus grand nombre de petits emplacements pour ranger les masses d’équilibrage, masses qui finiront mélangées, quoi qu’il advienne ! Tous mettent également en avant les capacités des machines, notamment le départ et l’arrêt automatique sur la position de correction, qui peuvent limiter le risque d’erreur avec une fiabilité quasiment équivalente à la pédale de frein traditionnelle. EGI met ainsi en avant une gamme très traditionnelle et très éprouvée de machines Made In China, mais que le groupe Werther a commercialisées dans le monde entier depuis de nombreuses années. N’y cherchez pas les innovations que d’autres poussent dans leur gamme : que du très traditionnel, mais la disponibilité du SAV du réseau des distributeurs de la gamme EGI assure un bon rapport qualité / prix sur les segments des machines d’entrées de gamme. Actia Muller met en avant, quant à elle, des machines raisonnablement positionnées, disposant d’options comme le positionnement laser où la machine marque visuellement l’emplacement des masses. Mais également des options de mesure de largeur de jante sans contact, grâce à l’utilisation d’un sonar, évitant donc l’inconvénient des pièces mobiles dans la seconde pige électronique. La qualité de finition de cette gamme, également asiatique, en fait l’une des meilleures offres de transition entre la machine chère que l’on n’hésite pas à faire réparer et la machine “jetable”. Surtout que tous les distributeurs sont en capacité d’intervenir sur les machines, assurant de fait une meilleure réactivité et maîtrise des coûts du SAV en cas de panne. Fog Automotive développe, quant à elle, un modèle nouveau de commercialisation de machines fabriquées en Chine, mais testées en Italie, avant d’atterrir sur le site de Cosne sur Loire pour les machines d’entrées de gamme, et du “véritable” made in Italy pour les machines haut de gamme. Concernant l’industriel italien qui se cache derrière ces machines, que du très sérieux. C’est SICE, du groupe Corghi qui est à la manœuvre. La longévité se voit alors très largement accrue par rapport aux dernières machines comme la U228, alors fabriquée par Sicam. Sicam, qui avait hérité de la fabrication des machines Facom à l’époque du groupe FFB, fin de la parenthèse.
Le SAV en questions
Attention cependant aux coûts de SAV d’un équipementier assurant lui-même la majeure partie du service, à des coûts parfois prohibitifs. Les machines aujourd’hui fabriquées par Sicam, sont distribuées par le géant Robert Bosch, qui détient probablement, aujourd’hui, la plus forte part de marché de tous ces industriels. Cette gamme 100 % italienne est, pour le coup, distribuée absolument partout, du fait de l’envergure du géant allemand au sein des groupes de la distribution indépendante. Elle constitue la gamme parfaite : économique à l’achat et à l’entretien. Du moins, tant que vous resterez dans la marque Bosch. Attention aux machines Beissbarth, sur lesquelles vous paierez le Premium, exclusivement lié au référencement de la machine au sein des réseaux constructeurs. Mais notez bien que la gamme WBE 41 est tout simplement la meilleure de toutes pour l’essentiel des besoins aujourd’hui exprimés par les ateliers.
Au sein des catalogues des distributeurs indépendants, seul Ravagliolli tient alors la comparaison de prix avec des machines également made in Italy, plus agressives que les machines de l’Allemand. Comme l’ensemble de la gamme Ravagliolli, le rapport qualité prix est irréprochable. Mais, comme les machines du groupe Bosch, elles tiennent cependant difficilement la comparaison avec les modèles les plus haut de gamme, sur lesquels les 3 entreprises suivantes restent ultra-dominantes : Sur la troisième marche du podium, on retrouve le groupe américain Snap On. Disposant de sa propre unité de fabrication en Italie, les équilibreuses Hoffman, également disponibles sous le nom John Bean, sont parmi les plus belles équilibreuses au monde. La Geodyna 9000p est un véritable bijou de technologie, et éprouvé puisqu’elle est commercialisée depuis plus de 4 ans maintenant. Son but : faire vendre des prestations de géométrie et de permutation, en optimisant le positionnement des pneumatiques sur les différents moyeux. La mesure des profondeurs de rainures et le rendu visuel sont proposés, grâce aux caméras scrutant le moindre détail de chacun des pneumatiques. Ne pensez pas qu’il s’agisse là d’un gadget, mais d’un puissant vecteur de génération de leads en après-vente pour les points de vente. En tout cas pour ceux ayant optimisé leur organisation en vue de tirer le meilleur de ces mines d’or que sont les CRM et les bases de données.
Sur la seconde marche de notre podium, Rema Tip Top. Si ses machines ne présentent pas les plus belles innovations ces dernières années, leur fiabilité et celle de leurs réseaux en font des offres incontournables. Sans parler de leur connaissance intime du métier de leurs clients, pour lesquels ils se présentent comme les fournisseurs de toutes les solutions métiers des pneumaticiens. Enfin, s’il fallait désigner le véritable acteur de référence indétrônable des équipements de garage en rapport avec le pneumatique, ce serait indiscutablement Corghi et son distributeur de toujours : Provac. L’inventeur du démonte-pneu qui a, depuis, inondé les ateliers des constructeurs et pneumaticiens de ses Artiglio Master et Artiglio 50, reste le meilleur fournisseur d’équipements de liaison au sol : démonte-pneus, équilibreuses et réglages de trains roulants. Vous verrez très certainement sur les différents salons ou sur les vidéos à profusion sur internet le fruit de leurs innovations et de leur recherche et développement, aujourd’hui modélisé par des machines compliquées à rentabiliser. Mais ces innovations sur l’automatisation totale de process de montage, d’équilibrage et de mesure des géométries de trains roulant, donneront également un avantage imbattable au numéro 1 mondial dans ce domaine. Enfin, sachez que Corghi est tout simplement le seul des acteurs ici présentés à disposer de son propre site industriel en Chine, où les ingénieurs italiens sont détachés tout au long de l’année en vue d’assurer des productions au rapport qualité / prix imbattable. Ces derniers pourraient ainsi en apprendre beaucoup à leurs collègues, sur la maîtrise des coûts, concomitante au développement des machines les plus innovantes. En revanche, coté SAV, croisez les doigts pour ne jamais avoir de problème : la facture est généralement à la hauteur de leur capacité d’innovation…, vertigineuse !
En bref
Si nous ne devions en retenir qu’un, notre conseil resterait de porter votre attention sur ce qui fera réellement vos gains de temps et votre retour sur investissement, plutôt que de favoriser le gadget ! Ecartez alors les accessoires d’équilibrages aux fonctionnalités dont vous ne vous servirez absolument jamais. Deux véritables équipementiers fournissent la quasi-totalité des membres du GIEG en accessoires : l’Allemand Haweka et l’Italien Fermas. Les plateaux 3, 4, 5 trous, plateaux à manetons, les jeux de cônes et les écrous de serrage rapide constituent les accessoires indispensables pour assurer toutes les mises en position, aussi fondamentales que la justesse de la machine elle-même. Tout en permettant réellement de gagner du temps. Pour ceux qui n’en disposent pas encore, un seul essai d’écrou rapide, au lieu de passer 30 secondes à tourner son alter ego traditionnel, vous en fera comprendre l’intérêt. Enfin, souvenez-vous également que la législation du travail est ainsi faite que, dans un nombre croissant de cas, les enveloppes montées sur jantes ne devraient plus être soulevées par les compagnons sans moyen de manutention tels que les élévateurs de roues. Prévoyez alors toujours un budget pour assurer la longévité de votre plus bel actif qui n’apparaît pourtant jamais au bilan d’une entreprise : vos ressources humaines !