Quand les ateliers se préparent à l'électrique

Les ateliers s'adaptent à l'électrification automobile. D'après l'Avere, le parc roulant français comptait en janvier dernier 1,6 million de véhicules électrifiés, dont 586 800 hybrides rechargeables et 1,04 million électriques. Ce qui représente plus de 300 000 nouvelles immatriculations en six mois. Leur part continue donc de croître rapidement.

Pour assurer leur après-vente, les premiers réparateurs à s'équiper ont naturellement été les concessionnaires et les carrossiers. Certains réseaux de centres autos s'y mettent aussi. A contrario, les garagistes indépendants sont moins pressés. Une temporisation logique face à un parc récent, majoritairement sous garantie constructeur. Les modèles immatriculés aujourd'hui entreront dans leurs ateliers d'ici cinq à huit ans. Mais les MRA doivent anticiper l'arrivée de ces véhicules. Côté fournisseurs, l'offre est déjà prête. L'outillage et l'équipement dédiés obéissent à des normes assurant à la fois la sécurité des techniciens et l'intégrité du véhicule. "On transforme les mécaniciens en électriciens", résume Frédéric Lose, chef de produits outillage Würth. En effet, les réparateurs habilités utilisent EPI et outils isolés pour mettre en sécurité les VE et intervenir sur leurs organes. Certaines opérations requièrent aussi des équipements de manutention spécifiques. De nouveaux appareils apparaissent aussi, comme pour vidanger certaines batteries.

Les équipements existants sont adaptés aux VE

Pour l'outillage à main, de nombreux fournisseurs ont mis à profit leurs compétences acquises dans d'autres secteurs. À l'instar de Würth, fort de sa longue expérience auprès des électriciens. "Il s'agit de la division numéro un de notre groupe. Beaucoup d'outils isolés utilisés par les garagistes existent donc depuis longtemps dans nos gammes, explique Frédéric Lose. Certains sont toutefois beaucoup plus employés par les garagistes que par les installateurs électriciens, comme les clés dynamométriques. Nous avons aussi sorti des douilles plus grandes pour le PL."

On transforme les mécaniciens en électriciensFrédéric Lose, chef de produit outillage Würth

Pour intervenir sur les batteries, dont le poids tend vers les 300 kg pour une citadine et les 600 kg pour des modèles plus volumineux, les fabricants ont également adapté certains matériels de leur catalogue, comme les tables élévatrices. Leurs capacités ont été modifiées pour supporter des charges plus lourdes et encombrantes. Méfiance, toutefois : les fournisseurs tâtonnent encore et commettent des erreurs de conception. Ainsi, la table élévatrice d'un constructeur français s'est révélée insuffisante pour supporter ses batteries les plus lourdes et se déforme dangereusement…

Gare aux tarifs trop attractifs

Ce type de matériel représente des investissements particulièrement élevés, ce qui attire les marques exotiques aux prix attractifs. "Alors qu'une table élévatrice coûte de 5000 à 10 000 euros, on en trouve à 2 500 euros. Que se cache-t-il derrière ce prix ?", interroge Cédric Le Cordroch, directeur marketing et communication Clas. Après avoir testé de nombreux modèles asiatiques, il livre son verdict : "Certaines de ces tables élévatrices ne pèsent que 250 kg (contre 400 à 450 kg normalement) et sont donc moins résistantes. Avec 800 kg dessus, elles se déforment."

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Si l'offre d'outillages et de matériels d'atelier destinés aux VE tend donc à se développer, certains équipements restent l'apanage des réseaux constructeurs, à l'image de la station de vidange de batterie Texa (lire ici). Elle reste pour l'instant exclusive au groupe Volkswagen, mais des modèles multimarques sont en cours de développement. Ils doivent toutefois surmonter l'écueil de la multiplication des modèles de bouchons. Un problème d'absence de standardisation qui a toujours existé dans l'industrie automobile, et qui ne devrait pas empêcher l'arrivée de ces équipements sur le marché du multimarquisme.

