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Distribution

Autolia cherche à se réinventer

Publié le 12 novembre 2021
Par Romain Baly
4 min de lecture
En attendant qu'une nouvelle direction prenne le pouvoir, vraisemblablement début 2022, le groupement prépare son avenir. Une gouvernance inédite et plus partagée qu'auparavant devrait être adoptée, alors que la concrétisation de plusieurs projets est espérée.
Président d'Autolia, André Brutinel passera la main début 2022, laissant la place à une nouvelle gouvernance, plus collégiale.
Président d'Autolia, André Brutinel passera la main début 2022, laissant la place à une nouvelle gouvernance, plus collégiale.

La discrétion fait partie intégrante de l'ADN d'Autolia. À l'instar de ses membres fondateurs – Agra, Flauraud, TVI et Temot France – le "groupement des indépendants réunis" n'a jamais, depuis son lancement en 2006, été un adepte de la communication. Président de l'organisation, André Brutinel ne dit pas autre chose : "On est discrets, mais ça nous va bien. Ce n'est pas notre rôle ni notre vocation de faire parler de nous. Nous sommes là avant tout pour servir les intérêts de nos adhérents."

Une vocation mise à mal ces derniers temps. Dans les rangs d'Autolia, une envie de changement était perceptible dernièrement, et les silences récents n'étaient sans doute pas uniquement dus à la philosophie de l'organisation. De façon assez paradoxale, le fond du problème, l'objet des interrogations, ne porte pas sur la raison d'être d'Autolia. Créé pour soutenir l'activité commerciale de ses adhérents, le groupement demeure encore aujourd'hui une centrale de référencement de poids pour chacun d'eux. "Autolia remplit son rôle auprès des fournisseurs, on est très satisfaits de ce que le groupement nous apporte sur le plan commercial", nous dit Charles Taris, président du groupe Ragot et membre de Temot France. "Notre capacité de référencement est historiquement notre point fort", abonde le président.

Un déséquilibre des forces

Sur le plan des services proposés aux adhérents, le bilan est en revanche plus contrasté. Le CRM Autolia Soft et l'outil de conception de flyers Autolia Doc sont aléatoirement utilisés. La plateforme Meilleur-Garagiste.com (annuaire géolocalisé référençant des réparateurs) n'a jamais trouvé son public et, en interne, ils étaient peu nombreux à y croire. "On est arrivés trop tard et ça n'a pas fonctionné", admet André Brutinel. À vrai dire, le problème est ailleurs et tient dans un déséquilibre des forces qui s'est développé au fil du temps, au corps défendant d'Autolia.

Le point de départ se situe peut-être fin 2017, lorsque le tout récent mais très dynamique groupement Alternative Autoparts décidait de mettre les voiles pour rejoindre Nexus Automotive France. Depuis, le poids de certains membres a également évolué, redistribuant de facto les cartes. Tandis que Flauraud s'enfonçait dans les difficultés (un PSE a même été envisagé en cours d'année avant d'être annulé), l'Agra n'a cessé de monter en puissance. Le "centre décisionnel" s'est ainsi resserré. L'absence de la famille Godefroy, qui aurait pu faire office de contrepoids, tout comme la perte de puissance de Flauraud ont clairement recentré le débat autour du distributeur lyonnais. Pourtant, à en croire André Brutinel, "les pouvoirs sont partagés. Je préside, mais on décide ensemble. Tout le monde à son mot à dire." Sans lui jeter la pierre car bien conscients que l'ex-homme fort de l'Agra a sauvé Autolia au début des années 2010 après le départ de Précisium, les adhérents entendent aujourd'hui changer les choses.

Les actionnaires veulent reprendre la main

"Pendant longtemps, on s'est laissé porter par André, concède Patrick Savarieau, président des groupes Savarieau et du réseau TVI. Il faut se remettre en question et s'impliquer davantage." Charles Taris confirme : "On s'est tous mis d'accord pour que les choses changent." Ces dernières semaines, l'après-André Brutinel était au cœur des discussions avec plusieurs questions majeures. Premièrement, comment réinventer Autolia ? Pour tous, il semble désormais évident qu'un nouveau mode de gouvernance doit être adopté. S'il apparaît légitime que le plus gros contributeur soit aussi celui qui pèse le plus dans les décisions, l'ensemble des adhérents souhaitent être mieux entendus.

Nous sommes dans une période de transition. André Brutinel conserve la présidence jusqu'à la fin de l'année et nous travaillons sur la construction d'une nouvelle organisation, avec de fortes ambitions et la volonté d'évoluer de manière différente", reconnaît Evelyne Barberot, directrice générale de GPA.

Par ailleurs, Laurent Brutinel, qui a succédé à son père à la tête de l'Agra, est-il amené à en faire de même chez Autolia ? Oui, répondent unanimement les adhérents, alors que le principal intéressé préfère botter en touche. "Vous saurez en temps et en heure si la présidence d'Autolia m'intéresse. De toute façon, il y aura une élection et les actionnaires décideront." Enfin, une présidence tournante peut-elle être adoptée ? "Pourquoi pas ?", répond le patron de Ragot. "Rien n'est acté, mais je n'y suis pas vraiment favorable", explique de son côté Patrick Savarieau. Selon nos informations, pour harmoniser le fonctionnement, une approche plus collégiale est envisagée et un comité de direction devrait voir le jour, supplantant le rôle jusqu'ici omnipotent du président. La question des référencements devra elle aussi faire l'objet de discussions. Certains choix, jugés trop favorables à l'Agra, ont été mal compris ces derniers mois, raison pour laquelle plusieurs adhérents militent pour un changement, avec l'idée d'intégrer un ou deux gros partenaires de chaque actionnaire dans le portefeuille d'Autolia.

Des projets communs vont voir le jour

Outre le fait de résoudre ces points, le futur organe de décision devra aussi enclencher une nouvelle dynamique et concrétiser plusieurs projets de développement. Un outil commun à tous les membres d'identification et de commande de pièces – couvrant l'ensemble des gammes de produits (VL, PL, PRE) – devrait être lancé en 2023. Une réflexion sera également menée pour optimiser le fonctionnement logistique de la communauté Autolia, avec l'idée d'identifier d'éventuels circuits de transport communs aux différents adhérents. “Développer davantage de synergies entre nous est un vrai sujet, sur lequel on discute énormément”, confirme Laurent Brutinel. Restera à régler la question du recrutement.

A lire aussi : Agra, nouvelle identité pour de nouvelles ambitions.

Une difficulté récurrente puisque, depuis le départ d'Alternative Autoparts et de Yakarouler, l'organisation peine à séduire de nouveaux entrants. Il y a quatre ans, Philippe Paillet, directeur des référencements, nous confiait que "les candidats ayant le bon profil et épousant notre philosophie ne sont pas légion". Son président ne dit aujourd'hui rien d'autre, évoquant cette complexité à recruter. "Mais personne ne nous rejoindra si on ne change pas notre mode de fonctionnement. C'est à nous de démontrer qu'on est capables d'évoluer", souligne Charles Taris. Tout en confiant son optimisme pour l'avenir, il estime aussi qu'une page devra être tournée. "Il n'y a pas « d'après-André », il n'y a pas de suite possible. On sait ce qu'on lui doit, mais, désormais, il est important qu'on construise une nouvelle histoire."

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