A Toulouse, ACR voit la vie en rose
La configuration locale est bien connue. À Toulouse, le monde de la pièce détachée tourne quasi exclusivement dans un tout petit périmètre, marqué en son cœur par la rue Federico-García Lorca. Le long et autour de celle-ci, gravitent des plateformes de premier plan comme Altone (GPI), Dapam et PAP Sud (Alternative Autoparts), Chaussende (Apprau), Drop Occitanie (Agra-Sirius), tandis que l'un des cadors du marché, Alliance Automotive, est installé quelques minutes plus au nord de cette zone. Personne ou presque ne manque à l'appel et, à l'heure de chercher un nouveau point de chute, c'est assez logiquement dans cette "place to be" qu'ACR Group a concentré son attention.
"Rester ici était impératif, note Nicolas Bencteux, directeur général du réseau de plateformes. Dans le cas contraire, nous risquions de perdre des clients." Hervé Boisnard, directeur supply chain, complète : "Tous les transporteurs se trouvent dans cette zone."
Historiquement, la filiale de PHE (Parts Holding Europe) évoluait non loin de là, aux côtés d'Autodistribution Garonne-Arnaudies, représentant local du groupement. Pour absorber sa croissance, répondre à ses ambitions et suivre l'évolution du secteur, ACR entreprend en mars 2021 de déménager. Avec cette nécessité de ne pas s'éloigner des tournées des transporteurs, de rester proche de l'autoroute et de dénicher un entrepôt correspondant à ses besoins.
ACR Toulouse ou les vertus d'un schéma à "trois têtes"
Début 2022, quelques mois après avoir finalisé une opération similaire à Marseille, le réseau aux neuf plateformes prend possession de son nouvel outil toulousain, où se trouvait précédemment un garde-meubles.
Située chemin du Prat Long, non loin de toutes ses consœurs, la plateforme est à proximité immédiate du nœud autoroutier reliant les A620 et A621. La structure, quant à elle, s'étend sur 2 000 m² au sol complétés par une mezzanine de 1400 m², et affiche une capacité de stockage évaluée à 60 000 références. À titre de comparaison, c'est trois fois plus qu'auparavant.
"C'est comme si vous passiez d'une supérette à un supermarché", image Nicolas Bencteux. Et cela s'explique tout autant par le potentiel offert par la taille de la plateforme que par une évolution stratégique. Ces dernières années, ACR a en effet entrepris de transformer son modèle pour gagner en efficacité et en attractivité.
Et d'adopter un schéma à "trois têtes" avec la plateforme de Gennevilliers, qui rayonne sur l'ensemble du territoire et alimente tous les entrepôts, quand Marseille et Toulouse font office de relais régionaux pour livrer en J+1 respectivement tout le Sud-Est et tout le Sud-Ouest. Dans la Ville rose, les assortiments ont ainsi été élargis.
Mais cette évolution s'explique également par une seconde évolution stratégique. Toulouse constituait en effet la dernière étape de la mutualisation des opérations logistiques entre ACR et sa cousine Doyen Auto France. Un projet titanesque qui aura duré trois ans et concerné tout l'Hexagone.
L'un manquait de place, l'autre en avait trop
En Haute-Garonne, la problématique était singulière. Si ACR manquait de place, Doyen Auto en avait trop avec un entrepôt, situé à une demi-heure de là, à Castelnau-d'Estrétefonds, totalement surdimensionné. Regrouper sur un seul et même site à la fois les stocks des deux entités, mais aussi le bureau local d'ACR et le siège social de Doyen Auto France, prenait donc tout son sens. "Aujourd'hui, nous sommes en phase de consolidation et ACR nous accompagne dans notre développement, pose Mickaël Montarou, directeur commercial et marketing. Cette réorganisation apporte un vrai service à nos clients et nous permet d'être ambitieux."
Notamment par le biais de son réseau de distributeurs, API, qui compte actuellement 65 membres contre une centaine espérée "d'ici trois à quatre ans". "On a réussi à capter les forces de chacun", se félicite Nicolas Bencteux. De l'extérieur, c'est d'ailleurs visible au premier coup d'œil puisque le bleu de l'un cohabite parfaitement avec le rouge de l'autre sur la devanture. À l'intérieur, comme le fait remarquer Hervé Boisnard, le modèle de Toulouse a été calqué sur celui de Marseille en termes de structure de stockage, d'implantation des gammes ou d'outils informatiques.
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Pour le reste, l'activité de la plateforme repose sur trois piliers : le comptoir, qui représente une part considérable (30 %), les commandes en H+4, et enfin celles en J+1 autrefois réalisées depuis Gennevilliers. Chaque semaine, 15 000 pièces partent à l'expédition. Les allées, rangées au cordeau, s'organisent en fonction du poids et de la taille des pièces plutôt que par taux de rotation. Celles encombrantes et lourdes sont donc au rez-de-chaussée, quand les plus légères se trouvent à l'étage.
Un exemple de mutualisation réussie
Entre les deux, on a déployé une mécanisation légère avec l'utilisation d'un convoyeur. Pour limiter les trajets inutiles des opérateurs dans l'entrepôt, les pads guident chacun entre les allées. Ils peuvent ainsi préparer jusqu'à huit commandes simultanément, dans un laps de temps fixé à 15 minutes, avec un risque d'erreur très limité à défaut d'être nul. ACR a en effet prévu de multiples contrôles, parfois doublés, tout au long du parcours de la pièce dans la plateforme, de son arrivée à son expédition en passant par sa mise en rayon ou son enlèvement par l'opérateur.
Enfin, pour en revenir à la logique de mutualisation entre ACR et Doyen, dans l'entrepôt et pour le client, celle-ci s'avère totalement neutre. Quand un distributeur du second effectue une commande depuis la plateforme du groupement, sa requête descend ensuite dans le flux de commande avant que la pièce parte et que Doyen la facture. D'ailleurs, grâce à une interconnexion des systèmes, si Doyen n'a pas la pièce en question, ACR prendra le relais de façon tout aussi invisible pour le client. De quoi booster la performance locale de PHE.
Malgré deux offres, deux marques ou encore deux équipes commerciales, ACR et Doyen avancent main dans la main et cela fonctionne. "Le travail réalisé depuis un an est énorme, ajoute Nicolas Bencteux. On a beaucoup communiqué avec les équipes sur ce projet au moment de cette évolution. On a beaucoup insisté sur le fait que nous pouvions et nous allions travailler ensemble, tout en préservant l'identité ou l'histoire de chaque entité. Aujourd'hui, les équipes peuvent être fières d'elles."