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• Würth : démonter et remonter les VE en sécurité

Gamme d'outils isolés et servante dédiée de Würth. ©Würth

Le catalogue e-mobility de la marque allemande compile une offre complète de plus de 6 000 références d'outillage dédiées aux VE. Würth met en avant un kit de démarrage contenant l'essentiel pour l'atelier (validé par le Cesvi). Il propose le nécessaire pour délimiter la zone réservée aux VE, les EPI jusqu'aux appareils de mesure électrique. Mais l'outillage à main reste son cœur de métier.

Aussi, l'ensemble de ses outils isolés 1 000 V obéit à la norme CEI 60900. La marque reste particulièrement attachée à leur qualité – tant pour les références sorties de ses usines que de celles de ses fournisseurs. Des services (SAV joignable en permanence, tutoriels, etc.) les accompagnent, permettant à la marque de se positionner "en apporteur de solutions plutôt qu'en simple fournisseur", précise Annabelle Houzel, cheffe de marché. Ainsi, ses servantes spécifiques aux VE (non comprises dans le kit) rencontrent un grand succès. Cette offre a séduit de grands réseaux comme Volkswagen, Maserati, Porsche, Renault  Retail Group, Axial ou encore Fix Auto.

• Clas : soulever facilement les batteries

Table élévatrice Clas, pour la manutention des batteries de VE. ©Clas

Le technocentre du Cesvi a aussi certifié la table élévatrice pour batteries de Clas. Celle-ci est utilisée pour déposer cet organe encombrant de 600 à 800 kg. C'est une opération nécessaire pour la remplacer, opérer directement sur ses cellules ou passer la voiture en cabine de peinture. Cet équipement doit donc impérativement assurer la sécurité de ses opérateurs. Clas décline sa table en deux formats d'une capacité de 1 000 et 1 500 kg. "La seconde peut accueillir tous types de batteries, y compris des modèles encore à venir", précise Cédric Le  Cordroch.

Ces tables sont dotées d'un système de levage hydropneumatique avec commande au pied. Celui-ci assure une plus grande précision que les modèles pneumatiques. Leur sécurité est assurée par des crémaillères latérales. Leurs plateaux s'ouvrent en deux, pour accéder aux ancrages centraux de certaines batteries. Cet équipement peut être complété par une grue ou un palonnier. On économise ainsi l'achat d'une seconde table coûteuse pour les changements de batterie.

• Texa : vidanger automatiquement les batteries

Station Texa de vidange de fluide de refroidissement des batteries, pour les VE des marques du groupe Volkswagen. ©Texa

Voici une station de vidange unique en son genre. L'équipement d'entretien des systèmes de refroidissement des VE de Texa est réservé aux marques du groupe Volkswagen. La station eFluid VAS 531 011, présentée à Equip Auto 2022, est d'ailleurs exclusivement distribuée au sein de ce réseau.

En effet, pour purger ses batteries refroidies par un liquide (jusqu'à 20 litres d'eau glycolée), le groupe allemand a préféré codévelopper un appareil spécifique avec l'équipementier italien. Cet appareil exploité par les réseaux du groupe offre plusieurs fonctionnalités. Il permet, tout d'abord, de vidanger le liquide de refroidissement usagé et de le remplacer. Ensuite, ce système peut aussi nettoyer et contrôler à vide l'étanchéité du circuit.

Pour effectuer automatiquement ces deux types d'opérations, son système est piloté par l'outil de diagnostic. Celui-ci ouvre notamment les électrovannes en injectant la quantité de produit sans laisser de bulles d'air dans le circuit. Les mises à jour du constructeur sur le logiciel du système permettent de l'affecter à tous les modèles des marques du groupe. Dernière possibilité : "Cet outil peut aussi être utilisé pour vidanger un véhicule thermique. Mais il faut impérativement éviter de mélanger huile et liquide réfrigérant", précise Sébastien Rambaud, responsable après-vente Texa.