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Constructeurs

Avec Renault, Fixter veut dépoussiérer la maintenance automobile

Publié le 10 juin 2022
Par Mohamed Aredjal
4 min de lecture
Après savoir séduit l'Angleterre, la plateforme d'intermédiation Fixter débarque en France, où elle espère fédérer rapidement un réseau de garages partenaires. Elle pourra compter sur l’appui du groupe Renault, qui vient de racheter la start-up.
Frédéric Dermer, Limvirak Chea et Cristian Vrabie, co-fondateur de Fixter.
Frédéric Dermer, Limvirak Chea et Cristian Vrabie, co-fondateur de Fixter.

Jusqu’ici absent des plateformes d’intermédiation entre réparateurs et automobilistes, le groupe Renault passe à l’offensive avec l’acquisition de la start-up Fixter. Cette acquisition s’inscrit dans le cadre de la digitalisation de l’après-vente du groupe.

"Nous continuons de développer notre offre multimarque en IAM et modernisons en profondeur notre chaine de valeur de l’après-vente afin de toujours mieux répondre aux attentes de nos clients. En rachetant la startup Fixter, nous allons pouvoir combiner l'expertise et la force de frappe du groupe et de son réseau avec l'agilité et la connaissance de tous les aspects digitaux de la maintenance automobile de Fixter", confie Hakan Dogu, senior vice-président après-vente monde de Renault Group.

A lire aussi : Guy-Olivier Ducamp (Renault) : "Notre rôle n’est pas de devenir le champion de l’IAM"

Du coté de Fixter, cette opération va permettre à la start-up d’accélérer son développement en Europe après avoir séduit le marché britannique.

Digitaliser l’expérience après-vente

Bien que Français, c'est en effet de l'autre côté de la Manche que Limvirak Chea et Frédéric Dermer ont donné naissance à Fixter, en 2017. Aujourd'hui, les cofondateurs ont décidé d'amorcer leur expansion internationale en commençant par l'Hexagone, où ils espèrent séduire automobilistes et garagistes.

Comment ? Grâce à leur plateforme d'intermédiation, avec laquelle ils se sont donné pour mission de simplifier l'expérience client dans la maintenance automobile. "L'idée de Fixter m'est venue d'un rendez-vous raté lors d'un contrôle technique. J'avais appelé le centre, mais mon rendez-vous n'avait pas été pris en compte et mon véhicule n'a pas été pris en charge. Finalement, j'ai perdu 2 heures", raconte Limvirak Chea.

Issu du milieu de la tech', ce dernier démarre alors ce projet avec Frédéric Dermer et Cristian Vrabie, leur troisième associé. Les trois entrepreneurs partagent le même profil : peu familiers des ateliers automobiles, ils sont en revanche beaucoup plus à l'aise avec les rouages du numérique.

À l'ère du digital, nous avons tous désormais accès à de nombreux services en quelques clics depuis notre smartphone. Nous ne comprenions pas pourquoi l'expérience n'était pas aussi simple dans la maintenance automobile. Il nous semblait indispensable d'offrir un bien meilleur serviceexplique Frédéric Dermer.

Un service sans effort pour l'automobiliste

Et c'est justement dans cette volonté de rendre les opérations d'entretien et de réparation moins anxiogènes et plus transparentes pour le consommateur qu'est né Fixter. Premier défi de la start-up : faciliter la prise en charge du véhicule jusqu'à l'atelier. Alors que les comportements de consommation ont sensiblement évolué avec le digital, en particulier depuis la crise du Covid-19, la plateforme veut épargner aux automobilistes des allers-retours à l'atelier inutiles et chronophages. Elle dispose d'une équipe de chauffeurs chargés de récupérer le véhicule avant de le restituer au client. "Ce sont des auto-entrepreneurs en quête d'un complément de revenu et d'horaires flexibles", précise Limvirak Chea.

