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Distribution

Eric Girot (Alliance Automotive) : "Dépanner et réparer les véhicules de première nécessité"

Publié le 29 mars 2020
Par Mohamed Aredjal
4 min de lecture
Face au confinement, Alliance Automotive a d’abord décidé de préserver ses équipes avant d’ouvrir un dispositif de solidarité. Eric Girot et Laurent Attal, directeur général et directeur commercial du groupement, reviennent sur ces mesures prises pour accompagner leurs adhérents et la filière dans ce contexte de crise.
Eric Girot et Laurent Attal, directeur général et directeur commercial d'Alliance Automotive France.

Comment avez-vous réagi après les premières mesures de confinement annoncées par gouvernement ? 

Eric Girot : Le groupe a eu une réaction en deux temps. Tout d’abord, nous avons très vite pris la décision de fermer nos sites avec l’objectif d’arrêter notre activité le 17 mars à midi, pour protéger nos salariés en les mettant en télétravail quand c’était possible ou au chômage partiel. Dans une démarche citoyenne, nous nous sommes ensuite penchés sur la mise en place d’un dispositif pour dépanner et réparer les véhicules de première nécessité, c’est-à-dire les transports médicaux mais aussi tous ceux qui sont aujourd’hui indispensables à la vie du pays. Il a fallu adapter notre hotline technique et former son équipe avec trois objectifs. Dans un premier temps, l’objectif a été d’identifier les ateliers capables de réparer ces véhicules. A l’heure où je vous parle, nous avons ainsi 350 garages VL et une centaine d’ateliers PL capables d’intervenir dans toute la France. Ils ne sont pas tous ouverts mais restent, au moins, en veille.

Laurent Attal : Ces ateliers ne sont pas tous des adhérents de nos réseaux. Nous comptons aussi quelques indépendants qui font partie de ce dispositif.

Eric Girot : La deuxième mission de cette hotline est d’assurer la livraison des pièces nécessaires aux interventions sur ces véhicules. Nous nous appuyons pour cela sur 350 distributeurs en capacité de dépanner les ateliers. C’est un service que ces points de vente assument avec un effectif souvent très réduit. En amont, nous assurons la supply chain puisque certaines plateformes logistiques peuvent, à la demande, envoyer des commandes chez ces distributeurs. Mais, encore une fois, ce dispositif n’est réservé qu’aux véhicules nécessaires au maintien du tissu économique du pays. Il n’est pas destiné aux automobilistes qui souhaiteraient faire entretenir leur voiture. Nous appelons ces derniers à rester confinés, conformément aux recommandations du gouvernement. Enfin, notre hotline a un dernier rôle à jouer pendant cette crise : accompagner les garagistes dans les mesures administratives à prendre. Nous réfléchissons aussi à la mise en place de prêts de nos voitures de courtoisie et véhicules de livraison pour les propriétaires de ces véhicules de première nécessité que nous n’aurions pas pu réparer.

 

Ce message a-t-il été bien perçu par vos adhérents ? Nous avons senti une certaine indécision chez certains professionnels ces derniers jours…

Eric Girot : La situation est confuse mais c’est aussi pour cette raison que nous avons mis en place cette hotline avec l’ambition de répondre aux demandes de nos distributeurs et des réparateurs. Je précise d’ailleurs que ses effectifs ont été triplés pendant la crise pour qu’elle soit en capacité de traiter tous les appels. Les commerces automobiles ont, certes, été autorisés à accueillir du public mais, mon sentiment est que chacun doit respecter les règles de confinement du gouvernement. Ils n’ont donc pas à traiter les véhicules ne présentant pas de caractère d’urgence. Le pays ne doit pas s’arrêter mais nous devons tous participer à la lutte contre la propagation de ce virus en limitant la circulation de chacun. C’est notre position.

