Fabrice Godefroy (IDLP) : "Nous sommes aussi touchés par l'inflation"
C'est l'heure du premier bilan chez IDLP. Au terme d'une année 2022 marquée par les pénuries de certains produits et les hausses tarifaires, le distributeur francilien se dit satisfait par cet exercice au cours duquel il a enregistré une croissance à "deux chiffres" (en 2021, son chiffre d'affaires avait dépassé les 200 millions d'euros).
Toutes les sociétés du groupe sont en progression, ayant pleinement profité d'un contexte favorable selon Fabrice Godefroy, directeur général d'IDLP : "Nous profitons des difficultés du marché VN, au ralenti depuis 2019. Plus les immatriculations VN reculent, plus le parc automobile vieillit et plus il s'entretient. Ce qui a des répercussions positives sur le marché de la rechange indépendante, qui intervient plutôt sur les véhicules âgés de 7 ans et plus".
Autre élément qui a tiré les ventes du distributeur : l'allongement des délais d'approvisionnement et la dégradation des taux de service chez certains équipementiers. Fidèle à sa stratégie, IDLP a stocké encore plus largement et profondément (jusqu'à 6 mois de stock pour certaines familles de produits), ce qui lui a permis de dépanner de nombreux acteurs de la filière tout au long de l'année. "Nous enregistrons de fortes hausses chez les concessionnaires et les clients hors réseaux", constate Fabrice Godefroy.
L'inflation menace l'activité des ateliers
En dépit de ces résultats flatteurs, le dirigeant reste prudent, se disant préoccupé par les conséquences à moyen et long termes de l'inflation. L'an dernier, ce dernier a observé une augmentation moyenne de 12 % de ses prix sur ses principaux produits et fournisseurs, dont des croissances très fortes pour les gammes freinage et liquides / lubrifiants.
Pour 2023, Fabrice Godefroy redoute de nouvelles revalorisations tarifaires qui pourraient être plus importantes que l'an passé. "Les équipementiers ont subi l'inflation des matières premières et la flambée des coûts de l'énergie. Il y a une inertie dans ces augmentations, ce qui signifie que l'analyse des bilans devrait les inciter à réactualiser leurs grilles tarifaires en 2023…".
Si le directeur général d'IDLP reconnaît que ces augmentations tarifaires peuvent présenter de l'intérêt pour les plateformes avec d'importants stocks (dont la valeur augmente mécaniquement), il redoute qu'elles finissent par freiner l'activité des ateliers. "Les coûts d'entretien vont augmenter et ça risque de ne plus passer auprès d'automobilistes déjà confrontés à de fortes hausses : carburant, malus sur les VN, péages, etc. Ce sont les premiers touchés, ça va coincer à un moment".
Pour faire face à ces difficultés, le distributeur francilien entend actionner le levier des actions promotionnelles et ainsi aider les garages à rester attractifs. Le groupe a également adapté sa politique de sourcing : s'il privilégiait essentiellement jusqu'ici les marque premium, l'opérateur noue de plus en plus d'accords avec les fournisseurs de second rang. "Nous nous tournons plus facilement vers ces équipementiers avec des gammes équivalentes", confirme Fabrice Godefroy, qui constate aussi une croissance de la demande pour l'échange standard (turbocompresseurs, alternateurs-démarreurs, etc.).
Une nouvelle flambée des prix à la pompe ?
Au-delà des revalorisations tarifaires de ses fournisseurs, IDLP reste également très attentif aux hausses des prix de l'énergie. S'il se dit peu impacté par les augmentations du coût de l'électricité et du gaz, le distributeur se montre plus attentif au prix du carburant… "Notre service de livraison a coûté plus cher en 2022 et a impacté nos marges. Le quatre fois par jour dans certains secteurs devient vraiment difficile…", souligne Fabrice Godefroy.
L'an dernier, lorsque le prix du litre gasoil a dépassé les 2 euros, ce dernier s'est interrogé sur la nécessité de maintenir la totalité de ses tournées quotidiennes, envisageant alors de réduire la voilure. "Les ristournes du gouvernement sont tombées au bon moment et nous avons maintenu nos livraisons. Mais avec la fin de ce dispositif, nous pourrions remettre ce sujet sur la table."
Et peut-être plus vite que prévu : l'aide exceptionnelle accordée par le gouvernement pour l'achat de carburants, mise en place en avril 2022, est officiellement terminée depuis le 1er janvier 2023. Idem pour la ristourne supplémentaire de 10 centimes instaurée dans les stations TotalEnergies. Conséquence, les prix à la pompe s’envolent à nouveau et dépassent déjà dans certaines stations la barre symbolique des 2 € le litre...