Même souci de simplification pour le devis et la réservation de la prestation. Il suffit à l'internaute de renseigner les informations de sa voiture et l'opération voulue – parmi la cinquantaine proposée – pour obtenir un devis. En cas d'interrogation ou de besoin d'un diagnostic, il peut solliciter le service client de Fixter, qui compte plusieurs techniciens dans ses rangs. Pour garantir la fiabilité de ses devis, la jeune pousse s'appuie sur un outil en constante évolution, couvrant aujourd'hui 90 à 95 % du parc européen.

"Nous avons créé un outil de devis agglomérant les informations des plans d'entretien constructeurs d'Auto-data avec une base de données pièces. En nous appuyant sur le machine learning, nous avons commencé à nous constituer notre propre base de données. Quant aux taux de main-d'œuvre, ils sont indiqués par les garages partenaires", détaille Frédéric Dermer. Une fois le devis accepté par l'automobiliste, il est alors adressé au garage partenaire sélectionné par la plateforme. "Ce dernier peut refuser l'opération, mais c'est assez rare que ça arrive", note Limvirak Chea.

Si les réparateurs acceptent en grande partie les devis adressés par la plateforme, c'est en raison des nombreux services qu'elle leur apporte, selon ses fondateurs. "Nous mettons tout en œuvre pour optimiser le planning de l'atelier et pour que le réparateur n'ait plus qu'à se concentrer sur son cœur de métier. Nous gérons, par exemple, la facturation, et absorbons les frais de paiement. Notre outil est aussi en mesure de prendre en charge les prestations additionnelles. Une fois le véhicule à l'atelier, le réparateur peut en effet envoyer, via notre outil, un devis supplémentaire par SMS, que le client peut valider à distance", souligne Limvirak Chea. Ce n'est pas tout : la plateforme prend aussi en charge le suivi client, et notamment les relances des échéances récurrentes de maintenance.

Autre atout de Fixter que ses dirigeants mettent en avant : son modèle économique ne repose pas sur une stratégie du moins-disant. La start-up entend se distinguer des comparateurs en ligne, qui auraient tendance à "tirer les prix vers le bas", pour offrir à ses garages partenaires une rémunération équitable. C'est pour cette raison qu'un nombre relativement limité d'ateliers est sélectionné dans chaque région.

"Nous ne sommes pas dans une logique exhaustive, poursuit Frédéric Dermer. Nous préférons choisir dans chaque zone quelques garagistes de qualité répondant à nos critères, vers lesquels nous concentrons nos flux." Un modèle qui assure aux réparateurs collaborant avec la plateforme un volume d'affaires assez conséquent, représentant environ 10 à 20 % de leurs entrées atelier.

Fixter se déploie en Europe

Fort de ces atouts, Fixter a déjà séduit quelque 400 réparateurs en Grande-Bretagne (MRA, centres autos, etc.). La start-up a également su convaincre Kamet, l'incubateur du groupe AXA, de l'accompagner dans son développement. Mieux : pour simplifier l'achat de pièces de ses réparateurs, la jeune entreprise vient de nouer un partenariat remarqué outre-Manche avec LKQ, leader local de la distribution… Sûrs de leur modèle, les cofondateurs de Fixter veulent aujourd'hui passer à la vitesse supérieure. "Nous commençons donc par la France avant de prendre pied dans deux nouveaux pays en 2023", confie Limvirak Chea.

A lire aussi : Motrio en quête de notoriété avant de passer aux grands travaux

Dans l'Hexagone, le service sera d'abord mis à l'essai cet été à Paris, puis sera déployé, à partir de septembre, dans de nouvelles régions. Fixter a également rencontré ses premiers garages sur le territoire pour leur présenter son concept. Grâce à Renault, la plateforme profitera d’ailleurs de l’appui du réseau multimarques Motrio qui fédère, rappelons-le, 2 500 points de vente en Europe.

Dans un premier temps, nous espérons fédérer 200 garages, puis 500 afin de proposer un premier maillage du territoire. À terme, nous visons entre 1 000 et 1 500 partenairesconclut Limvirak Chea.

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