Laurent Attal : A l’annonce de la fermeture de notre activité, il y a eu une forme d’incompréhension chez certains de nos adhérents. Mais elle était liée au contexte global puisque les premières mesures de confinement ont laissé de nombreuses questions en suspens. Très vite, nous avons échangé avec nos distributeurs et 70 % du réseau a alors suivi notre position. Certains sont restés ouverts les premiers jours du confinement avant de réaliser qu’il était préférable de suspendre leur activité. En particulier pour des raisons sanitaires : tous les moyens n’étaient pas toujours réunis pour assurer une parfaite sécurité des salariés. Je vous donne un exemple : comment assurer la réception d’un véhicule de courtoisie ? Comment le désinfecter ? C’est un vrai sujet qui demande de la préparation. Aujourd’hui, avec la mise en place de cette astreinte, l’ensemble de nos adhérents nous suivent désormais dans notre démarche.


Craignez-vous qu’une partie de vos distributeurs ou réparateurs mettent la clé sous la porte avec cette crise ?

Eric Girot : Je tiens à saluer toutes les démarches que le gouvernement met actuellement en place pour soutenir l’économie française. L’exécutif a pleinement conscience des difficultés que traversent les entreprises et de nombreuses initiatives ont été prises pour soulager les trésoreries. Ces dispositifs sont notamment à la disposition des PME et TPE, et il faut le faire savoir. D’où l’importance de cette hotline qui peut aider les petites entreprises qui peuvent se sentir perdues dans cette situation. Il faut les aider à prendre, avec leur comptable, les meilleures décisions pour passer cette crise sans trop de casse.

 

Avez-vous chiffré le manque à gagner pour la centrale ?

Eric Girot : Pour le moment, nous ne sommes pas vraiment dans les comptes. Aujourd’hui, nous veillons à nous assurer que nos 4 500 salariés soient en bonne santé. Nous communiquons tous les jours avec eux pour leur donner des nouvelles et maintenir un lien pour éviter qu’ils se sentent isolés. Les chiffres, nous nous pencherons dessus le moment venu.

 

Comment préparez-vous la sortie de crise ?

Eric Girot : Nous avons un groupe chargé de remettre en route le groupe et de réactiver toute la chaîne logistique, à la sortie de cette période de confinement. Nous avons la chance d’avoir des niveaux de stocks qui restent très bons puisque nous avions surstockés en amont de crise, prévoyant des ruptures d’approvisionnement chez certains fournisseurs. Mais nous n’avons finalement pas eu le temps de les entamer !

 

Pour préparer au mieux cet après Covid-19, Alliance Automotive France dispose depuis le début d’année d’une direction commerciale centralisée en France. L’intégration des enseignes au sein d’un réseau unique pourrait-il constituer une prochaine étape dans l’évolution du groupement ?

Eric Girot : C’est une question qui revient souvent mais j’estime que notre force reste la pluralité de nos enseignes. Alliance Automotive, c’est plus de 1 000 points de vente en France. Avec un seul panneau, nous aurions, dans certaines zones, quelques difficultés à fédérer des sites portant les mêmes couleurs. Notre volonté est, au contraire, de renforcer les expertises de nos enseignes pour essayer d’apporter, en fonction de leur typologie de distributeurs, le meilleur service aux clients réparateurs.

Laurent Attal : Pour les distributeurs, la configuration actuelle est identique à celle que nous avons connue il y a 15 ou 20 ans avec une multitude d’enseignes. Mais leurs attentes ont évolué et nous observons aujourd’hui des profils de distributeurs variés qui exercent parfois des métiers très différents. Certains ont leur propre plateforme logistique, d’autres ont fortement développé leur réseau de MRA, d’autres encore se sont spécialisés dans la technique, etc. Ces distributeurs ont des expertises spécifiques sur lesquelles nous voulons nous appuyer pour marquer les identités de nos enseignes. Les réseaux vont donc évoluer mais dans la continuité des savoir-faire de nos distributeurs, en rapprochant les adhérents partageant des compétences similaires.

 

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