Airbags Takata : un distributeur BMW mis en examen

Les scandale des airbags Takata, qui a provoqué des centaines de morts dans le monde, prend un nouveau tournant en France. Pour la première fois, un distributeur automobile a été mis en examen pour blessures involontaires.
Il s’agit de Leal Réunion, importateur officiel de BMW sur l’île. Le professionnel est accusé de n’avoir pas suffisamment informé un conducteur dont le véhicule était équipé d’un airbag défectueux.
Une "inertie" pointée par les juges
Le 6 mai 2020, un automobiliste réunionnais est grièvement blessé au visage lors de l’explosion de l’airbag de sa BMW 318i. L’enquête a révélé que le véhicule, immatriculé pour la première fois en 2001, faisait partie de ceux rappelés pour risque de dysfonctionnement des airbags Takata. Selon l’expertise judiciaire, Leal Réunion n’aurait réellement commencé à prévenir les détenteurs de BMW qu’à partir de juillet 2020, soit après l’accident.
Lors de son interrogatoire, un dirigeant de Leal Réunion a reconnu que le conducteur n’avait reçu "ni courrier ni appel" de leur part. "C’est vrai… Je n’avais pas ses coordonnées", a-t-il admis, expliquant que la société avait repris en 2013 la distribution BMW d’un concurrent sans disposer de son fichier client. Il a également invoqué les difficultés liées à la pandémie de Covid-19 et à l’absence d’accès au système d’immatriculation des véhicules (SIV), pourtant sollicité auprès de l’État.
Une défense qui conteste toute faute
L’entreprise nie toute responsabilité et a demandé à être placée sous le statut plus favorable de témoin assisté. Son avocat, Me Guillaume Martine, entend démontrer que "Leal Réunion a mis en œuvre toutes les diligences possibles pour empêcher de tels accidents, compte tenu de la connaissance limitée, à l’époque, de la dangerosité des airbags défectueux".
Il met aussi en avant "des entraves diverses qui existaient, y compris de la part de pouvoirs publics qui étaient alors nettement moins mobilisés qu’ils ne le sont aujourd’hui".
Pour rappel, en France, au moins 18 décès sont imputés à ces dispositifs défectueux. Depuis fin juin, 1,7 million de véhicules sont interdits de circulation tant que leur airbag n’a pas été remplacé.
(Avec AFP)